Qui a dit « on ne joue pas avec la nourriture » ? Certainement pas la Tomatina .. Par Émilie Laystary

Pour ses propriétés cathartiques et son indéniable potentiel de déconne, exigeons qu’une Tomatina soit organisée dans chaque ville de France. Et qu’elle soit remboursée par la sécu. Bon, en fait non – parce c’est quand même du gaspillage alimentaire.

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On a signalé un incroyable nombre de jets de tomates, mercredi 31 août à Buñol.
Que s’est-il passé dans ce petit village près de Valence, en Espagne ? Un concert de Léa Seydoux qui se serait mise à la musique sur les conseils de Mélanie Laurent ? Un sketch de Jean-Marie Bigard qui se cale des chorizos dans chaque narine ? Même pas –bien que ces scènes de désœuvrement du monde de la création contemporaine auraient tout à fait été de nature à légitimement déclencher l’ire du peuple.
En fait, c’est la « Tomatina », une des plus grandes batailles de nourriture au monde, qui a déversé dans les rues de la commune espagnole environ 160 tonnes de tomates, pour le plus grand bonheur de 20 000 participants.

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Oui, 20 000 adultes le visage défiguré par le bonheur de patauger all’arrabiata. Avec dans la foule, probablement des gens aussi fiables que vous et moi, certains travaillant dans le secteur financier, d’autres comme intermittents du spectacle, mais tous essayant globalement de mettre les bouteilles en plastique dans la poubelle jaune, céder son strapontin aux dames nées avant 1950 ou encore ne pas aller au KFC plus d’une fois par semaine.
À ce stade de la lecture, le jeune adulte sain d’esprit que vous êtes est supposé se demander : « Mais d’où vient cette célébration, absurde, grotesque et favorisant le gâchis alimentaire ? » Apparemment, ce festival complètement débile est inspiré d’une grosse baston qui a eu lieu en 1945, et qui s’était terminée par un certain nombre de lancers de fruits et de légumes. Dont des tomates. Rouges et qui tachent.
Depuis, des personnes matures œuvrant pour le bien de la société ont pris soin d’organiser chaque année une bataille de tomates – à part pendant quelques années vers 1950 quand d’autres personnes ont décidé d’être matures pour de vrai en disant « bon les gars, maintenant ça suffit les conneries, on a mieux à faire ».
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Heureusement, une faction de radicaux de la tomate ont manifesté en 1957, notamment en organisant des funérailles à une tomate. Tout est bien qui finit bien : la « Tomatina » existe à nouveau, et c’est même grâce à cet évènement complètement con que la ville de Buñol existe vaguement dans la tête de certains.

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