La réalité de la menace de l’AQMI à l’aune des révolutions démocratiques au Maghreb .. Par Mehdi TAJE

* Géopoliticien et spécialiste des méthodologies de la prospective. Chercheur associé à l’Irsem (Institut de recherche stratégique de l’Ecole Militaire de Paris). Membre du CAPRI (Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux).

« Jazirat al-Maghrib », la presqu’île du couchant des géographes arabes, présente une personnalité stratégique singulière. L’identité maghrébine a été façonnée par une histoire aux apports multiples. L’enlisement du projet de Grand Maghreb, paralysé par des ambitions géopolitiques inconciliables et des conflits non surmontés, ouvre la voie à d’autres acteurs décidés à peser sur les équilibres stratégiques du théâtre maghrébin : forte présence des USA avec des projets empiétant sur le champ d’influence traditionnel des pays européens de l’arc latin ; percée géopolitique de la Chine avec pour ambition de se positionner en acteur significatif en Méditerranée ; et retour de la Russie. A terme, une redéfinition de la carte des influences et des ambitions au Maghreb est à prévoir.

Le Maghreb se posant en non acteur dans sa propre région laisse flotter la conviction que les pays concernés se perçoivent comme la périphérie d’un centre qui se situe hors d’eux-mêmes et dont ils attendent la stratégie organisatrice, qu’il s’agisse de l’Europe, des USA, de l’Afrique, du monde arabe ou de toute autre entité. La menace, dans ce contexte, est la dilapidation du Maghreb dans son essence géopolitique, c’est-à-dire la régression de l’entité politique et historique en simple contiguïté géographique dont la régulation géopolitique est subordonnée à l’initiative des puissances extérieures. La centralité maghrébine est aujourd’hui menacée.

Le trait dominant du Maghreb est que, sans être en guerre, il n’est pas en paix. Sur un fond de rivalité stratégique entre l’Algérie et le Maroc, des conflits interétatiques et intra étatiques ainsi que l’impact de l’extrémisme islamique entraînent une militarisation persistante et un état d’alerte antiterroriste permanent. La persistance du conflit saharien, les séquelles de la guerre civile algérienne et les revendications ethniques créent un climat d’instabilité, sans déterminer à ce jour ni un règlement négocié entre les parties ni un compromis ménagé dans un cadre maghrébin ou arabe. En dépit d’un relatif rapprochement entre le Maroc et l’Algérie dont il convient d’identifier avec précision les motivations et les enjeux, ces conflits s’accumulent sans perspective de règlement, trahissant une tactique de pourrissement qui aggrave les conditions d’instabilité dans l’ensemble maghrébin. Travaillé par ces forces centrifuges, cet espace ne parvient pas à trouver son point d’équilibre.

En effet, les visions des pays maghrébins sont dispersées et marquées par des tensions intérieures, des problèmes de stabilité, de modernité et de voisinage : ils ne se perçoivent pas à travers un ensemble régional stabilisé et demeurent otages de rivalités et de conflits gelés, larvés ou potentiels non encore surmontés. Une véritable myopie relativement aux menaces stratégiques globales caractérise les politiques de ces Etats. Prisonniers des schémas du passé, ils ne parviennent pas à s’élever à une vision commune et globale des enjeux sécuritaires. Chaque pays, en fonction de ses intérêts stratégiques, joue son propre jeu : les trajectoires stratégiques ne se complètent pas, elles se croisent, voire se neutralisent.

Cette dynamique est fortement accentuée par la vague de révolutions secouant le théâtre maghrébin et bouleversant les repères traditionnels : cet ébranlement fera date et changera l’identité et la personnalité stratégique du Maghreb. Conscient de l’immobilisme et de l’archaïsme politique limitant son action et son rayonnement sur le plan régional et international, cet espace est soudain secoué par une crise politique majeure introduisant une nouvelle fracture entre pays en transition démocratique (Tunisie et Maroc), pays en crise de régime et pays conservateurs.

A la faveur de la révolution populaire tunisienne qui a réalisé la première brèche dans le mur Sud Méditerranéen, le statu quo est irrémédiablement mis en cause. Le problème de la démocratisation est désormais posé de l’intérieur des sociétés arabes. Cependant, pour les pays engagés, la victoire est fragile et le fossé qui les sépare des Etats démocratiques ne saurait être comblé au terme des premières élections : trois ou quatre législatures passeront avant d’asseoir, sur des bases parlementaires, des régimes démocratiques stables et prévisibles ».

Les révolutions arabes ouvrent ainsi la voie à un nouvel ordre maghrébin :

· Avance démocratique en acte en Tunisie en dépit des défis inhérents à toute confusion postrévolutionnaire ;

· démocratie en gestation en Libye avec toutes les incertitudes relativement à l’avenir de la Libye en tant qu’entité souveraine. En effet, l’exacerbation des tensions tribales sur fond de rivalités régionales et d’ingérences étrangères favorise le risque d’une implosion de l’entité libyenne. A ce stade, prévaut une situation à l’irakienne opposant deux thèses : celle d’un Etat moderne, centralisé et démocratique et la thèse d’un triomphe du provincialisme de type fédéral ou confédéral. Dans l’éventualité de la persistance de complicités externes, cette orientation pourrait aboutir à un démantèlement de l’Etat libyen menaçant la carte régionale. A titre illustratif, l’Egypte pourrait être tentée de phagocyter la Cyrénaïque afin de s’assurer une souveraineté sur les ressources énergétiques qu’elle a toujours convoité et permettre, à travers un mouvement de populations, de décongestionner la vallée du Nil ;

· processus d’ouverture politique réel mais prudent au Maroc initié en 2000 avec l’accession au trône de Mohamed VI et encadré et soutenu par l’UE et les Etats-Unis. Néanmoins, le Maroc ne parvient pas à trouver son point d’équilibre entre avancée politique et crise sociale fragilisant son assise intérieure ;

· persistance de la rigidité et de l’unilatéralisme algériens teinté de méfiance à l’égard des expériences tunisienne et égyptienne ;

· En Mauritanie, l’élan démocratique initié le 3 août 2005[1] s’est brisé sur le coup d’Etat militaire mené par le général Mohamed Ould Abdel Aziz le 6 août 2008. Nous assistons ainsi à un retour en arrière assimilant le régime mauritanien aux régimes pseudo-civils qui prévalaient en Tunisie et en Egypte sur fond de modèle sociétal tribal et d’antagonisme opposant Maures et populations négro-africaines.

Ainsi, se profile à court terme un ordre régional déphasé, fragmenté, marqué par des inégalités relativement aux étapes du processus démocratique et susceptible, selon l’évolution de la situation en Libye, d’aboutir à une reconfiguration de la carte régionale.

Le Sahara est quant à lui souvent appréhendé en tant que zone de séparation entre deux champs géopolitiques distincts, l’Afrique du Nord ou Afrique « blanche » et l’Afrique noire. Dans les textes arabes médiévaux, le Sahel désigne l’espace compris entre le Maghreb et le « bilad as sudan », pays des noirs. Espace de jonction entre deux plaques tectoniques aux particularités affirmées et ancrées dans le temps long, cet espace se situe à la croisée de deux champs géopolitiquement non conciliés. Ligne de frontière entre Méditerranée et Afrique subsaharienne, le Sahel, organise la transition entre l’Afrique du Nord, méditerranéenne et l’Afrique noire, subsaharienne.

Ces deux théâtres forment des espaces conjugués avec des développements coordonnés inhérents à leur histoire et à leur géographie communes, caractérisés par de fortes interdépendances et aux destins intimement liés. Les liens de causalité sont forts, aboutissant, selon le concept de liaison des effets de Castex, à l’émergence d’une entité géopolitique que nous pourrions qualifier d’entité Maghrébo-sahélienne (concept d’océan sahélien). En effet, à titre illustratif, analyser les problématiques sécuritaires et stratégiques secouant le couloir sahélien dicte de s’interroger sur la géométrie des alliances et des antagonismes inter-maghrébins. En effet, la zone sahélienne fixe des intérêts particuliers et multiples par elle-même mais elle ne se suffit pas à elle-même. À l’égard de cet espace, l’Algérie, le Maroc et la Libye développent des dispositifs diplomatiques, militaires et secrets obéissant à des calculs d’hégémonie et de neutralisation de l’autre. Les rivalités sont vives, l’enjeu étant de s’assurer le leadership sur un Sahel tourmenté et vulnérable mais offrant de multiples opportunités.

Aujourd’hui, à la faveur de la guerre en Libye et de ses effets induits, l’interdépendance apparaît de manière accrue : en effet, la déstabilisation de la Libye suite à l’intervention de l’OTAN a libéré des forces (dissémination d’armes sophistiquées, retour massif de réfugiés sahéliens et de Touaregs armés incorporés à l’armée de Kadhafi) aboutissant au réveil de la rébellion touareg au Mali matérialisée par l’attaque le 17 janvier 2012 par le MNLA de nombreuses localités et garnisons militaires du nord Mali.

Inversement, un Sahel tourmenté, sous-administré et sous-défendu projette des facteurs susceptibles de déstabiliser les Etats du Maghreb.

Les dangers potentiels peuvent se matérialiser sous plusieurs formes, isolées ou combinées :

· Explosion conflictuelle engendrant une réaction en chaîne déstabilisant l’ensemble de l’arc sahélien, heartland et ceinture de sécurité du sud des Etats maghrébins. Les effets induits par la guerre en Libye accentuent cette menace ;

· Constituer un terreau et un sanctuaire pour le terrorisme international : une pépinière où un groupe terroriste pourrait trouver refuge ou des facilités d’entraînement et de recrutement (attentats, enlèvements, piraterie, camps d’entraînement, etc.) ;

· Constituer une zone grise propice à la multiplication des trafics illégaux : armes, stupéfiants (résine de cannabis, cocaïne, héroïne, etc.), véhicules, cigarettes, matières premières, Êtres humains, enfouissement de déchets nucléaires, etc. ;

· Constitution d’un réseau de diffusion et d’infiltration d’un islamisme radical ;

· La source d’une émigration de masse utilisant l’Afrique du Nord comme tremplin (lieu de transit) vers les rivages européens : l’écart économique grandissant et la poussée démographique risquent de provoquer un courant de migration difficilement maîtrisable ;

· Réinsertion d’Israël, déjà fortement réimplanté en Afrique de l’Est et en Afrique Centrale, en tant que fournisseur de coopération : économique, humanitaire et militaire. Dans une seconde étape, Israël pourrait offrir de conclure des accords de défense afin d’exploiter les étendues désertiques propices à l’entraînement des forces aériennes ou à des tests balistiques etc. Une telle position renouerait avec ses positions diplomatiques antérieures à 1973 et permettrait de prendre à revers l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord ;

· Le crime organisé et le blanchiment d’argent ;

· Détournement des ressources stratégiques (pétrole, gaz, uranium…etc.), objets d’une vive concurrence internationale. USA, France, Chine etc. convoitent les ressources pétrolières de la zone : les tentatives de déstabilisation du régime tchadien, via le Soudan, ont transcendé de toute évidence les capacités soudanaises et rejoint la stratégie plus imposante à dominante asiatique et vraisemblablement chinoise (jeu de bascule autour de l’enjeu pétrolier).

