Moi, jeune chômeur/chômeuse diplômé(e) tunisien(ne), comment puis-je m’en sortir?

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Plus de cinq ans après la révolution de 2010-2011 dite « révolution du jasmin », le chômage des diplômés demeure un véritable fléau. L’Institut national de la statistique recense, pour le deuxième semestre de 2016, 236.800 chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur soit un pourcentage de 30,5% par rapport à l’ensemble de la population active sans-emploi. Par ailleurs, lors de son entretien du 29 septembre 2016, le chef du gouvernement Youssef Chahed a souligné que parmi les jeunes diplômés chômeurs, 101.000 le sont depuis deux ans.

Relater et analyser ces chiffres est nécessaire; la résolution des problématiques socio-économiques implique indiscutablement leur identification et l’appréciation de leur ampleur. Mais, rappeler ces chiffres incessamment sans communiquer suffisamment sur les diverses stratégies publiques et privées mises en œuvre pour soutenir l’employabilité et l’emploi de la jeunesse tunisienne est dangereux. Ceci envoie injustement plusieurs messages négatifs à cette population.

On leur donne le sentiment que:

  • Ils sont un fardeau pour leur pays quand ils sont en réalité son capital par excellence.
  • Leur emploi n’est pas la priorité de la nouvelle Tunisie bien qu’ils aient été à l’origine de sa transformation.
  • Faire des études ne garantit pas de trouver un emploi…

Cette frustration conduit nos jeunes chômeurs diplômés au mieux à rêver d’exil (destinations les plus prisées: Union européenne, États unis d’Amérique, Canada) et au pire à rejoindre les rangs d’extrémistes religieux. Il convient donc de s’arrêter un petit moment pour montrer à nos jeunes que leur patrie les entend et qu’elle travaille d’arrache pied à leur assurer non seulement un meilleur avenir mais aussi et surtout un meilleur présent.

Mettons nous dans la peau d’un(e) jeune chômeur/chômeuse diplômé(e), dénichons certains des dispositifs (publics et privés, nationaux et internationaux) visant à nous insérer sur le marché du travail et voyons comment nous pourrions concrètement en bénéficier.

Pour m’informer ou m’orienter

Si j’ignore ou si je suis indécis(e) quant à la manière dont je voudrais/pourrais employer mes compétences, je peux solliciter:

CORP (Centre d’Orientation et de Reconversion Professionnelle) : cette plateforme m’aide à trouver ma voie professionnelle et à me positionner sur le marché du travail via différents outils: orientation (entretien avec un conseiller), reconversion, formation, lien avec des employeurs potentiels.

Wajjahni : ce portail Web de qualité récapitule pour moi les opportunités phares du moment, me tient informé des formations professionnalisantes dont je peux bénéficier, me présente des expériences réussies de jeunes auxquels je peux m’identifier et me conseille sur la façon dont je dois préparer mes entretiens.

Pour m’ouvrir à l’auto-emploi

La persistance des hauts taux de chômage chez les jeunes diplômés montre que l’État est dans l’incapacité d’absorber, à lui seul, l’ensemble des demandes d’emploi. Face à ce constat, au lieu de m’auto-victimiser et me morfondre, je peux choisir de m’ouvrir au monde de l’entrepreneuriat et devenir mon propre employeur. Est-ce si facile à entreprendre? Comment gérer un tel projet? Quels sont mes droits?… Pour me renseigner je peux m’adresser à:

Injaz Tunisie : cette association encourage les initiatives entrepreneuriales. Elle propose notamment un programme pédagogique appelé Compagny Program. En participant à ce dernier, je simule en présence d’un coach le lancement de mon projet entrepreneurial, ce qui me permet de me familiariser de façon pratique avec les différentes étapes et démarches requises.

Mercy Corps : cette ONG intervient dans les gouvernorats de Gafsa, Kasserine, Tataouine et Médenine. Elle peut m’offrir un service d’éducation financière utile au lancement de mon projet. Elle m’explique aussi via sa chaîne Youtube, de façon claire et concise, comment transformer une simple idée en un projet, les différents moyens de financer ce dernier, comment gérer mon budget, etc.

