Nouvelles manifestations des sans-emploi en Tunisie, le premier coupe court sa visite à Davos

Lamine Ghanmi

La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui voulaient s’en prendre à des bâtiments publics dans plusieurs villes du pays jeudi au troisième jour de protestations pour dénoncer le chômage et des promesses de développement non encore réalisées dans les régions de l’intérieur..

Plusieurs milliers de jeunes Tunisiens ont manifesté devant les bureaux de la préfecture à Kasserine, ville défavorisée du centre du pays où le mouvement de protestation a débuté après le suicide d’un jeune homme qui se serait vu refuser un emploi dans la fonction publique.

Le Premier ministre Habib Essid a été forcé de reduire sa visite du Forum de Davos en Suisse pour présider un Conseil de ministres samedi pour tenter de calmer les colères d’une partie de la jeunesse désabusée cinq années aprés une révolution baptisée celle de l’emploi et la justice sociale et régionale.

Les forces de l’ordre sont également intervenues dans les villes de Jamdouba, Beja et Skira, ainsi qu’à Sidi Bouzid où les protestataires scandaient « du travail ou une autre révolution », selon des témoins et les médias locaux.

Le gouvernement d’Essid a annoncé mercredi qu’il allait embaucher plus de 6.000 jeunes actuellement au chômage à Kasserine et lancer des projets de construction. Jeudi, des centaines de personnes se sont présentées pour trouver du travail dans cette localité où la tension reste forte.

« Je suis sans travail depuis 13 ans et je suis un technicien qualifié. On ne demande pas la charité mais seulement un droit au travail », a dit par téléphone Mohamed Mdini, un des manifestants de Kasserine alors que la foule chantait « Travail, liberté, dignité ».

Un policier a été tué mercredi après avoir été attaqué par des manifestants réclamant du travail à Feriana située au sud de Kasserine, dans le centre-ouest du pays, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

La « révolution de jasmin », qui a donné le coup d’envoi du printemps arabe, était partie des émeutes ayant suivi la mort, le 4 janvier 2011, de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid.

Le taux de chômage en Tunisie a atteint 15,3% de la population active à la fin 2015, contre 12% en 2010. Trois attentats islamistes qui ont frappé le pays l’an dernier ont ruiné le tourisme et paralysé une économie qui a achevé 2015 avec un taux de croissance autour de zero pour cent — la performance la plus faible depuis plus de quatre décades.

Si les manifestations qui ont forcé le départ de l’ancien president Zine al Abidine Ben Ali en Jnavier 2011 avaient nourri l’espoir d’une bonne partie de la population de plus justice sociale et d’un ajustement du développement vers les régions défavorisées du nord-ouest, centre et sud, ceux de janvier cinq années soulèvent les craintes du pourrissement de la situation sociale et économique au milieu de divisions de l’élite politique et l’intrusion des Jihadistes pour fragiliser plus la stabilité du pays encore fragile.

Les autorités ont annoncé jeudi que l’armée a repoussé une tentative de descente de jihadistes de leur base dans les monts de Chaambi sur les hauteurs de Kasserine.

 

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