La Marche des Femmes ou la Balade des Gens Heureux .. Par Samar Miled

La journée du 21 janvier 2017 aura été marquée par le mouvement presque international qui a secoué les Etats-Unis et d’autres grandes villes à travers le monde : « La Marche des Femmes », événement de grande envergure qui a été initié en réponse à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Donald Trump, le 45ème président des Etats-Unis d’Amérique, le 45ème « maître du monde » a pris les rênes démocratiquement, son ascension politique a dû réjouir ses partisans, et a dû rendre heureux ses milliers d’électeurs : des gens « à tendances » islamophobes, homophobes, xénophobes et la liste des phobies dont ils sont atteint est encore bien longue…

Mais revenons sur l’adjectif « heureux ». Sont-ils véritablement heureux, ces gens qui s’assoupissent bercés par la haine ? Sont-ils véritablement heureux ces gens qui voient « tout blanc », et qui restent insensibles aux couleurs du monde ? Ils peuvent parcourir la terre entière et appeler ça voyage, mais ils se déplacent sans jamais voyager vraiment, tant qu’ils n’épousent pas les cultures multicolores des pays qu’ils visitent.

Chez eux, ils s’extasient devant leurs sushis mais dénigrent « le jaune » qui enchante leurs papilles. Ils mangent probablement mexicain de temps en temps, pour donner du piquant à leurs repas, mais ils rêvent tous d’un mur gigantesque qui viendrait les protéger du cauchemar mexicain.

Ils ont tous, sans le moindre doute, dansé un jour sur les rythmes fous de Gloria Gaynor. Qui n’a pas chanté « I will survive », au moins une fois dans sa vie, au moins un soir de réveillon ? S’ils ne dansent pas, quand la chanson passe à la radio, ils la fredonnent ou la connaissent par cœur ; mais ils rêvent tous d’un pays où les cordes vocales de la brune ténébreuse, se glisseraient comme par magie dans le larynx d’une blanche comme neige, qui s’endimanche pour aller à l’Eglise, qui jure sur la Bible qu’elle « aimera son prochain », mais qui, en votant pour Trump, affiche son désir violent de voir ses voisins arabes, noirs, musulmans, homosexuels ou asiatiques, couler en masse dans l’océan Atlantique.

Sont-ils véritablement heureux, ces blancs qui cachent une noirceur ? Ces personnes, qui de l’art ne connaissent que le nom et de la vie ne connaissent que l’argent ? Qu’ils sont tristes, ces portraits figés, qui demeurent inertes devant l’effervescence du monde, qui ont peur de la musique d’une langue étrangère, et qui vivent en reclus dans une terre pourtant sans frontières.

Et qu’ils sont heureux, ces musulmans qui ont marché avec les défenseurs des droits LGBT, et ces hommes qui ont rejoint les femmes, sans avoir honte de participer à un mouvement appelé « La Marche des Femmes » ; et ces autres blancs, les rescapés de la Fièvre de Trump, qui se sont mélangés à l’arc-en-ciel de la liberté.

Ils sont heureux d’être libres, « ces gens-là » ; d’être capables de vivre sans complexes, de cohabiter sans éprouver le besoin de s’encelluler, de prier sans avoir peur d’être jugés… Et ils courront sur les braises « ces gens-là », et ils danseront sous la pluie.

Pourquoi écrire sur Trump me répondrait-on ? Notre Printemps Tunisien nous suffit, les tempêtes qui terrassent les autres ne nous concernent pas.

Mais non voyons, je suis non seulement une femme, mais une femme arabe et qui plus est, musulmane… De ce fait, tous ces gens qui me ressemblent et qui habitent loin, mais aussi ceux qui ne me ressemblent pas, COMPTENT.

En ces temps de guerre, Trump devient un symbole : son idéologie traversera le monde comme une épidémie ; mieux vaut donc prévenir que guérir.

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