Nidaa Tounes ou la confusion à tous les niveaux !

Le feuilleton des démissions de Nidaa Tounes n’en finit pas. Depuis des mois, et plus précisément, le mois de novembre les démissions se succèdent, qui du parti, qui du bloc parlementaire. Ces derniers jours les membres du parti démissionnent du nouveau comité politique issu du Congrès de Sousse. La fuite en avant se poursuit et le parti continue à se désintégrer à vue d’œil, dans cette Tunisie politiquement et socialement fragilisée.

 

 

La confusion au sein du parti au pouvoir est telle que les Tunisiens n’arrivent pas à suivre et à démêler ce qui semble être une situation inextricable. Pour ajouter une couche à cette confusion, la nouvelle instance politique de Nidaa qui a été mise en place à l’issue du congrès de Sousse et validée vendredi dernier, n’a pas fait l’unanimité. Une vague de nouveaux désistements touche Nidaa. Pour l’anecdote, on cherche sur les réseaux sociaux et google les CV des nouveaux responsables du parti, dont certains ne sont que d’illustres inconnus ou ne disposant pas des compétences requises. Compétences tant mises en avant par Nidaa lors de la campagne électorale et qui pouvaient former pas moins de quatre gouvernements, selon les dires de ses cadres…

 

Le point chaud à Nidaa cette semaine, les démissions en cascade des membres du nouveau comité politique. La cause : certains de ces membres n’ont même pas été informés de leur nomination. Réuni donc vendredi 22 janvier, le comité politique a validé les résultats du Congrès de Sousse et désigné de nouveaux responsables à la tête ses unités. Une situation qui a entrainé les démissions, soit du comité politique soit du parti.

Hassouna Nasfi, nommé à l’unité de la communication et de l’information, n’était pas au courant ! Pour exprimer sa désapprobation, il a déposé hier sa démission du bloc parlementaire et de son poste d’assesseur du président de l’Assemblée des représentants du peuple. M. Nasfi explique qu’il n’est en aucun cas concerné par la nouvelle composition, rappelant qu’il a déjà démissionné du parti début janvier. Il se retrouve finalement parachuté à la direction de ce même parti sans aucune raison logique selon lui!

 

Dans la même situation, Zohra Driss a exprimé son étonnement de voir son nom figurer parmi les membres du nouveau comité politique du parti, alors qu’elle a présenté, le 13 janvier, sa démission du comité politique et a gelé son adhésion du bloc parlementaire…

De son côté, Faouzi Elloumi, a fermement dénoncé, dans un post sur sa page Facebook, la présence de son nom, sans l’avoir consulté, sur la liste des membres du comité politique qu’il a qualifiée de « ridicule ». Il a estimé que le comité politique, issu d’un « congrès putschiste, est dépourvu de toute légitimité morale et politique ».

 

Du groupe 32 dissident, 22 députés ont déjà démissionné et formé un nouveau bloc parlementaire « Al Horra ». Six nouvelles démissions ont été annoncées et d’autres semblent être en cours de route, amenant, pour l’heure, à 28 le nombre de députés démissionnaires du bloc Nidaa.

« Il est possible que d’autres députés rejoignent les six démissionnaires du groupe parlementaire de Nidaa Tounes », a déclaré mardi Bochra Belhaj Hmida, « Pour les six nouveaux démissionnaires, tous les scénarios sont envisageables », a-t-elle indiqué. Il faudra rappeler que Mme Belhaj Hmida, Leila Hamrouni, Sabrine Goubantini, Hassouna Nasfi, Mohamed Troudi et Olfa Soukri ont quitté lundi le bloc de Nidaa.

 

Pour Mohamed Troudi les six démissionnaires « n’ont pas confiance en la direction actuelle du parti, qui n’a plus d’influence sur le paysage politique national ». Il a regretté le fait que le groupe de Sousse ait choisi la fuite en avant et « fait preuve d’opportunisme ». M. Troudi a par ailleurs affirmé que les démissionnaires qui, pour l’instant, restent indépendants, seront plus proches du bloc Al Horra, écartant de ce fait la création d’un nouveau bloc.

Au cours de la journée de mardi 26 janvier, la député Souad Zaouali a, à son tour, fait part de sa démission du comité politique de Nidaa, imputant cette décision aux difficultés que traverse le parti et au flou qui y règne. Pour l’heure, elle affirme qu’elle n’a pas l’intention de quitter, pour autant, le parti ni le groupe parlementaire, indiquant qu’elle a choisi de prendre de la distance vis-à-vis du comité, afin de se préparer au congrès de Nidaa prévu en juillet 2016.

 

Ainsi, la composition actuelle du comité et les mesures prises en son sein n’inspirent pas confiance, loin de là. Suite aux multiples démissions du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, le bloc du parti Ennahdha est devenu officiellement majoritaire. Lors d’une séance plénière tenue ce mardi, la présidence de l’ARP que le bloc Nidaa compte désormais 64 élus au lieu des 89, et ce après la démission des 22. Vu que 6 autres viennent d’annoncer leur démission le nombre se verra encore diminué.

 

Le pari islamiste Ennahdha se positionne à la première place avec 69 élus. Un changement conséquent du paysage parlementaire, émanant des élections législatives de 2014. Que reste-il finalement de Nidaa Tounes, alors qu’il s’est déjà scindé en deux, avec la scission du clan Marzouk. Rien ou presque, au vu des nouvelles vagues de démission, vidant le parti de ces militants et des cadres qui ont contribué à son succès lors des dernières élections. Les prochaines échéances, en l’occurrence, municipales, nous le dira.

 

Ikhlas Latif

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