Les Etats du Maghreb ne peuvent sous-estimer ces dangers qui se sont déjà matérialisés de façon disparate dans diverses situations. Ces menaces sont dopées par la résonnance du conflit libyen, notamment à travers la montée en puissance des trafics d’armes et de drogue et le risque de partition de la Libye.

Par voie de conséquence, à l’image des vases communicants, la paix et la sécurité des Etats du Maghreb est indissociable de la stabilité de la scène sahélienne et vice versa.

Dans ce contexte global, comment peut évoluer le terrorisme incarné par Al Qaida Aux Pays du Maghreb Islamique (AQMI) ? Les bouleversements géopolitiques secouant la scène maghrébine et par effet de contagion le Sahel constituent-ils des stimulants ou inversement des freins à l’expansion de l’organisation terroriste ? La réponse dicte dans une première étape de s’interroger sur la nature de cette organisation.

La nature de l’AQMI

AQMI est une organisation complexe, officiellement franchise d’Al Qaida à l’échelle maghrébine et sahélienne et officieusement levier utilisé par de multiples acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou criminels.

La composante algérienne de l’AQMI

En intégrant « officiellement » Al-Qaïda en janvier 2007, le Jihad au Maghreb change de dimension, de doctrine et de mode d’action. Il devient la quatrième branche armée d’Al-Qaïda, après celles établies en Afghanistan, en Irak et en Arabie Saoudite. Néanmoins, ce point de vue peut être nuancé. En effet, « AQMI n’est pas une organisation maghrébine, mais un projet d’organisation maghrébine. Son changement de dénomination et son ralliement à Al-Qaida n’ont pas changé sa nature algérienne. Ils répondent plutôt à une volonté de redonner du sens à un djihad affaibli et discrédité au niveau national, en l’inscrivant dans la problématique globale de la confrontation Islam-Occident. (…) La fermeture du système politique algérien, les alternatives au pluralisme et à la démocratie qu’il offre à la population, entraînent une déconnexion de la vie politique locale au profit d’approches globalisantes. Même des militants de gauche reproduisent, dans leurs propres termes, la vision d’un conflit avec un Occident accusé de soutenir et d’entretenir dictatures et régimes autoritaires. C’est cette réalité politique, ainsi que les conditions sociales difficiles des jeunes, qui font le lit d’AQMI et peuvent donner de la résonance à son projet maghrébin »[2].

En 2008, l’AQMI continue sa dynamique d’internationalisation : comme le souligne Abdelmalek Droukdel[3], il s’agit de poursuivre la stratégie d’internationalisation du mouvement et de devenir la première force d’opposition armée au Maghreb.

Néanmoins, tout au long des années 2008, 2009, 2010 et 2011, AQMI essuie de nombreux revers matérialisés par l’élimination ou la capture de nombreux « émirs »[4]. Selon la presse algérienne et le gouvernement algérien parlant de « terrorisme résiduel », l’éradication du mouvement terroriste semble proche : en effet, selon L’expression en date du 1er juillet 2009, 355 terroristes, dont plus d’une vingtaine d’émirs, ont été éliminés en un an. Parallèlement, les opérations de ratissage de l’armée algérienne se multiplient. Des dissensions, rivalités et suspicions internes fragilisent le mouvement. Son éventuel soutien populaire s’effrite sérieusement suite aux attentats suicides faisant des victimes civiles. Les capacités de recrutement s’effondrent et les interceptions par l’armée de convois d’approvisionnement en armes et munitions provenant du sud algérien se multiplient. Par ailleurs, la neutralisation de nombreux réseaux de soutien logistique et les fatwas hostiles de théologiens du Golfe décrétant illicite le jihad en Algérie affaiblissent le mouvement terroriste. En 2009, comme le souligne Louis Caprioli[5], « AQMI est confrontée à un phénomène d’érosion. Ses dirigeants disparaissent, la privant de cadres et de stratèges. Ses réseaux de soutien étant sans cesse démantelés, sa stratégie de recrutement s’effondre. L’efficacité de la lutte militaire et du renseignement ont asphyxié progressivement le mouvement terroriste »[6].

Néanmoins, en dépit des coups de boutoirs et des succès rencontrés par les forces de sécurité algériennes dans la période 2008-2011, la réalité semble plus nuancée et complexe. En 2011, AQMI conserve une relative capacité de nuisance qu’il convient de ne pas négliger. En se basant sur l’année la plus basse, 2001, les attaques et attentats d’AQMI au Maghreb et au Sahel ont cru de 500% pour atteindre un sommet en 2009, avec 204 attaques, puis 178 attaques en 2010. Par ailleurs, durant la période 2001-2010, l’Institut Potomac[7] comptabilise 1103 actes terroristes (attentats, meurtres, kidnappings, etc.) contre des cibles nationales et internationales au Maghreb et au Sahel, engendrant 2000 morts et 6000 blessés[8]. Enfin, en 2011, 185 attaques ont été recensées marquant une légère augmentation par rapport à l’année 2010 avec 178 attaques[9].Deux retiennent particulièrement l’attention : le double attentat suicide contre l’académie interarmes de Cherchell le 26 août 2012 se traduisant par la mort de 18 officiers et l’attentat à la voiture piégée contre la brigade de gendarmerie de Tamanrasset le 3 mars 2012 engendrant 23 blessés. Ce dernier se distingue des autres pour les motifs suivants :

· Il touche pour la première fois la région algérienne de Tamanrasset, haut lieu du tourisme saharien ;

· Il revêt une charge symbolique en visant la ville garnison abritant depuis le 21 avril 2010 le CEMOC en charge de coordonner les moyens de lutte contre AQMI au Sahel ;

· Il est revendiqué par le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), branche dissidente de l’AQMI dirigée par des Maliens et des Mauritaniens et s’étant illustrée par l’enlèvement le 23 octobre 2011 d’un couple d’humanitaires espagnols et d’une italienne dans un camp du Polisario près de Tindouf. MUJAO réclame 30 millions d’euros pour la libération de ces otages. La nature, la composition, les liens et les objectifs de ce groupe demeurent obscurs.

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Tel un virus, l’organisation terroriste s’adapte, mute et fait preuve d’une certaine capacité de résilience sur fond de changement de mode opératoire évoluant vers des actions de guérillas et des embuscades extrêmement bien planifiées.

Par ailleurs, le recrutement se poursuit et le mouvement terroriste continue à séduire de jeunes recrues déracinées et non insérées socialement. La lutte armée menée par le gouvernement algérien ne s’est pas accompagnée de mesures politiques visant à affaiblir idéologiquement AQMI. La persistance du chômage et des injustices sociales conjuguée à l’absence de progrès économiques et sociaux, joue en faveur d’AQMI et de la persistance du terrorisme algérien. Plus globalement, la stratégie occidentale de harcèlement et de stigmatisation des Musulmans alimente le choc Occident-Islam et favorise l’endoctrinement et le recrutement.

En effet, « Al-Qaida au Maghreb islamique reste fondamentalement une organisation algérienne (le GSPC[12]) qui s’est donné un « projet maghrébin ». Mais elle incarne également un second âge du terrorisme qui tente de fondre la problématique algérienne dans une géopolitique globale centrée sur l’antagonisme Islam-Occident. Cette mutation a pris au dépourvu le régime algérien dont l’action reste fondée sur la répression et sur une offre d’amnistie qui semble avoir produit le maximum de ses effets »[13].

Si les forces de sécurité sont les cibles privilégiées, les intérêts étrangers ne sont pas à l’abri. Al Qaïda continue son prosélytisme en Algérie et sa campagne antifrançaise s’amplifie. 

Parallèlement, la dynamique de contestation ou de révoltes secouant les pays du Maghreb depuis début 2011 est salutaire car elle porte un coup à l’enkystement de dictatures décennales. Mais elle peut offrir, dans l’éventualité de la persistance d’un climat de relative anarchie, et la nature ayant horreur du vide, des angles de pénétration et de renforcement de mouvements prônant le salafisme violent à l’image d’AQMI. Au fond, en Algérie, la menace d’AQMI pose en réalité la problématique de la maturité historique de l’Etat et de la société algérienne et de la nature du pouvoir algérien. Certes, le 15 avril 2011, un discours du président Bouteflika annonce la révision de la constitution, de nouvelles ouvertures concernant les partis, les associations et le code électoral. Mais une frange « obscure » du pouvoir algérien s’est empressée d’élever le niveau de défense intérieur afin de bloquer toute tentative non maîtrisée d’ouverture politique. C’est la réponse à court terme, les enjeux financiers liés à la rente pétrolière étant considérables.

Cependant, les développements précédents n’épuisent pas la question. Il ne faut pas nier l’existence d’un noyau dur d’islamistes radicaux vecteurs d’un message politico-religieux et ayant recours au terrorisme. Mais une deuxième clef d’analyse permet de mieux cerner la complexité et la portée d’AQMI au Maghreb et au Sahel. À l’intérieur de l’Etat algérien, se situent des centres de décision et d’action aux stratégies divergentes. Leur existence s’explique par une lutte interne pour le pouvoir et le contrôle des richesses nationales[14]. A la mort du président Boumediene (décembre 1978), un groupe d’hommes attachés à créer le centre réel du pouvoir algérien hors du gouvernement officiel s’est attelé à mettre en place une espèce de hiérarchie parallèle, junte dont les dérives mafieuses et criminelles ont engendré la faillite économique, sociale et politique du pays. « Le champ des manœuvres est d’autant plus ouvert et complexe que, contrairement à une idée répandu, le Haut commandement de l’armée algérienne n’est pas monolithique. Il existe une multitude de clans rivaux en fonction de l’origine régionale, des écoles de formation, de leurs connivences extérieures et des secteurs de l’économie qu’ils contrôlent. Et tout cela constitue une espèce de société féodale où le pouvoir de chacun est évalué à l’aune de sa capacité à protéger et enrichir les siens ainsi qu’à diminuer le pouvoir et la richesse des autres. Il est évident que, pour certains, tous les coups sont permis »[15].

Dans le cadre de cette lutte[16], des hommes pivots du mouvement armé du GSPC devenu AQMI seraient aux ordres d’un clan disposant de puissants relais au sein des services algériens (notamment le Département du Renseignement et de la Sécurité, DRS)[17]. L’ampleur des actions malveillantes entreprises, aussi extrêmes soient-elles, serait ni plus ni moins que des messages adressés aux clans adverses. En ce sens, il convient d’opérer une distinction fondamentale entre commanditaires avisés, cyniques, poursuivant des objectifs stratégiques ou personnels et les exécutants instrumentalisés, simples pions sur un échiquier, mais fondamentalement imprégnés par la noblesse de leur cause. La persistance du chômage et des injustices sociales conjuguée à l’absence de progrès économiques et sociaux joue en faveur des commanditaires et de la persistance du terrorisme algérien. Plus globalement, la stratégie occidentale de harcèlement et de stigmatisation des Musulmans alimente le choc Occident-Islam et favorise l’endoctrinement et le recrutement de ces exécutants.

Cette lutte favoriserait une stratégie visant à ériger l’Algérie en puissance incontournable au Maghreb et au Sahel, seule puissance, alliée des Etats occidentaux, en mesure de coordonner les efforts militaires et de lutter efficacement contre AQMI. Toutefois, les opérations d’AQMI n’obéissent pas toujours aux commanditaires : il arrive que des opérations ponctuelles, notamment au Sahel, échappent à leur contrôle, reflétant une volonté d’autonomisation des monstres à l’égard des maîtres.

