Ghardaïa en sang : Bouteflika convoque une réunion d’urgence, l’opposition pointe la « vacance du pouvoir »

22 morts. C’est le dernier bilan – hélas provisoire – des violences qui ont marqué les villes de Berriane et surtout Guerrara au cours des dernières 48 heures. Quatre personnes ont succombé à leurs blessures mercredi en milieu de journée. Le journal El Watan donne le chiffre de 25 morts et près d’une centaine de blessés en 72 heures

Les quatre décès enregistrés aujourd’hui faisaient partie des nombreux blessés dans un état grave enregistrés dans l’une des pires poussée de violences inter-communautaires à Ghardaïa qui connait une situation de crise endémique depuis deux ans.

C’est la ville de Guerrara qui enregistre le plus grand nombre de victimes. 19 morts dont « une déplorée mardi suite à des projectiles lancés par des inconnus » rapporte l’agence APS..Deux autres personnes ont été tuées mardi à Berriane et une autre à Ghardaïa.

Des médias rapportant des témoignages sur place font état d’usage d’armes à feu, une première inquiétante depuis deux ans. Un important dispositif policier a été mobilisé par les forces de l’ordre qui ont abondamment utilisé le gaz lacrymogènes pour disperser les groupes antagonistes.

Réunion d’urgence à la présidence

Une réunion d’urgence a été convoquée par le président Abdelaziz Bouteflika pour examiner la situation qui prévaut à Ghardaïa, rapporte l’APS en citant une source proche de la présidence de la République.

La réunion regroupe le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, et le ministre d’Etat, directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia.

La réunion porte sur la situation dans la wilaya suite aux incidents qui ont fait plus d’une vingtaine de morts et de nombreux blessés à Ghardaïa et à Berriane.

L’annonce de cette réunion intervient alors que l’action – ou l’inaction – des autorités est fustigée par les partis politiques mais également par la Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme qui estime que la « défaillance » de l’Etat est « flagrante ».

Le secrétaire général du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a mis en cause la responsabilité de l’Etat et du gouvernement qui souligne-t-elle a « la responsabilité politique de la situation à Ghardaïa ».

« L’absence » du président Boutemflika

Louisa Hanoune critique un gouvernement « calfeutré » à Alger et qui se contenter d’envoyer « l’armée et la police » qui ne peuvent résoudre à eux seuls le problème. Or, estime-t-elle, ce qui se joue à Ghardaïa, « c’est la dislocation » de l’Algérie.

Sofiane Djilali, président de Jil Djadid et Ali Benflis, président de Talaiou El mettent en cause une dégradation de la situation à Ghardaïa sur le compte de la « vacance du pouvoir ».

Ce qui se passe à Ghardaïa est « est à mettre au compte de la vacance du pouvoir, de l’illégitimité des institutions, de leur absence de crédibilité et de la perte de confiance dont elles sont l’objet de la part des citoyens de la région » a indique Ali Benflis en observant que le « sommet de l’Etat » a fait preuve d’un « silence » et d’une « inaction inacceptables et intolérables » alors que cette crise risque d’avoir un impact grave sur « l’unité nationale et la sécurité du territoire ».

Sofiane Djilali abonde dans le même sens en relevant « l’absence » du président alors qu’il aurait dû être immédiatement sur place. « Monsieur Bouteflika s’occupe de son image et de sa santé et a oublié le pays qu’il laisse sombrer dans la crise. Bouteflika est comptable, personnellement, des morts qu’il y a eu à Ghardaïa » a-t-il indiqué.

Pour le RCD, la « tragédie » qui se joue à ciel ouvert avec « circonstance alarmante » usage d’armes à feu  » montre une fois de plus « l’incurie et l’incompétence notoires d’un système en perte de vitesse et qui mène inexorablement le pays à une véritable impasse institutionnelle et à un incontestable chaos. (…)

Le RCD note que la réalité est bien loin des « assurances oiseuses » du gouvernement qui « œuvre par tous les moyens à occulter la réalité caractérisée par la vacance du pouvoir, la déliquescence des institutions et une véritable faillite de l’État ».

Abderrezak Makri, président du Mouvement de Société de Paix (MSP) souligne dans un communiqué que la situation à Ghardaïa est d’une « extrême gravité » et que la situation est devenue une menace pour la sécurité des citoyens et l’unité du pays.

« L’absence de l’Etat dans cette région chère est incompréhensible » tout comme l’absence d’une intervention des « appareils de sécurité durant des heures » alors que des Algériens s’affrontaient. Makri appelle les autorités officielles à assumer son « devoir de stopper la fitna (sédition) et d’y mettre fin ».

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