Libye: bras de fer entre Russie et Turquie …Par Houda Ibrahim

La Russie et la Turquie, qui jouent un rôle de premier plan pour un cessez-le-feu en Libye, ne semblent pas s’entendre sur les modalités d’une trêve durable. Dimanche 14 juin, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue de la Défense, Sergueï Choïgou, étaient attendus à Istanbul ;  mais cette visite a été annulée à la dernière minute. Aucune raison n’a été donnée mais, selon les médias turcs, il est fait état de désaccords entre les deux pays, qui soutiennent des camps opposés en Libye.

Des membres de l'Armée nationale libyenne en 2019. Ankara veut le retrait des forces dirigées par Khalifa Haftar jusqu’à Benghazi.

« Nos différends ne concernent pas les fondamentaux », affirme le ministère turc des Affaires étrangères après l’annulation de la visite prévue à Ankara de deux ministres russes : Sergueï Lavrov, des Affaires étrangères, et Sergueï Choïgou, de la Défense. La Russie et la Turquie appuient deux camps opposés en Libye et Ankara considère qu’elle a réalisé plus d’avancées sur le terrain que Moscou, ce qui lui donne le droit d’imposer ses conditions sur l’accord de partition qui conduira à un cessez-le-feu en Libye.

Refus de la proposition russe

Ankara refuse donc la proposition russe et demande un retour à la situation d’avant 2015, c’est-à-dire le retrait de l’Armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar jusqu’à Benghazi, ce que Moscou refuse totalement. Le Kremlin souhaite imposer un tracé pour un cessez-le-feu respectant ses lignes rouges : Syrte, Al Joufra et le croissant pétrolier.

Depuis le 13 juin, un comité conjoint essaie d’avancer sur un accord turco-russe, mais sans succès. La Turquie minimise les différences et évoque seulement des « difficultés techniques » pour un cessez-le-feu. En l’absence d’un accord entre Ankara et Moscou, les combats risquent de reprendre de plus belle. La Turquie ambitionne de réaliser de nouvelles victoires pour arriver à la table des négociations en position de force. Elle continue à envoyer des mercenaires et des armes au Gouvernement d’union nationale (GNA), qui a rassemblé toutes ses forces autour de Syrte.

 

Des développements décisifs sur le terrain

Les développements sur le terrain seront décisifs pour aborder la prochaine étape.
Si l’intervention turco-russe en Libye a limité la prédominance américaine et a freiné sérieusement les Européens, plusieurs observateurs évoquent un rapprochement franco-russe, équivalent à celui opéré entre les Américains et les Turcs. En témoigne le ton virulent du dernier communiqué français envers Ankara et ses ambitions « inacceptables » en Libye, selon Paris.

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