Incident entre les marines russe et britannique en Mer Noire .. Par Yves Bourdillon

Moscou affirme avoir dû effectuer des tirs de semonce contre un destroyer du Royaume-Uni qui aurait pénétré dans ses eaux territoriales ce mercredi. Un incident sans précédent dans une période de tension entre le Kremlin et les pays occidentaux. Londres dément.

C’est un incident peut être sans précédent depuis la guerre de Crimée ayant opposé, notamment, les deux pays en 1853-1856, qui a impliqué ce mercredi les marines russe et britannique en Mer Noire. Le Kremlin a affirmé que des tirs de semonce avaient dû être tirés par un patrouilleur russe contre le destroyer HMS Defender, qu’elle accuse d’avoir mené des « actions dangereuses » en pénétrant dans ses eaux territoriales au large de la Crimée. L’ambassadeur britannique a été convoqué par le ministère russe des affaires étrangères, qui exige une enquête sur les menées de son destroyer. Moscou ajoute qu’un avion Su-24M a effectué un « bombardement de précaution le long du parcours du destroyer ».

C’est avec un flegme tout britannique que la marine du Royaume-Uni a accueilli les affirmations russes. « Nous pensons que les Russes menaient un exercice d’artillerie en mer Noire », a déclaré le ministère britannique, qui dément que le moindre tir de semonce ou largage de bombes ait visé son navire, lequel effectuait « un passage innocent dans les eaux territoriales ukrainiennes ». Kiev en mauvais termes avec Moscou depuis lors, a dit voir dans cet incident le prolongement de « la politique agressive et provocatrice » de Moscou en mer Noire et en mer d’Azov.

Tensions entre Moscou et l’OTAN
Cet accrochage russo-britannique, s’il a bien eu lieu, intervient à quelques jours des manoeuvres militaires Sea Breeze 2021, qui doivent se tenir du 28 juin au 10 juillet en mer Noire. Ils impliquent les Etats-Unis, d’autres pays de l’Otan et l’Ukraine, ce que Moscou voit d’un très mauvais oeil. La Crimée a été annexée par la Russie en 2014 après une opération de « guerre hybride » au détriment de l’Ukraine, annexion reconnue par quasiment aucun pays au monde. Quelques heures avant l’incident, le président Vladimir Poutine avait répété que son pays était « préoccupé par le renforcement en cours des capacités et infrastructures militaires de l’Otan à proximité des frontières russes ».

La Russie a mené dans cette région plusieurs exercices militaires ces derniers mois, y compris via le déploiement temporaire de plus de 100.000 soldats aux frontières ukrainiennes et en Crimée en avril, une démonstration de force qui avait suscité de vives tensions avec l’Occident. Moscou avait invoqué de simples manoeuvres et affirmé avoir retiré ses troupes, mais l’OTAN avait soutenu que la majorité des soldats étaient restés déployés.

Les «interceptions» (accompagnement à très courte distance avec parfois messages radios intimant ordre de changer de trajectoire, suivi ou non d’effets) d’avions occidentaux par des aéronefs russes, et réciproquement, ainsi que l’équivalent entre navires se frôlant plus ou moins , sont fréquents, surtout depuis une demi-douzaine d’années en Atlantique nord et Mer Baltique, mais aussi une fois… dans la Manche, mais des tirs de semonce sont sans précédent. La Russie a aussi annoncé mercredi avoir intercepté un avion espion américain au-dessus de la mer d’Okhotsk, en extrême orient.

Yves Bourdillon

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