Si cela ressemble à un coup d’État, que ça fonctionne comme un coup d’État et si on agit comme un coup d’État, alors c’est un coup d’État, ou du moins c’est ce que l’on dit.
Les observateurs de coups d’État en Afrique connaissent la chanson. Les rumeurs, le silence inquiétant suivi de la diffusion d’une vidéo à la télévision nationale et ce, par des hommes en uniforme militaire confirmant leur prise de pouvoir, puis l’effroi ou la l’euphorie dans les rues.
Il y a aussi la réaction de la communauté internationale, qui condamne généralement la situation et exige le rétablissement du processus démocratique.
C’est ce qui s’est passé au Niger depuis que les militaires ont déposé et détenu le président Mohamed Bazoum le 26 juillet. La CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne et la France ont toutes réagi en condamnant et en prenant diverses mesures punitives.
Les États-Unis se sont également joints à la condamnation, mais n’ont pas utilisé le terme « coup d’État ».
Il s’agit plutôt d’une « tentative de prise de pouvoir » et d’un « effort pour s’emparer par la force du pouvoir » du président démocratiquement élu, M. Bazoum, et il n’y a aucune tolérance pour les changements anticonstitutionnels.
« Le président Bazoum est toujours président », a déclaré Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d’État américain. « Il n’a pas démissionné. »
La position des États-Unis semble avoir eu peu d’effet sur le régime militaire, dirigé par le général Abdourahmane Tchiani, qui a annoncé la mise en place d’un gouvernement de transition, autre caractéristique d’un coup d’État militaire.
Mais le choix délibéré des mots a des implications énormes.
Si Bazoum devait démissionner et remettre officiellement le pouvoir aux putschistes, Washington se retrouverait en partenariat avec un régime militaire au Niger.
Cela irait à l’encontre de l’article 7008 du Consolidated Appropriations Act des États-Unis, qui interdit toute assistance financière « au gouvernement d’un pays dont le chef de gouvernement dûment élu est déposé par un coup d’État ou un décret militaire ou soutenu par l’armée ».