Tunisie : Quand vient la fin de l’été .. Par Samar Miled

Septembre arrive avec ses feuilles mortes et ses méduses qui chassent les baigneurs et les rappellent à l’ordre : finies les après-midi paresseuses, qui vacillent aux sons des vagues et frémissent au toucher du soleil… Finies les séances uniques : idylles tunisiennes, trop rapides, comme toutes les belles choses, trop sucrées : goût pastèque, trop parfumées : huiles précieuses, monoï et coco.

Finies les longues soirées d’été, qui dansent aux rythmes fous de notre indémodable Aoueda … et Despacito ! Finis nos belles soirées d’été et nos rires qui traversent les quartiers, et nos écrans qui font nuit blanche, et le chant du coq dans nos vielles cités, et nos aubes transparentes qui accueillent le jour comme on embrasse une nouvelle vie.

L’été en Tunisie : les corniches et nos balades : en famille ou entre amis, et les enfants qui courent et te marchent sur les pieds, et leurs cris importuns, impolis. Et les popcorns à un dinar le paquet – mini, riquiqui – qui se ramassent à la pelle au petit jour et que tu piétines en te rendant à la plage le matin, quand tu es un grand rêveur et que tu préfères la sieste à la grasse matinée méditerranéenne. L’été en Tunisie, et la plage le matin, et le sable tendre et frais : on y glisse ses orteils comme on glisse sa main dans un sac de blé… Tu traverses la plage et il fait bon : la belle petite brise avant la canicule, sur ton visage une petite mèche qui se balance au rythme du vent, et un soleil adorable : ça chatouille, ça réveille, et l’eau fraîche aussi – dure comme les choses de la vie-, qui t’attaque dès que tu t’y aventures, implacable, froide et mordante. Tu t’en grises, tu grimaces, tu plonges et vous ne faites plus qu’un. Douceur exquise ! Un quart d’heure de paix qui te fait oublier nos guerres… et l’hiver qui te guette : la circulation, la boue, les inondations et les langueurs monotones des interminables journées de travail…

L’été en Tunisie, douceur exquise, bonheur éphémère qui passe comme une étoile filante. Septembre est là, et ça sent les livres scolaires qu’on étiquette un soir d’automne, chaud comme l’été, mais triste comme une rupture. Ça sent la rentrée, et le ventre est noué comme après un Au Revoir. Septembre est là, avec ses ciseaux à dix balles, ses gros cahiers multicolores qu’on achète à ses enfants, et dont la spirale se détord comme nos tresses vers le midi… La rentrée scolaire est là et ça me fait penser aux parents qui s’arrachent les cheveux et aux mômes qui accueillent les prémisses de leurs scolioses dorsales : vous savez, avec leurs super-cartables, souvent trop lourds pour leurs dos ? Trop insupportables comme l’école ?

L’été est fini… beaucoup trop tôt, et l’hiver s’annonce lent et ténébreux, en particulier pour notre nouveau ministre. L’Elu est enfin arrivé… M.Hatem Ben Salem reprend la tête du ministère de l’Education Nationale ; et tous les yeux seront rivés sur lui, et tous

les claviers : les parents insatisfaits l’attendent au tournant, la colère du syndicat, alias « Grand Méchant Loup » sera au rendez-vous, et tous, je vous dis, tous seront à ses trousses au moindre faux pas.

Elle s’annonce trépidante, cette nouvelle année ! Alors, prudence, Monsieur le Ministre ! Ce n’est pas toujours une histoire de faux pas, il faut toujours savoir marcher bien droit.

Sur ce, je vous souhaite à tous une belle année scolaire, une meilleure année du moins, avec l’espoir d’y célébrer des réformes, d’y fêter plus de réussites, et de la quitter avec l’envie d’accueillir celle qui lui succèdera avec moins d’amertume.

Je vous souhaite à tous, une année scolaire belle comme l’été.

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