Paradoxalement, la rigidité algérienne semble servir l’intérêt des Etats-Unis dans la mesure où le leadership algérien relativise le poids de la France dans la région et poursuit la stratégie de lutte contre AQMI. Cette orientation américaine d’ordre tactique est de toute évidence de court terme. Selon le bulletin Renseignor du 5 février 2012[18], dans la perspective des élections législatives du 10 mai 2012 en Algérie, la CIA financerait des associations algériennes et chercherait à peser par divers moyens sur ces élections. Il s’agit donc d’un impératif ponctuel de contrôle sécuritaire global du couloir sahélien, l’Algérie étant le voisin le mieux adapté (carte utilitaire pour les USA). En effet, pragmatiques et réalistes, les Etats-Unis demeurent prudents dans leur démarche et, par le renforcement discret d’une coopération spécifique avec le Maroc (statut d’allié sûr, exercices African Lions depuis 2008, livraison de matériel militaire moderne, dont des F-16, etc.) et le déblocage d’une aide financière pour la Tunisie, évitent de bouleverser les équilibres régionaux au profit exclusif de l’Algérie. En ce sens, ils veilleront à ce qu’Alger n’entrave pas l’ouverture démocratique déclarée en Tunisie qui entraîne sur la même voie l’Egypte, la Libye et le Maroc.

AQMI avancerait ainsi sensiblement au gré des intérêts de cercles du pouvoir algérien. Comme le souligne Alain Chouet, « la violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le djihadisme internationaliste du type Al-Qaida (…) Cette violence parait toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes de la vie politique algérienne ».[19]Jeremy Keenan précise : « le DRS opère vraiment comme un Etat dans l’Etat. Et il est à peu près sûr que les cercles politiques dirigeants, surtout à la présidence et au ministère de l’intérieur, ne sont pas entièrement au fait de ses multiples activités au Maghreb et au Sahel »[20].

Il ajoute : « l’Algérie est largement soutenue à la fois par les États-Unis et le Royaume-Uni, leur principal allié, dans le cadre de leur stratégie régionale de lutte contre le terrorisme mal informée et mal pensée, ce qui, partant, a renforcé la volonté de l’Algérie de s’établir comme une puissance régionale dominante au Sahel. D’où sa stratégie de la corde raide consistant à déstabiliser la région en manipulant Al-Qaida au Sahel tout en se plaçant à la tête d’un groupe de sécurité régional créé dans une large mesure par ses soins, et comprenant la Mauritanie, le Mali et le Niger, censé être suffisant pour dissuader toute intervention militaire étrangère (autrement dit occidentale) dans la région.

Ces initiatives gérées essentiellement à partir d’Alger sont mises sur pied afin de rassurer et renforcer les alliances scellées par l’Algérie avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, mais excluant toutefois toutes les autres puissances du nord-ouest de l’Afrique, en particulier le Maroc, de toute implication au Sahel. Cependant, en tant qu’ancienne puissance coloniale, l’influence de la France au Sahel constitue un obstacle pour les ambitions hégémoniques de l’Algérie, ce qui explique sa stratégie consistant à tenter d’embarrasser la France (en diffusant des informations trompeuses) et à affaiblir sa position dans la région »[21].

Si elle est juste, une telle analyse témoigne non de la puissance de l’Etat algérien, leurre nourri afin de protéger son intégrité fragilisée par la mémoire d’une souveraineté frustrée, mais, bien au contraire, de sa vulnérabilité persistante. Elle témoigne également de la profonde complexité de la problématique sécuritaire de l’ensemble de la région tant que l’Etat algérien n’aura pas surmonté ses contradictions fondamentales. Dans ce contexte, la réponse au problème d’avenir tient à la fois à l’assainissement de la scène algérienne, à un consensus intermaghrébin et au consensus de l’ensemble des riverains de l’océan sahélien.

A la lumière de ces développements, l’infiltration en territoire tunisien de deux groupes de deux hommes de nationalités algérienne et libyenne soulève certaines suspicions. A titre d’hypothèse, le pouvoir de l’ombre algérien n’a aucun intérêt à l’avènement d’une démocratie à sa frontière Est potentiellement contagieuse, bousculant le statu quo algérien par une accélération non maîtrisée de l’ouverture politique. En effet, le premier groupe composé de deux libyens fut arrêté par les forces de sécurité tunisiennes le 11 mai 2011 dans un hôtel à Tataouine. Le second groupe fut quant à lui interpellé dans la nuit du 14 au 15 mai 2011 dans la montagne de Nekrif aux environs de Remada[22]. « Selon des sources sécuritaires, l’interrogatoire de ces commandos accrédite la thèse selon laquelle AQMI les a entrainés et envoyés en éclaireurs avec pour mission de mettre en place des caches d’armes dont certaines ont été découvertes »[23].

AQMI peut en effet être tentée de tirer profit d’un relatif déficit sécuritaire, du prurit anarchique inhérent à la révolution du 14 janvier 2011 et de la montée de l’extrémisme religieux incarné par les salafistes risquant de déboucher sur une polarisation de la société tunisienne. Selon Atmane Tazaghart, « au cours de la dernière semaine de décembre 2010, des sources sécuritaires ont relevé un mouvement inhabituel de déplacements de groupes armés liés à l’AQMI, remontant du Sahel vers les régions frontalières algéro-tunisiennes. Selon les mêmes sources, il s’agissait de groupes composés de plusieurs dizaines de djihadistes dont la majorité sont de nationalité tunisienne faisant partie de la Katiba dirigée par Abou Zaid au Sahel (…) Ces informations ont été confirmées par des télégrammes diplomatiques occidentaux qui évoquent un plan visant à profiter de la chute du régime de Ben Ali pour installer une filière d’AQMI en Tunisie mise en place sous l’égide de Mohamed Nokta, l’un des lieutenants d’Abou Zaid (…) A sa demande, AQMI nomme à la mi-janvier 2011 à la tête du groupe chargé de s’infiltrer en Tunisie un émir parmi les figures les plus célèbres du djihadisme tunisien, connu sous le nom de guerre de Mounir el-Haidara[24]. (…) Ce groupe serait parvenu d’ores et déjà à s’infiltrer dans la zone désertique tunisienne de R’mel el-Abiadh (le Sable Blanc), située au croisement des frontières avec l’Algérie et la Libye »[25].

A la faveur de l’instabilité libyenne et d’une pression accrue sur le maillage sécuritaire[26] du sud tunisien, zone de vulnérabilités et de trafics multiples, la thèse concevable et possible d’une tentative d’implantation ou d’infiltration d’éléments de l’AQMI en Tunisie n’écarte pas pour autant des calculs d’hégémonie et de subversion d’ordre étatique.

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En effet, l’effacement programmé de la Libye en tant qu’acteur régional majeur dans la zone maghrébine et sahélienne ouvre un large boulevard à un monopole stratégique quasi exclusif pour l’Algérie qui n’a jamais caché, depuis 1962, ses ambitions à l’égard de ces espaces, notamment le théâtre saharien.

Si Alger veut profiter de cette nouvelle opportunité, il lui incombe dès à présent de développer des dispositifs diplomatiques, militaires et subversifs afin de marquer son territoire et de contraindre tant le Maroc que la Tunisie à rester à l’intérieur de leurs frontières et à ne surtout pas se mêler de ce qui se passe sur leur flanc sud. Une phase de manœuvres alambiquées et de signalisations indirectes, dans la tradition constante du pouvoir algérien, est en train de s’ouvrir. Il convient de prendre pleinement la mesure de cette nouvelle réalité et d’apprendre à décrypter les événements secouant ces espaces en fonction de cette nouvelle donne.

La branche saharienne de l’AQMI

Parallèlement, depuis début 2009, nous assistons à un déplacement du centre de gravité de l’AQMI du territoire algérien vers le théâtre sahélien, opérant ainsi un retour sur « l’ennemi proche » : les recrues mauritaniennes et maliennes sont de plus en plus importantes, le mouvement terroriste bénéficiant au sud de l’attrait de la nouveauté. En effet, face à une pression croissante des forces de sécurité algériennes, cet espace offre à l’AQMI un sanctuaire, des moyens de repli et de réorganisation et des facilités de recrutement et de financement. Ainsi, les réseaux terroristes et criminels s’activent, s’enracinent et se développent au Sahel de manière significative.

Cette orientation est favorisée par de multiples dynamiques :

· La persistance du conflit sahraouis nourrissant la méfiance entre l’Algérie et le Maroc, enclins à mettre en place des stratégies de déstabilisation mutuelles de leurs flancs sud ;

· La défaillance politique et économique des Etats sahéliens incapables d’assurer leur souveraineté sur leurs périphéries ;

· Des sécheresses cycliques débouchant sur des famines ou des crises alimentaires menaçant des populations déjà vulnérables et amplifiant le risque qu’elles se compromettent avec des acteurs criminels ou terroristes ;

· La montée en puissance de flux informels de toutes sortes, notamment du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine et à destination du continent européen ;

· Une dérive mafieuse de l’ancienne garde du Polisario et une nette tendance de la jeunesse en perte de repères des camps sahraouis à l’établissement de liens avec des membres d’AQMI. Ainsi, un axe AQMI, Polisario, trafiquants en tous genres et membres des cartels de drogue sud-américains semble se dessiner au Sahel ;

· Le conflit libyen, source d’une grave déstabilisation de la zone, crée un appel d’air favorable aux groupes mafieux et aux groupes terroristes aspirant à profiter de l’anarchie et de la circulation d’armements sophistiqués. Par ses effets induits, c’est un puissant catalyseur pour les activités criminelles en tous genres ;

· L’éclatement, depuis le 17 janvier 2012, d’une nouvelle rébellion touareg au nord du Mali menée par le MNLA et visant à « libérer le peuple de l’Azawad de l’occupation malienne » marque un enracinement, un enchevêtrement et une multiplication des crises et des facteurs de déstabilisation.
A l’image de l’océan, le Sahel, miroir de la Méditerranée, est un espace vivant, sillonné de routes empruntées par des peuples distincts et zone d’échange de civilisations très anciennes. Bien qu’il soit partagé entre plusieurs Etats, il appartient à tout le monde et à personne. Regorgeant de richesses naturelles, c’est un espace où circulent les hommes et les biens, mais aussi où peuvent se dissimuler des acteurs pratiquant couramment des actes délictueux s’apparentant à la piraterie (prédations, razzias, trafics, terrorisme, etc.).

Les enlèvements dont il est le théâtre sont combinés aux divers trafics et à la montée en puissance d’un prosélytisme salafiste extrémiste. L’ensemble bouscule, selon des schémas extrêmement complexes, les équilibres des confréries traditionnelles, tandis que persistent des tendances irrédentistes. Il en résulte un climat d’insécurité croissant propice à la déstabilisation des Etats sahéliens alimenté par l’imbrication opérationnelle et financière entre terroristes, trafiquants, rebelles Touaregs, Polisario, etc. Dérégulée, la scène sahélienne produit une instabilité chronique, source d’une profonde et durable précarité stratégique fragilisant l’entité maghrébo-sahélienne.

