Ou est l’école d’été monsieur le ministre ? .. Par Samar Miled

Agrégée de l’ ENS de Tunis

Qu’est-il arrivé à « l’école d’été », promise par notre ministre de l’Education Nationale en avril 2016 ?

Tout le monde a entendu parler de la mise en œuvre d’un projet portant sur l’ouverture des établissements scolaires pendant été, afin d’y programmer des activités culturelles et artistiques pour les élèves.

Monsieur Neji Jalloul était même prêt à signer un accord avec le collectif des artistes indépendants, pour que les ateliers soient animés par des professionnels et pour que la mission se réalise dans les meilleures conditions.

Tout le monde a entendu parler de ces ateliers, notamment après que notre ministre a annoncé sa future collaboration avec le ministre des Affaires Religieuses, dans le cadre de la création de tournois de récitation du Coran dans les écoles ; un projet qui a été source de polémique, et qui a fait fureur à la télé, à la radio, et sur les réseaux sociaux.

Loin de nous l’envie de rouvrir le débat ; ce qui nous importe réellement aujourd’hui, le premier mois d’été passé, les premiers espoirs d’une initiation à la fois instructive et récréative, enfouis, ce sont ces promesses oubliées d’un lendemain meilleur pour nos enfants.

Aujourd’hui, plusieurs mois après ses déclarations et après l’annonce de son projet-fantôme, M. Neji Jalloul remet sur la table la question de la baisse du niveau des élèves et son inquiétude vis-à-vis de cette réalité alarmante. Il est conscient de la précarité de la situation et pourtant aucune mesure urgente n’a encore été prise.

L’école d’été n’est pas une potion magique, un remède rapide et immédiat contre l’abrutissement et la paresse, mais elle aurait été salvatrice pour ceux qui, faute de moyens et d’encadrement familial, n’ont jamais eu le plaisir de créer une pièce de théâtre, ou d’en voir une au théâtre, parce que là où ils vivent, une maison de culture est un luxe inaccessible, et une salle de cinéma, un monument hollywoodien qui fait ouvrir grand les yeux.

A l’instar des Scouts Tunisiens, dont l’activité continue, mais dont on entend parler de moins en moins, l’école d’été aurait appris aux enfants, l’esprit d’équipe, et l’union pour le succès, l’union pour la paix également, l’union pour la patrie dans un pays, dans un monde, où les prédicateurs pseudo-musulmans, s’épanouissent librement à côté de nos enfants, et les guettent pour leur donner un encadrement, et un remède anti-désœuvrement estival, que nos institutions scolaires et éducatives sont incapables d’offrir, l’effort gratuit venant de l’éducateur, du directeur d’école ou de l’artiste, n’étant plus garanti.

Où est l’Ecole d’été, Monsieur le Ministre ? Que des paroles ! L’idée intelligente cesse de l’être quand elle ne se transforme pas en action ; et cette passivité décevante et ces engagements non respectés de la part du ministère de l’Education Nationale, nuisent terriblement à nos enfants, qui à 16 ans, dans les grandes villes comme dans les campagnes, n’ont jamais entendu parler de Jacques Brel ou de Nizar Kabbani, et ne connaissent Abou El Kacem Chebbi que de nom.

Cela-dit, rassurez-vous, bientôt Kafon fera son apparition dans une ou deux écoles de la République, et il apprendra aux élèves comment exprimer leur mal-être en chanson, et « tout [ira] pour le mieux dans le meilleur des mondes ».

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