Pour l’ex-boss de la DIA, les Etats-Unis ont été «trop stupides» pour stopper Daesh

Michael Flynn, ancien chef des renseignements de la défense américaine, considère que la réponse à la menace terroriste a trop été guidée par l’émotion.

«Quand les attentats du 11 septembre ont eu lieu, l’émotion a pris le pas, notre réponse a été : D’où viennent ces bâtards ? Allons les tuer. Allons les chopper.» A 56 ans et plus de trente ans passées dans l’armée, voici l’analyse que fait Mike Flynn. Plutôt l’analyse qui aurait été faite dans les arcanes du renseignement américain après les pires attentats de leur histoire. Celui qui a occupé le plus haut rang au sein des services secrets de l’armée est aujourd’hui très critique envers la stratégie employée par son propre pays dans la lutte contre le terrorisme.

L’Amérique a été trop bête pour comprendre la menace que représentait celui qui est aujourd’hui le leader de l’Etat islamique. Voici en substance ce que raconte Mike Flynn. Abou Bakr al-Baghdadi, le calife auto-proclamé de l’Etat islamique, est passé par une prison irakienne il y a dix ans. Et selon lui, les USA auraient dû comprendre le danger qu’il représentait.

Un prisonnier de «bas niveau»

Dans une interview à l’influent hebdomadaire allemand Der Spiegel, Michael Flynn critique la manière dont a été géré le cas d’Abu Bakr al-Baghdadi. Selon lui, il a été traité comme un «prisonnier de seconde zone». Et surtout, «relâché en 2004».

«Au lieu de leur demander pourquoi ils nous attaquaient, on a voulu savoir d’où ils venaient. Nous nous sommes totalement trompés» explique l’ancien directeur de la DIA.

«Nous sommes allés en Afghanistan, le cœur du pouvoir d’Al-Qaïda. Ensuite, nous sommes allés en Irak. Au lieu de nous demander d’où ce phénomène de terreur provenait réellement, nous cherchions des bases. C’est une leçon que nous devons retenir. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs» a-t-il analysé.

Les attentats de Paris

L’ancien haut gradé de l’armée US livre ses commentaires quant à l’attaque dont a été victime la capitale française : «Dans les écrits que nous avons retrouvés provenant d’Oussama Ben Laden, il est inscrit qu’il souhaitait élaborer une stratégie de dispersion. Que ses soldats deviennent plus diffus en somme. Opérer en petits groupes, plus difficiles à repérer. A Paris, ils étaient huit. Au Mali, une dizaine. La prochaine fois, peut-être que deux types suffiront.»

Pour Michael Flynn, la politique américaine de suppression systématique des leaders terroristes est une erreur : «On a l’habitude de dire que continuer à tuer les chefs revient à laisser le prochain prendre la place en espérant qu’il ne soit pas aussi bon. Mais cela ne fonctionne pas. Abu Bakr al-Baghdadi est meilleur que Zarqawi. Et Zarqawi, en fait, était meilleur que Ben Laden.»

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