Anne Giudicelli, dirigeante du cabinet de consulting Terrorisc, souligne : « on est dans une guerre de communication, dans une zone poudrière qui cristallise l’enjeu sécuritaire de la région, une zone stratégique, non contrôlée où se brasse une rébellion touareg, des narcotrafiquants, Al-Qaïda au Maghreb islamique et quelques mines d’uranium »[28].

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Carte délimitant le Sahel et la zone d’activité de l’AQMI avec son sanctuaire

Sans nier l’existence d’activités criminelles et d’enlèvements périodiques, il semble opportun de relativiser l’importance d’AQMI, ce « rejeton d’Al Qaida » qui existe davantage dans l’esprit de certains acteurs cherchant plus à en tirer profit qu’à l’éradiquer. Comme le souligne Alain Chouet[30], « tout contestataire violent dans le monde musulman, qu’il soit politique ou de droit commun, quelles que soient ses motivations, a vite compris qu’il devait se réclamer d’Al-Qaïda s’il voulait être pris au sérieux, s’il voulait entourer son action d’une légitimité reconnue par les autres, et s’il voulait donner à son action un retentissement international »[31]. En effet, une réelle contestation politique islamiste peut dégénérer en violence islamiste du fait de l’accumulation et du pourrissement de frustrations de nature politique et économique (concept de sociétés bloquées). Mais, derrière, peuvent se cacher toutes les manipulations possibles.

Ainsi, pour les criminels parcourant l’océan sahélien, se revendiquer d’Al-Qaida, c’est se donner une dimension et une envergure mondiales permettant de faire monter les enchères lors d’enlèvements ou de toute autre activité criminelle. « Pas plus au Sahel qu’ailleurs, il ne faut imaginer un Oussama Ben Laden trônant au sommet d’une structure pyramidale, tirant les ficelles d’un régiment de marionnettes et orchestrant la moindre embuscade »[32].

De fait, la menace salafiste, réelle car porteuse d’un message politico-religieux, est « mise à la sauce » de toutes les problématiques locales : trafics en tous genres, recherche de rentes, rivalités politiques (Algérie-Libye, Algérie-Maroc, Algérie-Mali, Mauritanie-Mali, Mali-Niger, etc.), conflits d’intérêts entre nomades et sédentaires (Arabes et Touaregs, Maures et Noirs, etc.), poids relatif de l’armée et des services de sécurité au sein des différents pays, appétits des grandes multinationales internationales, etc. Elle ne constitue en tant qu’entité politico-religieuse qu’un irritant aggravant les facteurs géopolitiques et géoéconomiques déstabilisant l’espace sahélien.

Selon Alain Chouet, « AQMI, c’est une composante islamiste, une composante banditisme, une composante trafics et une composante mercenaires »[33]. Il ajoute : « ce que l’on désigne sous le nom de AQMI est un conglomérat mafieux pas très homogène composé de bandes aux intérêts disparates, souvent rivales, parfois unies quand elles sont collectivement menacées. On y trouve trois ou quatre composantes algériennes, deux ou trois composantes Touaregs, quelques éléments maliens et mauritaniens. Tout ce petit monde vit essentiellement de trafics et de rapines sans projet politique ni stratégique au-delà d’un discours convenu pour se légitimer. La débâcle libyenne a été évidemment une aubaine pour certains de ces groupes qui ont récupéré des armes bonnes à vendre sur le marché international ainsi que des « otages » ou des « protégés » de l’ancien régime libyen qui sont également monnayables »[34].

D’où la complexité et la diversité à la fois des acteurs et des enjeux qui se cachent derrière l’étendard AQMI. Cette dernière, parcourue par des querelles de chefs mafieux, est donc aussi, et peut-être avant tout, une organisation de banditisme mafieux ayant érigé les enlèvements et les prises d’otages en commerce ordinaire. Comme le souligne Jean-Pierre Filiu, « AQMI est le cas le plus avancé de gangstéro-jihadisme »[35].

Dans ce cadre, AQMI semble être l’arbre qui cache la forêt, le terrorisme amplifié voilant les véritables enjeux et menaces. Qu’ils s’appellent AQMI ou autre, il s’agit principalement d’acteurs cherchant à tirer profit du désordre sahélien.

AQMI, entre réalité et manipulations (opacité ou instrumentalisation)

Le tableau est complexe et il est difficile d’y voir clair et de déceler ce qui relève de l’intox et de la réalité. Néanmoins, trois types d’acteurs à titre d’hypothèse retiennent l’attention :

Un axe que nous pourrions qualifier de « business » qu’il convient d’identifier avec précision. Des acteurs divers sont attirés par cet espace de fragilités et s’allient avec des forces locales afin de tirer bénéfice du désordre : c’est ce que l’on peut qualifier de criminalisation des acteurs économiques : c’est la criminalisation financière. Le danger réel risquant d’impacter durablement les équilibres des sociétés sahéliennes est la prise de contrôle du pouvoir par des acteurs criminels vivant de rentes criminelles. Ainsi se produit le basculement d’une criminalisation économique vers une criminalisation politique : « le risque que des réseaux criminels internationaux influent sur l’avenir politique de certains Etats sahéliens est réel »[36]. Comme le souligne Mountaga Tall, président du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid)[37], « si le Mali ne met pas fin au système de fraudes et d’achat de voix, nous risquons d’avoir, un jour, un narcotrafiquant à la tête du pays »[38] mettant ainsi en exergue la corruption croissante[39] de la classe politique par l’argent du crime organisé.

« AQMI est maintenant de mieux en mieux intégré aux communautés sahéliennes locales et nombre de ses chefs sont de connivence avec des dirigeants publics et des responsables de la sécurité. Fait plus préoccupant, ces groupes collaborent avec des trafiquants de drogue, des organisations criminelles et des groupes rebelles de la région pour développer leurs ressources et leur financement, ce qui leur permettra non seulement de mieux résister aux services de sécurité publics, mais aussi de miner les États sahéliens de l’intérieur. Si des mesures énergiques ne sont pas prises pour contrecarrer la nouvelle stratégie sahélienne d’AQMI, la situation pourrait aboutir à l’établissement de refuges, véritables Waziristans, dans la région du Sahel ».[40] Piraterie au large du golfe du Bénin avec ses ramifications à terre, prises d’otages, multiplication des trafics, blanchiment d’argent, etc. alimentent une véritable économie de l’ombre en mesure de menacer la sécurité des Etats sahéliens en portant atteinte à la vie démocratique et à la bonne gouvernance ;

L’axe politico-énergétique : l’arc sahélien, zone de vulnérabilités et sous-défendue, attire toutes les convoitises du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de désenclavement des ressources énergétiques (TGSP, etc.). Dans ce cas de figure, il s’agit de cartels, des grandes Majors et nous basculons dans les intérêts stratégiques et les identités multiples. Ces acteurs sont en mesure et disposent des moyens de corrompre, créer des leurres, posséder une armée privée, armer des rébellions et des dissidences, etc. Leur capacité d’action est extrêmement puissante et significative. Par ailleurs, des Etats les soutiennent : ainsi, la menace terroriste est amplifiée, voire nourrie, afin de permettre à des Etats en rivalités pour la prise de contrôle des richesses, de se positionner économiquement et militairement au sein de ce couloir stratégique reliant l’océan Atlantique à la mer Rouge et offrant la possibilité de peser, en tant que passerelle, sur les équilibres géopolitiques et énergétiques du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest.

Comme le souligne Jeremy Keenan, anthropologue et professeur à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres, « en somme, ce qui se passe au Sahel, c’est la création d’une Al-Qaida occidentale pour les besoins de l’Occident : pour les Etats-Unis, parce que le terrorisme au Sahel justifie leur AFRICOM et la militarisation de la région par l’installation potentielle d’une future base, pendant ouest-africain de l’importante base américaine implantée à Djibouti ; pour les puissances européennes, notamment la France, parce qu’il justifie l’intervention de l’Occident dans le corridor sahélien riche en minéraux »[41]. Cette thèse trouve un écho en Algérie. En effet, le directeur général par intérim du Centre Africain des Etudes et Recherches sur le Terrorisme (Caert), Lies Boukraâ, qualifiait le 11 octobre 2010 AQMI de « leurre cachant un projet de recolonisation du Sahel »[42].

Dans ce cadre, les objectifs stratégiques poursuivis obéissent à des calculs à long terme visant à justifier une pénétration militaire sur la base d’opérations de nettoyage et de lutte contre le terrorisme au Sahel. La révolution démocratique en Libye est exploitée à bon escient afin de compléter cette stratégie. La guerre en Libye a étaye l’existence de calculs politiques particuliers de la France, de la GB et des Etats-Unis. Ces calculs ont révélé des intérêts concurrents entre eux et à l’égard de puissances tierces (Italie, Chine, Russie, etc.) à l’échelle libyenne mais également à l’échelle du Maghreb et du Sahel.

En fait, la Libye, porte d’entrée vers le Sahel, était convoitée relativement aux enjeux énergétiques et miniers, aux enjeux d’influence économique et stratégique, et quant à l’accès aux ressources avérées et futures du flanc sud sahélien (bassin de Taoudéni qualifié de futur eldorado pétrolier et minier). Le point d’appui libyen pourrait offrir aux Occidentaux une porte d’entrée vers le théâtre sahélien et l’Afrique afin d’y renforcer leur influence.

Plus précisément, deux projets géopolitiques assortis de dispositifs diplomatiques et militaires s’affrontent sur fond d’enjeux énergétiques au sein du couloir sahélien : un projet chinois visant à terme à désenclaver les richesses pétrolières et minérales du Sahel à travers Port Soudan vers la mer Rouge suivant un axe horizontal depuis la Mauritanie, et un projet occidental visant à désenclaver ces richesses à travers le Golfe de Guinée. Ce double tropisme pourrait être bouleversé par la puissance établissant son influence en Libye. Tout en opérant une jonction entre les ressources libyennes et sahéliennes (éventuelle prolongation du Green Stream reliant la Libye à la Sicile vers l’oléoduc Doba Kribi désenclavant le pétrole tchadien vers le Golfe de Guinée), cet état de fait aboutirait, à travers le point d’appui libyen, à la création d’une ouverture sur le théâtre méditerranéen. La géopolitique des tubes serait profondément redessinée.

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Ainsi, le déclenchement de la guerre en Libye n’a pas été étranger à l’avenir de la scène sahélienne. Ces objectifs prévaudront quel que soit le caractère démocratique ou non du futur régime libyen.

[44]

Carte du bassin de Taoudani

Plus précisément, l’opération libyenne apparait comme étant l’étape liminaire, l’amorce d’un processus débouchant sur une opération d’envergure impliquant l’implantation de bases militaires et le déploiement de forces spéciales plus conséquentes afin de nettoyer la bande sahélienne avec ou sans l’accord des Etats riverains. D’ores et déjà, de nombreuses sources concordantes révèlent l’implantation d’une base militaire secrète dans le sud libyen abritant des drones sophistiqués en mesure d’assurer des missions de surveillance et de renseignement. La capacité à armer ces drones afin de mener des frappes par missiles contre des trafiquants ou terroristes de l’AQMI est parfaitement concevable.