Contrat de la dignité : en évoquant le projet de la loi sur les finances 2017, le chef du gouvernement Youssef Chahed a annoncé une mesure phare qui peut m’être très utile: des équipes spécialisées auront pour mission de sillonner la république afin de présenter aux jeunes les projets entrepreneuriaux porteurs ainsi que les financements et les services d’accompagnement prévus à cet effet.

Pour lancer mon projet

Si j’ai déjà une idée de projet mais que j’ai du mal à me lancer, je peux me faire aider par:

RNPE (Réseau National de Pépinières d’Entreprises) : ce réseau est composé de 27 pépinières établies aux quatre coins de la République. En m’adressant à la pépinière la plus proche de mon domicile, je peux bénéficier d’un encadrement complet autour de la création de mon entreprise. Celui-ci inclut l’étude approfondie de mon idée, la réalisation du plan d’affaire, la recherche de financements, la maîtrise de la constitution juridique de l’entreprise ainsi que des commodités matérielles et logistiques.

Les incubateurs : ces structures offrent des services similaires à ceux du RNPE: accompagnement intellectuel (stratégie marketing, financements, statut juridique, communication, etc.) et matériel (hébergement pour mon entreprise, salle de réunion, connexion internet, etc.). Elles s’en distinguent cependant par le fait de ne pas dépendre de l’État. Par ailleurs, il faut préciser que ces incubateurs non étatiques sont généralement tournés vers l’innovation technologique et l’entrepreneuriat social. Nous pouvons citer: ESPRIT-incubator, IMPACT et Tunisian Center for Social Entrepreneurship.

Les concours: si je souhaite décrocher un financement pour mon entreprise, je peux participer à des concours. Il existe en effet en Tunisie différentes compétitions ouvertes aux porteurs d’idées. L’objectif est de soutenir les lauréats dans leurs démarches, les aider à financer leurs entreprises (via des dons ou des prêts sans intérêt ni garantie) et leur fournir un suivi après le démarrage. Parmi ces concours on peut évoquer Machrou3i, Souk attanmia et la sélection organisée par Réseau-Entreprendre-Tunisie.

Ceci ne constitue naturellement pas une liste exhaustive des différents programmes existant. Il s’agit plutôt d’une série de pistes porteuses d’idées et d’espoir pour les jeunes diplômés motivés. Des solutions existent, il suffit de persévérer.

Brève présentation des différents programmes et organismes évoqués:

CORP: projet exécuté par la Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (AHK Tunisie)

Injaz Tunisie: membre du réseau régional Injaz El Arab, et du réseau mondial Junior Achievement Worldwide.

Mercy Corps: organisation non gouvernementale internationale fondée en 1979 et implantée dans 46 pays. Elle vient en aide aux régions qui font face à des catastrophes naturelles, des situations de crise ou de conflits. Elle s’est installée en Tunisie en 2011.

Esprit-incubator: projet mis en place par l’opérateur téléphonique Orange Tunisie, l’université privée Esprit, et l’ONG Internationale Mercy Corps Tunisie.

IMPACT: projet né d’un partenariat entre Développement Sans Frontières Tunisie et le Comptoir de l’Innovation.

Tunisian Center for Social Entrepreneurship : organisation à but non lucratif fondée en 2011 par trois jeunes diplômés tunisiens : Sarah Toumi, Hatem Mahbouli et Asma Mansour.

Machrou3i: programme né d’un partenariat entre le gouvernement Tunisien (MIEM – APII, MDCI, MFPE, MESRS), l’USAID, la Coopération Italienne et Hewlett Packard (HP). Il a par ailleurs été mis en œuvre par l’ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) au niveau des régions suivantes: le Kef, Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid.

Souk attanmia: initiative mise en place par la BAD (Banque africaine de développement), en collaboration avec 19 partenaires représentant la communauté des bailleurs de fonds, le secteur public et privé et la société civile tunisienne.

Réseau-Entreprendre-Tunisie: association née en 1986 à Roubaix (France) d’une volonté de rassembler des chefs d’entreprises bénévoles souhaitant soutenir les nouveaux entrepreneurs. Elle s’est développée à l’échelle internationale en 2009.

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