La Tunisie aurait besoin d’un leadership audacieux pour sortir de son marasme économique

Maghreb news – Lamine Ghanmi

L’économie tunisienne s’est enfoncé dans un  marasme nécessitant pour son redressement  une rigueur et une audace de leadership ayant manqué aux gouvernements des dernières cinq années, qui étaient pourtant conscients des politiques adéquates à prendre mais incapable de les mettre en œuvre à cause notamment des rapports de force politiques et sociaux en leurs défaveurs.

« Le problème majeur de l’économie est le déficit dans l’autorité de l’Etat. Pour traiter fondamentalement les défis économiques, il faut un Etat fort qui donne toute la portée à l’autorité de la loi et à son respect, » a dit Ali Lariyed, l’ex-chef de gouvernement et un des premiers dirigeants de  la Nahda, parte de  l’actuelle Quartet  gouvernementale emmenée par Habib Essid.

« Toute la période précédente s’est caractérisée par de déficit de sécurité, de déficit de stabilité politique et sociale. Il faut remédier à cela par une audace et détermination de l’autorité, » a fait valoir Lariyed  lors d’un débat sur « Où  va l’économie tunisienne » organisé par le Centre  des Etudes de l’Islam et la Démocratie.

Jalloul Ayad, ancien ministre des Finances et expert finanier international, a dit que  la Tunisie a besoin de changer son modèle économique actuel qui ne produirait qu’une « petite croissance » par un autre avec un palier supérieur de croissance et de meilleure valeur ajoutée.

« Pour atteindre des niveaux de  croissance supérieurs il faut se mettre sérieusement au travail pour implémenter des réformes nécessaires. A cette fin, il faut une vision claire et une volonté de  décision politique, » a dit Jalloul.

Pour lui, l’économie actuelle est faite de trois compartiments—l’économie informelle, l’économie officielle onshore et celle offshore. Ces trois niveaux doivent converger pour nourrir une croissance plus forte suite à des réformes fiscales, financières et administratives. »

« L’économie informelle représente plus de 50 percent du PIB et draine de la valeur de l’économie officielle comme le manque à gagner en revenues fiscales pour l’état et la liquidité du circuit financier, » a expliqué Jalloul.

« Imaginons un instant que cette économie informelle serait intégrée dans l’économie nationale qui doublerait à prés de 100 billion de dollars U.S., « a ajouté Jalloul.

Reda Saidi, ancien ministre des Affaires économiques et un des experts économiques en vue de la Nahda,a dit qu’il y a « consensus sur le niveau de danger que la crise économique ait atteint » avec une dette éxterieure de plus de 60 percent et une croissance qui reste maigre et une économie basée principalement sur la consommation qui ne crée guère de richesse tangible.

« Pourquoi nous étions incapables de changer cette situation économique, » s’est interrogé Saidi en blamant le corporatisme politique et social et l’égoisme et l’étroitesse de vues de certains acteurs économiques.

«  Chaque partie s’est repliée dans son carré et perçoit la portée des réformes en termes de gains ou pertes à court terme. Le résultat est qu’on  reprend le dialogue maintenant, un dialogue similaire à celui conclu deux aupravant , » a déploré Saidi.

Cet immobilisme a un cout comme les pertes d’opportunités d’investissement non pas uniquement des étrangers mais des « entreprises tunisiennes florissantes qui délocalisent au Maroc à cause de l’environnement d’affaires qui décourage les hommes d’affaires à investir ou à développer leurs activités.

Pour Taoufiq Rajhi, conseiller économique du chef de gouvernement Habib Essid et chef du Conseil des analyses économques, la crise aurait du  être plus   sévère et aurait du frappé plus tot si ce n’est les retombées des biens confisqués par l’Etat après le départ de l’ancien Président Zine al Abidine Ben Ali.

La chute des prix du pétrole a aidé à soutenir la résilience de l’économie tunisienne dont la diversification l’a aidée à amortir quelque peu les chocs depuis 2011 .

« Mais cette situation ne peut pas perdurer car tous les secteurs-clés sont de plus en plus secoués par les chocs, » a dit Rjahi , qui a mis en cause le mode de régulation sociale et économoque du pays par les gouvernements.

La faiblesse des gouvernements qui les force à se soumettre à la volonté triomphante des syndicats et autres interèts économiques pour acheter une paix sociale en augmentant les salaires quand la productivité stagne – cela réduit les marges de manœuvre des gouvernements pour investir et restaurer les équilibres macro-économiques.

Le débat des experts s’est porté sur les interrogations quant aux remèdes pour secourir l’économie tunisienne: Aux uns, à  des questions économiques, il faudrait des réponses économiques avec une volonté politique à les mettre en œuvre, idéalement suite à un dialogue national qui déboucherait sur un consensus.

D’autres intervenants semblent plus préoccupés par un marasme économique qui se nourrit de l’impuissance de partis politiques sous l’emprise impitoyable de « forces occultes de l’argent » qui privent les politiciens de leur liberté d’action.

Un test pour la volonté politique pour faire face aux défis économiques dans l’immédiat serait de ralentir la chute de la parité du dinar.

Alors que les barons de l’économie parallèle parient sur une parité d’un dinar pour la valeur de trois euros en forgeant des « contrats swap » dans le marché noir — l’équivalent d’une fuite de capitaux, les autorités doivent milité pour stopper la dégringolade du dinar avec ses conséquences de plus de déficit budgétaire et une inflation plus forte avec son corollaire plus de  perte de pouvoir d’achat des travailleurs.

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