La présence de cette base suscite l’inquiétude d’Alger compte tenu de ses capacités à mener des missions de renseignement et d’espionnage : « « l’Algérie a refusé à des drones français et américains de survoler le Sahara algérien dans le cadre de la lutte contre le trafic d’armes en provenance de Libye et le contrôle des groupes terroristes d’AQMI au nord du Mali (…) Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, Français et Américains n’ont pas attendu longtemps pour y installer des bases militaires. Ainsi, selon El Khabar, des unités de reconnaissance aériennes gèrent une base de drones français et américains dans un endroit secret dans le désert libyen. Selon une source bien informée proche du dossier sur le terrorisme au Sahel, les forces aériennes françaises et américaines basées dans un lieu dans l’ouest du désert libyen, dont on pense qu’il est situé au sud de Katroun, ont participé à la traque des anciens dirigeants militaires du régime du colonel Mouammar Kadhafi »[45].

Déjà, début décembre 2011, selon le bulletin Renseignor du 4 décembre 2011, « le secrétaire d’État britannique au Foreign Office indique que l’Union européenne a décidé d’envoyer des experts militaires au sud du Sahara pour aider les États de la région à lutter contre Al-Qaïda. Le secrétaire d’État britannique, William Hague, a révélé, il y a quelques jours, que son gouvernement est en train de cofinancer la construction d’une base militaire à la frontière entre l’Algérie et le Mali pour rendre plus efficace la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique dans la région du Sahel »[46].

Enfin, toujours selon un bulletin Renseignor du 22 janvier 2012, les Etats-Unis seraient sur le point de déployer 12.000 hommes en Libye depuis Malte : « selon la chaîne de télévision Algeria ISP, le quotidien Al-Qods Al-Arabiy a déclaré que le président des États-Unis, Barack Obama, a demandé l’envoi de 12 000 soldats américains en Libye, en provenance de Malte. Des observateurs disent que le CNT souffre de la résistance sur le terrain des rebelles. Il jouit de la même popularité que celle du gouvernement afghan qui demande un soutien des Occidentaux pour maintenir l’ordre. C’est pour cette raison que les 12 000 soldats américains sont à Malte et qu’ils se préparent à gagner la Libye, dans peu de temps, pour sécuriser les plateformes pétrolières du pays. Des sources égyptiennes ont déclaré que l’état-major égyptien de Tantaoui a informé Mustapha Abdeljalil, lors de sa venue au Caire, du refus total de l’Égypte de toute installation de bases militaires de l’OTAN en Libye. Et ce d’autant plus que l’Égypte a obtenu des renseignements l’informant qu’un grand nombre de militaires et d’experts de l’OTAN sont restés en Libye pour étudier et choisir les lieux d’implantation de futures bases militaires de l’OTAN »[47].

Ainsi, le Sahel cristallise l’intérêt des puissances occidentales et apparait comme étant le centre d’enjeux régionaux et extrarégionaux source de tensions, de méfiances et de rivalités croissantes. Suite à l’éclatement du Soudan orchestré et planifié par les Etats-Unis et Israël, il y a là des plans de déploiement de troupes et de construction de bases militaires, autant de points d’appui ayant pour vocation de quadriller le couloir sahélien, afin de :

· Renforcer la sécurisation des approvisionnements en énergie et en matières premières sensibles ;

· Lutter contre l’instabilité dans la zone sahélo-saharienne aggravée par la prolifération des armes lourdes libyennes, cette instabilité galopante pouvant menacer la sécurité des approvisionnements ;

· Formaliser sans équivoque la dissuasion des acteurs rivaux tels que la Chine, la Russie, l’Inde, etc.

Dans ce cadre, l’insécurité surmédiatisée reflétée par la série d’enlèvements d’Occidentaux et la montée en puissance du trafic de drogue doit bien être analysée avec prudence et remise en perspective par rapport aux stratégies des puissances étrangères.

Troisième axe, les réseaux mafieux locaux, qui tel un nodule se greffent sur un corps malade (un échiquier tourmenté) en se donnant une rhétorique « al qaidiste » afin de brouiller les cartes d’intelligibilité. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, médicaments, pétrole, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue (cocaïne depuis l’Ouest et héroïne de l’Est, érigeant la ceinture sahélienne en véritable « hub du narcotrafic »), etc. Ces trafics ont toujours existé et existeront toujours. Ils ne constituent qu’un élément supplémentaire de déstabilisation sur l’échiquier (damier) sahélien.

Il convient notamment d’accorder une attention particulière à la montée en puissance du trafic de drogue en provenance d’Amérique Latine.

Devenue une nouvelle plaque tournante du trafic de drogue, le Sahel fait désormais partie des circuits prisés des réseaux de drogue (cartels colombiens, etc.) très organisés traversant les continents. Pour gagner l’Europe, les narcotrafiquants empruntent des chemins clandestins traversant les pays de l’Afrique de l’Ouest (Guinée Bissau, etc.) et le désert sahélien en infiltrant plusieurs pays de la région notamment la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Darfour. Route de la cocaïne et route de l’héroïne se rejoignent désormais dans le Sahara, empruntant de nouveaux itinéraires à travers le Tchad, le Mali et le Niger.

Enfin, conformément à l’hypothèse précédemment avancée concernant l’ampleur des rivalités régionales et extra régionales, pour le DRS algérien, l’équation est complexe et à plusieurs inconnues à l’égard du théâtre sahélien. Il s’agit d’être en mesure de doser et de mesurer l’action « terroriste » afin de valoriser les positions algériennes à l’égard de leur flanc sud sans pour autant en arriver au seuil de déclenchement des interventions occidentales préjudiciables aux intérêts stratégiques algériens. Ainsi, dans le cadre d’une stratégie de sous-traitance perverse, AQMI serait-elle un instrument d’influence entre les mains des services algériens générant une rente stratégique monnayable auprès des Occidentaux[48].

Le ministre algérien de l’Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia, souligne lors d’une interview : « le terrorisme intérieur est réduit et contenu ». Ilo poursuit : « le terrorisme intérieur étant réduit et contenu, ce sont plutôt les groupes terroristes qui se trouvent à l’extérieur de nos frontières qui auraient pu nous inquiéter (…) les dispositions sont prises pour qu’ils ne puissent absolument pas entrer dans notre pays, que ce soit du côté du Mali, du Niger ou du côté libyen »[49]. Ces propos minimisant l’importance du terrorisme en Algérie et mettant l’accent sur la menace en provenance du flanc sud sahélien sont destinés à mieux légitimer et valoriser le rôle incontournable d’Alger dans la lutte contre AQMI au Sahel.

Il convient néanmoins d’analyser avec précision les motivations incitant l’Algérie à s’ériger en Etat pilote de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cet axe de réflexion doit être appréhendé à sa juste mesure.

· Constante méfiance de l’Algérie à l’égard d’un éventuel retour militarisé de puissances mondiales dans son voisinage tout en tolérant des interventions ponctuelles ;

· Un fort consensus national pour une Algérie affranchie et indépendante existe au sein de la population. Ce consensus à l’égard du régime fait défaut. Ce dernier se sentant de plus en plus fragile et vulnérable compte tenu de son manque de légitimité et de l’échec relatif des dynamiques politiques et économiques engagées depuis l’indépendance, adopte une posture « agressive » illustrée par une course à l’armement afin de masquer ses faiblesses structurelles ;

· Pas d’assise historique justifiant la souveraineté nationale sur un espace saharien écrasant ;

· La persistance du conflit avec le Maroc s’inscrit également dans cette perspective ;

· Aspiration à s’assurer une position de choix dans l’exploitation des ressources du sous-sol de la région ;

· Ferme volonté de lutter contre l’enracinement d’une force islamique même éparse dans son voisinage qui risque de jouer le rôle de détonateur et de déclencher une réaction en chaîne déstabilisant le régime.

La conjugaison de ces éléments amène les autorités algériennes à sensibiliser le voisinage africain et à relativiser la contribution et l’implication des puissances étrangères afin d’acquérir une position de leadership régional sur cette zone jugée molle et constituant son hinterland naturel.

Conscient des connexions étroites entre certains membres du DRS et des émirs de l’AQMI, Alain Juppé, en visite à Alger le 15 juin 2011, opte pour une initiative visant à privilégier le recours à des intermédiaires algériens afin de parvenir à hâter la libération des 4 otages français détenus par la branche saharienne de l’AQMI, les négociations semblant dans l’impasse. La diplomatie française semble ainsi tendre à faire jouer les circuits parallèles caractérisant l’Etat algérien[50].

Par ailleurs, du fait de sa géographie lui permettant de contrôler les routes des flux sahéliens, cette stratégie permet à Alger de s’approprier des ressources de substitution permettant de lisser les variations du prix du pétrole. Ainsi, « l’ouverture politique, les avancées démocratiques, la lutte contre la corruption, l’assainissement des clans qui gravitent autour du pouvoir sont ainsi différés pour concentrer les efforts sur la sécurité du pays »[51]. Cette orientation trouve une légitimité supplémentaire suite aux effets collatéraux de la guerre en Libye[52].

En définitive, les répercussions favorables ou défavorables des révolutions secouant le Maghreb sur l’évolution de l’AQMI doivent être analysées à la lumière de ce tableau global mêlant une nature complexe et volatile de l’entité elle-même, une diversité d’acteurs poursuivant des objectifs stratégiques concurrents et des pesanteurs géopolitiques diverses.

Les facteurs favorables ou défavorables à la persistance de l’AQMI

Compte tenu de la complexité et de la volatilité du tableau, il est trop tôt, à ce stade, pour être en mesure de livrer un cadre théorique identifiant les facteurs structurels stimulant ou, inversement, freinant la dynamique d’évolution de l’AQMI. Quelques pistes de réflexion peuvent néanmoins être proposées.

Les facteurs favorables à la persistance de l’AQMI

Tout processus révolutionnaire bouleverse profondément une société, la nature et les modalités d’exercice du pouvoir engendrant une montée en puissance des rivalités et du désordre. L’ampleur des frustrations sociales, la montée des revendications, les inégalités sociales, économiques et politiques, la confusion et la désorganisation des pouvoirs à la recherche d’un nouvel équilibre, l’incertitude croissante, l’insécurité et le prurit anarchique qui en découlent sont autant de facteurs ouvrant une fenêtre d’opportunités à des acteurs malveillants cherchant à en tirer profit. En ce sens, cette instabilité et confusion postrévolutionnaire peut s’avérer profitable à des mouvements type AQMI. En outre, cette phase de recomposition interne des régimes engendre des exclus, des perdants et des minoritaires pouvant être tentés, par des manœuvres illicites de déstabilisation, de verser dans la violence armée nourrissant ainsi tous les extrémismes, notamment religieux. Il convient également de s’interroger sur la place de la démocratie au sein de cet espace tourmenté à l’ombre des rivalités maghrébines et des ingérences étrangères ;

L’Etat algérien n’a pas encore amorcé le processus de réforme politique, induisant la persistance de la rigidité algérienne sur fond de tensions croissantes à ses frontières[53]. Acculé, se percevant comme menacé dans son existence et sa survie, le pouvoir de l’ombre algérien peut être tenté par une fuite en avant, au recours à des stratégies dissuasives et malveillantes. Quant au fond, l’ordre maghrébin demeure fragile : l’Algérie semble s’attacher à renforcer son hégémonie et son champ d’influence sur son flanc sud sahélien à travers une instrumentalisation de la menace terroriste lui conférant le statut d’unique gendarme régional en mesure de sécuriser le théâtre sahélien. Le levier de ces stratégies pourrait être une manipulation croissante d’éléments de l’AQMI soutenus par le DRS ;

La guerre en Libye constitue un élément significatif de déstabilisation du Maghreb et du Sahel profitable à une montée en puissance de l’AQMI et de mouvements criminels. En effet, des armements lourds (dont notamment des missiles portables sol-air SA-7 à tête chercheuse[54] en mesure de menacer des hélicoptères et des avions volant à basse altitude ou d’ancienne génération, des SA-14, SA-16 et SA-18, voire des Stinger) pillés dans des hangars libyens sont cédés par divers trafiquants à des éléments de l’AQMI au risque d’embraser l’espace sahélien en menaçant notamment la couverture aérienne de la région.

