Voile intégral : le Premier ministre canadien fait appel de la décision de la cour

Alors que la question voile intégral continue de faire débat au Canada, à quelques semaines des élections, une jeune femme compte bien prêter serment en Niqab. Le Premier ministre Stephen Harper a voulu le lui interdire. Trop tard ?

Alors que la campagne électorale canadienne semble se cristalliser autour de la question du voile et que Stephen Harper, Premier ministre actuel, avait déjà agité il y a quelques jours ce point lors d’un débat avec ses adversaires, suscitant des réactions contrastées, une jeune femme de 29 ans compte bien prêter serment pour obtenir la citoyenneté canadienne en portant le Niqab. La cour fédérale du Canada avait pourtant déjà autorisé le port du voile intégral lors des cérémonies de citoyenneté et décidé que Zunera Ishaq, cette enseignante âgée de 29 ans, originaire du Pakistan et mère de quatre enfants pourrait garder son niqab lorsqu’elle participerait à la cérémonie. Mais Stephen Harper ne l’entend pas de cette oreille : S’appuyant sur des arguments conservateurs où se mêlent sécurité et droit des femmes, il a fait appel de la décision et celle-ci a été annulée.Sauf que la jeune femme s’est avérée être une dure à cuire. Dans une interview à The Independent, elle a expliqué avoir fait le choix de porter le voile intégral bien avant d’avoir rencontré son mari et même d’avoir songé immigrer au Canada, elle qui est pourtant issue d’une famille libérale de Lahore, la capitale Pakistanaise.

Ainsi, elle explique que, durant toute sa jeunesse, elle a du «lutter pour son droit à porter le Niqab», n’en déplaise à son père libéral et professeur de psychologie à Lahore qui a fini par accepter son choix. Il en va de même pour son mari, qui n’a jamais exigé, contrairement à ce qu’affirment selon elle les journalistes «pour envenimer» l’affaire, qu’elle se voile entièrement. «Mes soeur ont fait le même choix, nous nous sentons mieux comme ça, voilà tout. C’est notre choix et notre liberté» explique-t-elle.

Jason Kenney, qui était ministre de l’Immigration lorsque le cabinet de Stephen Harper a décrété l’interdiction du Niqab, a expliqué à The Independent que «lors de ce moment solennel qu’est l’accession à la citoyenneté, la personne qui prête serment doit publiquement, ouvertement et fièrement prouver sa loyauté envers le pays, à visage découvert».Pourtant, les journalistes qui soutienent la jeune femme clâment qu’à partir du moment où son identité ne fait aucun doute, la décision de l’apparence que doit avoir son visage à ce moment là, n’appartient à personne d’autre qu’à elle. Ainsi, la priver de sa liberté de se couvrir d’un Niqab serait aller à l’encontre des valeurs du pays pour lequel elle prête serment.

En savoir plus : Le Canada autorise le voile aux cérémonies de citoyenneté

L’écrivain et journaliste canadienne Marsha Lederman a, quant à elle, suggeré non sans ironie au Globe and Mail de Toronto, qu’il n’y avait en réalité «pas de meilleur endroit que la cérémonie de citoyenneté pour porter le Niqab», étant donné que le jeune femme aurait alors à prêter serment à un pays dont la constitution garantit la liberté religieuse pour chacun. De fait, pour Zunera Ishaq, avoir le droit de porter le Niqab est «son combat de femme à elle». Elle en profite d’ailleurs pour se référer à Hamlet de Shakespear, dans lequel le personnage d’Ophelie «est traîtée avec mépris et cruauté».

Il n’empêche que, dans un sondage récent, 82% des Canadiens ont déclaré s’opposer au port du niqab pendant les cérémonies de citoyenneté. Un chiffre qui grimpe à 90% dans la province du Québec. La question n’a donc pas finid e déchaîner les passions.

 

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