Nonobstant la porosité des frontières et la défaillance des Etats, le groupe terroriste bénéficie de facilités de circulation accrues suite à la disparition du mécanisme de contrôle des frontières mis en place par Kadhafi dans le cadre de sa lutte contre AQMI et le GICL (Groupe Islamique des Combattants Libyens) : le sud libyen est devenu une véritable passoire permettant à AQMI à la fois de s’équiper en armement moderne pouvant peser sur les rapports de forces régionaux tout en s’adonnant au trafic d’armes, source de financement supplémentaire. Ainsi, « Son nouveau statut de trafiquant d’armes donne à AQMI des possibilités de coopération avec des groupes armés de la région »[55] lui permettant d’étendre significativement ses réseaux : mouvements Touaregs du Mali et du Niger, Boko Haram et MEND (Mouvement d’émancipation du Delta du Niger) au Nigéria, etc. Certains chercheurs et analystes évoquent l’apparition d’un arc terroriste en banane liant AQMI-Boko Haram et les Shebab somaliens. Certes, entre AQMI et Boko Haram, des liens conjoncturels basés sur des liens criminels et mafieux et des trafics, notamment d’armes, les premiers ayant des armes à vendre et les seconds de l’argent pour en acheter parait plausible. De là à établir une connexion organique et structurée, il y a un pas à ne pas franchir et la prudence s’impose. Ces groupes sont enracinés dans des territoires obéissant à une géopolitique différente et poursuivent des objectifs bien singuliers et qui leur sont propres sur fond de divergences idéologiques.

Comme le souligne Alain Chouet : « que Boko Haram, qui a besoin d’armes et les moyens de se les payer et les trafiquants d’AQMI, qui ont des armes à vendre, finissent par se rencontrer n’a rien de surprenant compte tenu de leur voisinage. De là à en conclure une convergence d’intérêts politiques et à une stratégie commune, il y a un pas qu’aucun élément matériel ne permet de franchir et, personnellement, je n’en vois aucun »[56].

Image d’un SA-7[57]

Dans ce cadre, la résonance de la crise libyenne affecte la stabilité du couloir sahélien déjà fortement tourmenté. En effet, toute mesure accroissant le désordre sahélien stimule et nourrit l’ensemble des acteurs malveillants. Par ailleurs, le risque d’implosion de la Libye pourrait offrir à ces acteurs une fenêtre sur la Méditerranée accroissant leur réseau d’influence au Maghreb.

La géopolitique de la Libye est avant tout la géopolitique de 140 tribus peuplant trois provinces historiquement opposées. A la faveur de l’intervention de l’OTAN et compte tenu de la nature hétérogène du CNT, l’implosion de l’équilibre tribal menace la cohésion nationale libyenne. En effet, la singularité de la Libye instaure la primauté du local, du régional puis du national témoignant de la fragilité et de la volatilité du concept de nation libyenne.

A ce stade, nous assistons progressivement à une certaine autonomisation du Sud (Fezzan) pouvant constituer les prémisses de connexions avec les régions nord du Mali, du Niger et du Tchad. Le risque existe de voir les autorités libyennes limiter leur contrôle à la côte, aux villes et aux zones de production pétrolière, abandonnant de fait le grand sud aux Touaregs et à l’AQMI. D’ores et déjà, le sud libyen semble avoir éclaté en deux entités échappant totalement au CNT : « Celle de l’ouest, peuplée par des Touaregs constitue la base arrière de l’insurrection qui embrase le nord du Mali depuis le mois de janvier dernier. Dans le centre/sud/est, des combats ont éclaté entre Toubou et Arabes. Comme il est peu probable que les ombrageux Toubou du Tchad laissent leurs frères du Nord se faire massacrer sans réagir, un autre front risque donc de s’ouvrir avec tous les risques de contagion qui en découleraient »[58]. Le système de rétribution mis en place par Kadhafi balayé, le CNT s’est avéré incapable de contrôler des périphéries frondeuses sur fond de rivalités pour le pouvoir et les richesses pétrolières et gazières. En effet, les puits pétroliers ont créé de nouvelles territorialités tribales nourrissant les convoitises et les divisions ancrées dans le temps long de l’histoire et gelées durant la période Kadhafi. Dans ce contexte, le CNT, « conglomérats d’intérêts contradictoires »[59] assiste impuissant à « un mouvement de fond où la démocratie individualiste ou les droits de l’Homme apparaissent pour ce qu’ils sont, des modes occidentales passagères bien éloignées des réalités locales »[60]. Cette réalité, amplifiée par des ingérences étrangères, se matérialise lorsqu’en optant pour le système fédéral, des chefs de tribus et de milices de l’Est ont proclamé le 6 mars 2012 l’autonomie de la Cyrénaïque ouvrant la voie à un risque de partition de la Libye. Il convient de noter que les chefs qui se sont réunis, au nombre de 3000, représentent l’ensemble des tribus de cette région de l’Est marginalisée sous Kadhafi et détenant 70% des ressources pétrolières du pays. En cas de sécession avérée, scénario inacceptable pour les autres régions du pays qui se verraient privées de l’essentiel des richesses pétrolières, le risque d’une guerre civile généralisée est réel : la menace du président du CNT, Mustapha Abdeljalil, proférée le 7 mars 2012, de recourir à la force pour s’opposer à toute autonomie de l’Est en est une illustration. Face à ce risque de balkanisation ou d’implosion de la Libye, certains chercheurs, notamment libyens[61], jugent que l’unique alternative crédible en mesure de sauvegarder l’unité de la Libye est le rétablissement de la monarchie Sénoussie.

Une Cyrénaïque indépendante[62], riche en ressources énergétiques et acquise aux occidentaux, constituerait un jalon supplémentaire, après l’indépendance du sud Soudan, dans la stratégie de sécurisation des richesses énergétiques africaines et de refoulement de la Chine. Pour les Etats-Unis en particulier, un régime libyen favorable pourrait concourir à mieux encadrer le marché pétrolier dans le cadre de rivalités croissantes avec les puissances émergentes, sécuriser Israël (isolant les positions algériennes à l’échelle maghrébine) et abriter le siège de l’Africom. Cette dynamique de partition de la Libye est certainement soutenue par l’Egypte et par certains Etats du Golfe, ces derniers n’étant pas contre l’émergence sur la rive sud de la Méditerranée d’un émirat pétrolier. Une certaine séquence est achevée, mais le drame libyen n’est pas terminé ;

L’éclatement le 17 janvier 2012 de la nouvelle rébellion touareg au Mali, en se distinguant des précédentes par ses effectifs évalués entre 2000 et 4000 hommes dont un nombre indéterminé a servi dans l’armée libyenne, leur aptitude au combat, leur formation et leur équipement miliaire et l’objectif poursuivi, à savoir l’indépendance de l’Azawad, pose un réel défi aux autorités maliennes en risquant de porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Mali. Selon André Bourgeot, « «il s’agit, au Nord du Mali, d’affrontements meurtriers entre les assaillants du MNLA, des ex de l’alliance du 23 mai et des salafistes djihadistes d’Ansar Eddin sous la direction de Iyad Ag Ghali et l’armée malienne composée de loyalistes »[63]. Se juxtaposant aux deux foyers de tension que sont Boko Haram dans le nord du Nigéria et le Polisario dans les confins algéro-maroco-mauritaniens, cette nouvelle rébellion risque d’embraser le théâtre sahélien et de menacer directement la sécurité des Etats maghrébins. Par ailleurs, partageant le même territoire, l’Azawad au nord du Mali, la rébellion touareg alimente de nouvelles vulnérabilités (défaillance accrue de l’Etat malien, instabilité chronique, voire risque de partition du Mali, flux de réfugiés, militarisation de la zone, etc.) profitables à l’AQMI. D’ores et déjà, du fait de la convergence d’intérêts, à savoir alimenter un chaos profitable à l’affaiblissement de l’Etat malien, certains Touaregs se compromettent avec les éléments de l’AQMI. Les trafics et activités criminelles en tous genres ne sont pas étrangers à cette orientation. En effet, contrairement aux rébellions précédentes, cette nouvelle rébellion dépasse le cadre strictement touareg : des trafiquants de drogue, notamment de cocaïne, y introduisent une forte composante criminelle et des terroristes de l’AQMI y prêtent main forte, notamment lors du massacre d’Aguelhok le 24 janvier 2012 où environ 100 militaires et civils maliens ont été tués par une balle dans la tête ou par égorgement rappelant étrangement le mode opératoire des terroristes islamistes. Néanmoins, tout en tenant compte d’alliances de circonstance, il convient d’être prudent : le gouvernement malien, dès le début de la rébellion, a cherché à établir une connexion étroite entre AQMI et le MNLA afin de bénéficier d’un appui inconditionnel des Occidentaux, la thèse d’une alliance objective entre les Touaregs et AQMI relançant l’hypothèse d’une guerre non plus contre des rebelles mais contre des terroristes. Cette thèse est réfutée par la hiérarchie du MNLA qui, au contraire, se réclame, en mettant en avant son identité berbère, comme le meilleur rempart contre les terroristes de l’AQMI ;

L’ingérence occidentale armée en Libye et dans une moindre mesure au Sahel alimente le sentiment croissant d’un double standard et d’une stigmatisation croissante des populations musulmanes. En effet, l’intervention militaire des puissances occidentales, décidée au nom de la responsabilité de protéger la population civile trahit une profonde contradiction. Comme le souligne A. Ounaies, « ces mêmes puissances avaient ignoré ce principe quand les peuples libanais et palestinien, dépourvus de la moindre défense aérienne, subissaient en 2006 et en 2008/9 des bombardements dévastateurs. Ces puissances s’étaient alors opposées expressément au cessez-le-feu, endossant ainsi la destruction délibérée de la population civile. Leur zèle soudain pour la protection du peuple libyen est entaché de suspicion alors même que les menaces sont toujours actuelles contre les peuples arabes, notamment le peuple palestinien. Au sein du monde arabe et dans le fond des consciences, ces puissances renient la portée universelle de leur doctrine, cautionnent l’expansionnisme et le colonialisme d’Israël et renforcent sciemment les bases de l’instabilité régionale »[64]. Cet état de fait constitue pour l’AQMI un élément supplémentaire renforçant ses capacités d’endoctrinement, de fanatisation et donc de recrutement ;

La persistance du chômage et des injustices sociales conjuguée à l’absence de progrès économiques et sociaux joue en faveur de l’AQMI. Une jeunesse désœuvrée et sans perspective d’avenir constitue un terreau idéal pour renforcer les rangs de l’AQMI et des mouvements criminels au Maghreb et au Sahel. La défaillance politique et économique des Etats sahéliens et leur incapacité, en dépit du lancement d’ambitieux programmes, à initier une réelle dynamique vertueuse de développement des régions nord constitue un facteur structurel favorable à l’enracinement du terrorisme et de la criminalité organisée.

Les freins à l’expansion de l’AQMI

Les révolutions arabes semblent marquer l’amorce d’une ère post-islamiste. En effet, les revendications des peuples soulevés ont pour leitmotiv la démocratie, la liberté et la dignité. Il s’agit pour ces peuples de relever la tête et d’écrire leur propre histoire. L’absence des Islamistes de la révolution tunisienne est révélatrice à cet égard : les leaders islamistes n’ont été ni les inspirateurs, ni les organisateurs des manifestations. Certes, la récupération politique par ces islamistes des révolutions est en cours. Néanmoins, ces nouvelles démocraties, à travers la promotion d’une philosophie inclusive de la dimension islamique, vide le substrat idéologique des mouvements terroristes prônant, face à des dictatures soumises à l’Occident, la violence aveugle comme seule alternative politique ;

A terme, si la rigidité algérienne cédait, nous pourrions assister à une réelle diffusion de la démocratie à l’échelle maghrébine, bouleversant le tableau stratégique. En effet, l’ouverture politique de l’Algérie constituerait un tournant majeur susceptible de se traduire par la fin de mouvements type AQMI. À la faveur des révolutions tunisienne et libyenne insufflant un réel vent de démocratisation constructive des sociétés maghrébines aspirant à la modernité, l’effet tache d’huile pourrait opérer et aboutir à un assainissement de la scène algérienne propice à une ouverture démocratique. A travers la promotion d’un néo-FLN, le pouvoir de l’ombre (DRS et autres) pourrait être balayé par une vague de protestations associant la jeunesse, les classes populaires et la base de l’appareil militaire aspirant à rompre avec la dérive de certains officiers généraux détournant à leur profit la rente énergétique.

En effet, en témoignent la multiplication et la durabilité des manifestations, la base populaire algérienne, acquise à la transition démocratique, érode peu à peu le niveau de résistance du régime en place et plonge d’ores et déjà le pays dans une phase pré révolutionnaire. Les dernières commandes militaires algériennes reflètent cet état de fait. En effet, selon le quotidien économique russe Vedomosti, l’agence russe d’exportation d’armes, Rosoboronexport, aurait conclu dans la célérité à l’automne 2011 un contrat de 500 millions de dollars pour la livraison à l’Algérie de 120 chars T-90, celle-ci en ayant déjà réceptionné 185 en 2010[65]. Citant une source proche de Rosoboronexport, Vedomosti précise que cette vente a été motivée par la peur des révolutions qui agitent le monde arabe : « ces contrats ont été conclus sur fond d’instabilité croissante, après les révolutions en Tunisie et en Egypte et la guerre en Libye »[66]. Alger dément ces affirmations arguant que la commande était antérieure aux événements de 2011 ;

L’ampleur de la menace terroriste au Sahel et le sens du bon voisinage stratégique dictent une collaboration étroite entre les différents acteurs de la région. La sécurité de cet océan sahélien ne saurait, comme en mer, que relever d’un effort concerté des riverains, notamment dans l’échange de renseignements, et d’une perception commune des menaces afin de dissiper des stratégies qui, pour le moment, ne convergent pas. Bien au contraire, elles se croisent, voire se neutralisent, au nom de calculs étroits. Certes, des efforts tendant à densifier la présence militaire des Etats sahéliens en vue d’amplifier leur contrôle sur leur territoire et à combler les lacunes de coopération et de coordination à l’échelle sous-régionale sont entrepris, comme en témoigne la multiplication d’initiatives à l’échelle régionale et internationale depuis le début du mois de septembre 2010.

Emerge ainsi progressivement une réelle volonté de répartition des rôles entre pays du champ et puissances étrangères afin de pacifier le couloir sahélien et lutter contre AQMI et la criminalité organisée[67]. Néanmoins, ces initiatives, salutaires, persistent à sous-estimer le poids réel des facteurs de tensions, des divergences sapant la confiance entre les pays du champ et des enjeux économiques et stratégiques attisant les convoitises au Maghreb et au Sahel. Compte tenu des convoitises, les puissances étrangères ont-elles intérêt à pacifier cet espace par des aides massives au développement ou inversement est-il de leur intérêt de laisser s’enraciner un niveau d’instabilité maîtrisable leur permettant de verrouiller cet espace ? Se pose clairement en termes stratégiques la problématique de l’objectif final recherché. A l’échelle locale, de nombreux acteurs de la scène sahélienne n’ont aucun intérêt à ce que la zone soit pacifiée. Les Etats sahéliens eux-mêmes ont-ils intérêt à éradiquer définitivement l’ensemble des facteurs d’insécurité alors même que cette insécurité, notamment la lutte contre AQMI, alimente une aide internationale souvent détournée à des fins de politique intérieure et extérieure. Par ailleurs, à titre illustratif, trois pays du Maghreb (Maroc, Tunisie et Libye) sont toujours exclus du CEMOC, ce qui témoigne de la persistance de démarches désarticulées, souvent déterminées par la sourde défiance qui divise les riverains de l’océan sahélien, alors que la menace dicte une action systématiquement concertée et non exclusive en mesure d’identifier des intérêts convergents vertueux. Toute la difficulté consiste à parvenir à articuler des logiques géopolitiques s’inscrivant dans des dynamiques locales, régionales et mondiales. La superposition de ces trois plans crée des distorsions perturbant toute stratégie inclusive visant à assurer la sécurité et le développement de cet espace.

« Face à ces tensions entre Etats, il est donc difficile de coordonner les réponses à cette insécurité régionale, d’autant que l’ordre des priorités n’est pas le même selon que l’on se trouve à Bruxelles, Paris, Alger, Bamako ou Nouakchott. Si les Occidentaux se focalisent sur la menace terroriste, la priorité locale se concentre avant tout sur l’économie, d’autant plus que les attentats ont fait perdre les recettes issues du tourisme et porté un coup au développement économique et humain de la région »[68].

Ainsi, cette région qui représente pour la Tunisie un intérêt politique et stratégique certain, est l’objet de vives convoitises et rivalités qui nous tiennent en marge des décisions engageant pourtant notre sécurité, notre environnement immédiat et nos intérêts futurs. Dans ce cadre, à l’image du Dialogue 5+5 au format défense établi en Méditerranée occidentale et compte tenu de la montée en puissance des menaces soulignant l’interdépendance accrue entre le Maghreb et le Sahel, la Tunisie pourrait œuvrer, dans un premier temps, à l’élargissement du CEMOC et dans une étape ultérieure à la mise en place d’un 5+5 sahélien intégrant les cinq pays du Maghreb et le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Nigéria. Un continuum sécuritaire serait ainsi établi entre les deux espaces en miroir que sont la Méditerranée occidentale et l’océan sahélien.

En termes de réflexion prospective, la concertation et la coopération sont donc indispensables pour la sécurité et le développement de cette région. L’intégration régionale, incluant le développement d’un marché commun, pourrait contribuer, pour reprendre l’expression proposée par Gérard-François Dumont[69], à réaliser un Sahel nostrum, voie privilégiée pour l’éradication de mouvements type AQMI. Au sein du champ des possibles, un autre scénario est parfaitement envisageable à court terme : le Sahel, implosif et balkanisé, devient, compte tenu des richesses qu’il recèle, le théâtre de rivalités exacerbées entre grandes puissances profitant de l’appel d’air, notamment libyen, pour se positionner durablement.

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[1] L’armée prend le pouvoir avec la mise en place du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD), mettant fin à une dictature de 21 ans (1984-2005) exercée par Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

[2] Lakhdar Benchiba, « Les mutations du terrorisme algérien », Politique Etrangère, IFRI, été 2009, pp. 347-352.

[3] Dans un entretien accordé au New York Times, 1er juillet 2008, http://www.nytimes.com/2008/07/01/world/africa/01algeria.html?_r=1&scp=1&sq=algeria&st=cse&oref=slogin .

[4] « Titre honorifique donné autrefois aux chefs du monde musulman (Calife), puis aux descendants du prophète ; prince, gouverneur, chef militaire arabe », Petit Robert, 2009.

[5] Conseiller du président de GEOS, société européenne spécialisée dans le management du risque.

[6] Jeune Afrique, n° 2540, 13 au 19 septembre 2009, p. 17.

[7] Sources : Yonah Alexander, « The consequences of terrorism : an update on Al-Qaeda and other terrorist threats in the Sahel and Maghreb », 2011 Report Update, Potomac Institute, janvier 2011.

[8] Yonah Alexander, « The consequences of terrorism : an update on Al-Qaeda and other terrorist threats in the Sahel and Maghreb », 2011 Report Update, Potomac Institute, janvier 2011.

[9] Yonah Alexander, « Special Update Report : Terrorism in North, West and Central Africa : from 9/11 to the Arab Spring », 2012 Report Update, Potomac Institute, janvier 2012.

[10] Source : Yonah Alexander, « Special Update Report : Terrorism in North, West and Central Africa : from 9/11 to the Arab Spring », 2012 Report Update, Potomac Institute, janvier 2012, p.4.

[11] Op.cite.p.27.

[12] Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat.

[13] Lakhdar Benchiba, « Les mutations du terrorisme algérien », Politique Etrangère, IFRI, été 2009, p. 345.

[14] Voir l’étude de François Gèze et Salima Mellah, « Al Qaida au Maghreb ou la très étrange histoire du GSPC algérien », Algeria-Watch, 22 septembre 2007, http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/geopolitique/decodage.htm.

[15] Alain CHOUET, Au cœur des services spéciaux : la menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers. Paris, La Découverte, 2011, p.231.

[16] Selon Gwendal Durand : « Depuis 2006, la recrudescence des actions terroristes islamistes, sous la nouvelle appellation plus porteuse d’AQMI, ne s’expliquerait que par l’intensification de la lutte des clans au sommet de l’Etat algérien pour le contrôle et la répartition de la manne pétrolière, considérablement accrue par l’augmentation du prix des hydrocarbures », Gwendal Durand, L’organisation d’Al Qaida Au Maghreb Islamique Réalité ou manipulations, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 83.

[17] « Il existe (selon Jeremy Keenan) des contacts étroits entre la cellule d’Abou Zaïd d’AQMI et le DRS, Zaïd étant lui-même considéré comme un agent du DRS. Pour cette raison, les habitants de la région, de plus en plus remontés contre les soi-disant activités d’Al Qaïda, se référent souvent à l’AQMI comme ‘AQMI/DRS’. Ainsi, les derniers mots attribués au colonel Lamana Ould Bou, du service malien de la sécurité d’Etat, peu avant son assassinat à Tombouctou le 10 juin 2009, furent : ‘au cœur d’AQMI, il y a le DRS…». Interview à la chaine Al-Jazeera, citée par Baudouin Loos, « vous avez dit Al-Qaida au Maghreb ? », Le Soir de Bruxelles, 12 août 2010, http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/geopolitique/decodage.htm.

[18] Pour de plus amples détails, voir CF2R, « Des associations algériennes seraient financées par la CIA », bulletin Renseignor N°708, 5 février 2012, p.5.

[19] Alain CHOUET, Au cœur des services spéciaux : la menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers. Paris, La Découverte, 2011, p.227.

[20] Keenan, Jeremy, « Terrorisme et insécurité au Sahel : une leçon de contrefaçon géopolitique »,op.cit. p. 284.

[21] Keenan, Jeremy, « Le défi de la sécurité au Sahel : perspectives en Algérie, au Maroc et en Libye », Med2011, pp.167-168.

[22] Sud-Est tunisien, région de Tataouine.

[23] Abdelaziz Barrouhi, « Kaddafi, AQMI : la double menace », Jeune Afrique, N°2628, du 22 au 28 mai 2011, p.47.

[24] Un des plus anciens activistes d’Essouna Wal Djamaâ et ayant rejoint les rangs d’Al-Qaida au milieu des années 1990.

[25] Atmane TAZAGHART, AQMI, enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe, Paris, Jean Picollec, 2011, pp.175-176.

[26] Lui-même fragilisé par les effets collatéraux de la révolution du 14 janvier 2011 débouchant sur une relative désorganisation sécuritaire conjuguée à la difficulté à accéder et à contrôler cette zone particulièrement vulnérable car à la croisée de routes de trafic et des frontières avec l’Algérie et la Libye.

[27] Source : « Weapons seizures in Tunisia apparently linked to AQIM », Stratfor, 16 mai 2011, http://www.stratfor.com/analysis/20110516-weapons-seizures-tunisia-apparently-linked-aqim, consulté le 4 juin 2011.

[28] Stéphanie PLASSE, « Mali : la guerre derrière un rideau de sable », SlateAfrique, 7 mars 2012, http://www.slateafrique.com/83735/mali-armee-guerre-rebellion-touareg-niger-aqmi, consulté le 7 mars 2012.

[29] « Riposte d’Al-Qaïda en Mauritanie après une opération l’ayant visée au Mali », L’Express, 6 juillet 2011, http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/riposte-d-al-qaida-en-mauritanie-apres-une-operation-l-ayant-visee-au-mali_1009788.html, consulté le 9 juillet 2011.

[30] Ancien directeur du Service de renseignement de sécurité à la DGSE.

[31] Interviewé par l’auteur le 16 avril 2010 à Paris.

[32] Vincent HUGEUX, L’Afrique en face : dix clichés à l’épreuve des faits. Paris, édition Armand Colin, mai 2010, p.54.

[33] Interview accordée par M. Alain CHOUET à RFI le 30 septembre 2010.

[34] Interview de Monsieur Alain Chouet via internet réalisée par l’auteur le 21 février 2012.

[35] Benjamin ROGER, « Le Maroc est une cible au même titre que l’Algérie ou la Tunisie », Le Soir Echos, 4 juillet 2011, http://www.lesoir-echos.com/2011/07/04/%C2%ABle-maroc-est-une-cible-au-meme-titre-que-l%E2%80%99algerie-ou-la-tunisie%C2%BB/, consulté le 9 juillet 2011.

[36] Christophe CHAMPIN, Afrique noire, poudre blanche : l’Afrique sous la coupe des cartels de la drogue, Bruxelles, André Versaille, 2010.

[37] Initialement association créée le 18 octobre 1990 avec pour objectif de promouvoir le multipartisme au Mali, le Comité national d’initiative démocratique devient un parti politique malien le 6 juin 1991 sous la dénomination de Congrès national d’initiative démocratique.

[38] Christophe BOISBOUVIER, « AQMI, la fin de la politique de l’autruche », Jeune Afrique, N°2632 du 19 au 25 juin 2011, p.29.

[39] Trafics illicites, notamment de cocaïne, et participation en tant que négociateurs dans la libération des otages occidentaux, constituent des leviers d’enrichissement rapides de nombreux politiques, militaires et notables de la scène malienne.

[40] Modibo GOITA, « Nouvelle menace terroriste en Afrique de l’Ouest : contrecarrer la stratégie d’AQMI au Sahel », Centre d’Etudes Stratégiques de l’Afrique (CESA), Bulletin de la Sécurité Africaine, N°11, Février 2011, p.2.

[41] Jeremy KEENAN, « Terrorisme et insécurité au Sahel : une leçon de contrefaçon géopolitique », In. Sous la dir. Bertrand BADIE et Dominique VIDAL, La fin du monde unique, 50 idées forces pour comprendre l’Etat du monde 2011. Paris, La Découverte, 2010, p.284.

[42] Zine CHERFAOUI, « Derrière AQMI se cache un projet de recolonisation de l’Afrique », El Watan, 12 octobre 2010, http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/geopolitique/recolonisation_afrique.htm, consulté le 15 octobre 2010.

[43] Sources : Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Gas_pipelines_across_Mediterranee_and_Sahara_map-en.svg

[44] Elisabeth STUDER, « Vers une déstabilisation du Sahel après la Libye ? », Leblogfinance, 5 mars 2011, http://www.leblogfinance.com/2011/03/vers-une-destabilisation-du-sahel-apres-la-libye.html, consulté le 9 juillet 2011.
[45] Sofiane AYACHE, « L’Algérie ne veut pas de drones français et américains au Sahara », Le Matin DZ/ El Khabar, 10 décembre 2011, http://www.lematindz.net/news/6556-lalgerie-ne-veut-pas-des-drones-francais-et-americains-au-sahara.html, consulté le 15 janvier 2012.
[46] CF2R, bulletin Renseignor, N°700, 4 décembre 2011, p.2.

[47] CF2R, bulletin Renseignor, N°706, 22 janvier 2012, p.7.

[48] Interview d’un haut cadre du ministère des Affaires étrangères malien spécialiste des questions de défense. Propos recueillis lors d’un voyage de recherche à Bamako, 15 octobre 2010.

[49] Karim AIMEUR, « Ould Kabila l’a affirmé ce jeudi : le terrorisme est réduit et contenu », L’Expression, 17 mars 2012, http://www.lexpressiondz.com/actualite/150194-le-terrorisme-est-reduit-et-contenu.html, consulté le 18 mars 2012.

[50] Samuel BENSHIMON, « AQMI, Juppé tente la piste du DRS pour la libération des otages français », Sahel Intelligence, 15 juin 2011, http://sahel-intelligence.com/anti-terrorisme/169, consulté le 20 juin 2011.

[51] Durand, Gwendal, L’organisation d’Al Qaida Au Maghreb Islamique Réalité ou manipulations, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 98.

[52] Lors d’une conférence de presse à la résidence d’Etat Djenane El Mithak le 1er juin 2011, le ministre algérien délégué, chargé des affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a clairement établi le lien entre la récupération d’armements sophistiqués par des groupes terroristes affiliés à l’AQMI en Libye et la récente recrudescence des actes terroristes en Algérie qualifiant la Libye de dépôt d’armes à ciel ouvert. Cf. Z. Mehdaoui, « Libye, Africom, G8, otages algériens : les clarifications de Messahel », Le Quotidien d’Oran, 2 juin 2011, http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/ligue_arabe/clarifications_messahel.htm, consulté le 3 juin 2011.

[53] Avance démocratique en Tunisie, processus d’ouverture politique par la réforme au Maroc, instabilité libyenne et rébellion touareg au Mali.

[54] Missiles pouvant abattre un avion ou un hélicoptère à 5 Km guidés par la chaleur des moteurs.

[55] Bérangère ROUPPERT, « Al Qaida au Maghreb islamique : quelles réponses pour quelles menaces ? », Les nouvelles du GRIP, N°62, 4ème trimestre 2011, p.6.

[56] Interview de Monsieur Alain Chouet via internet réalisée par l’auteur le 21 février 2012.

[57] « Le 9K32 ou Strela (Code OTAN SAM-7) est un missile sol/air à très courte portée de conception soviétique et à guidage infrarouge. C’est un missile de très grande autonomie et qui ne produit que très peu de signaux détectables. Il présente l’avantage de se porter à l’épaule grâce à son lanceur en plastique. Redoutable contre les hélicoptères, il a prouvé son efficacité lors de divers conflits, notamment en Afghanistan. Il peut atteindre, à une distance de 3 kilomètres, une cible volant à une altitude de 750 mètres avec une vitesse de 1 000 km/h », Mounir KECHAR, « l’AQMI s’est procuré de la Libye des missiles sol-air Strela », 20 avril 2011, http://www.algerlablanche.com/thematiques/index.php?l-aqmi-ex-gspc-sest-procure-de-la-libye-des-missiles-sol-air-strela, consulté le 20 juin 2011.

[58] Bernard LUGAN, « Libye : un an plus tard (point de situation le 18 février 2012), realpolitik.tv, 19 février 2012, http://www.realpolitik.tv/2012/02/libye-un-an-plus-tard-point-de-situation-le-18-fevrier-2012/, consulté le 25 février 2012.

[59] Bernard LUGAN, « L’éclatement de la Libye : un scénario annoncé », realpolitik.tv, 8 mars 2012, http://www.realpolitik.tv/2012/03/bernard-lugan-leclatement-de-la-libye-un-scenario-annonce/, consulté le 9 mars 2012.

[60] Ibid

[61] Voir interview Mohamed Albichari, consultant franco-libyen et auteur du livre « Le cauchemar libyen », rubrique « L’invité Afrique », RFI, 9 mars 2012, http://www.rfi.fr/emission/20120309-mohamed-albichari-consultant-franco-libyen-auteur-livre-le-cauchemar-libyen, consultée le 9 mars 2012.

[62] Région, qui pour des raisons historiques et géographiques, fut toujours une région frondeuse à l’égard du régime libyen. Il y a donc un substrat historique et géopolitique favorable à une éventuelle partition du pays.

[63] Stéphanie PLASSE, « Mali : la guerre derrière un rideau de sable », SlateAfrique, 7 mars 2012, http://www.slateafrique.com/83735/mali-armee-guerre-rebellion-touareg-niger-aqmi, consulté le 7 mars 2012.

[64] A. Ounaies in « le renouvellement du projet moderniste tunisien », ouvrage à paraître en 2011.

[65] Voir « L’Algérie achète 120 chars de guerre à la Russie », RFI, 15 février 2012, http://www.rfi.fr/afrique/20120215-algerie-achete-120-chars-guerre-russie-defense, consulté le 20 février 2012.

[66] Voir également sur commande d’armes algériennes : Farouk DJOUADI, « La Russie livre 120 chars T-90 à l’Algérie », Maghreb Emergent, 14 février 2012, http://www.algeria-watch.org/fr/article/mil/chars_russes_livres.htm, consulté le 20 février 2012.

[67] Cette orientation est à analyser au prisme de la guerre en Libye bouleversant les repères, accroissant les risques de déstabilisation pour les pays sahéliens et l’Algérie. Une fois la menace écartée, le retour des antagonismes et des méfiances ancrés dans le temps long de l’histoire n’est pas à exclure.

[68] Jean-Christophe Victor, « Le Sahel, nouvelle zone grise », Le Dessous Des Cartes Itinéraires Géopolitiques, éditions Tallandier/ARTE éditions, 2011, p.124.

[69] Notamment lors de sa conférence à la Sorbonne sur « La géopolitique des populations du Sahel » le 17 mai 2010. Gérard-François Dumont a proposé formule à l’image de la Mare nostrum des Romains.

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