Formation du gouvernement : Kaïs Saïed à la rescousse

La formation du prochain gouvernement est tant attendue. Tout le monde retient son souffle pour savoir qui succèdera à Youssef Chahed à la tête du gouvernement au cours des prochaines semaines. Les concertations et les négociations entre les partis politiques ont déjà commencé. A l’exception de certains partis, comme le Parti destourien libre (PDL) et QalbTounes, qui ont affirmé qu’ils ne gouverneront jamais avec le mouvement Ennahdha pour différentes raisons. Idem pour ce parti d’ailleurs. Et à vu d’œil, la formation du gouvernement va être difficile à se réaliser.

La tâche sera donc rude pour le mouvement Ennahdha, parti vainqueur aux récentes élections législatives. Et le risque d’une nouvelle crise politique semble peser.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le président de la République, KaïsSaïed, a au cours de ses derniers jours multiplié des rencontres avec plusieurs personnalités politiques : Rached Ghannouchi (Ennahdha), Selim Azzabi (TahyaTounes), Nabil Karoui (QalbTounes), Seif Eddine Makhlouf (coalition Al Karama), Mohamed Abbou (Attayar), Zouhaier Maghzaoui (mouvement Achaâb) et Youssef Chahed (chef du gouvernement).

En effet, Rached Ghannouchi a indiqué qu’au cours de cette rencontre, il a fait part au chef de l’Etat le niveau d’avancement des concertations établies entre Ennahdha les partis politiques et les organisations nationales pour la formation du nouveau gouvernement.

De son côté, Zouhaier Maghzaoui a présenté la vision du mouvement Achaâb de l’avenir de la gouvernance en Tunisie ainsi que l’approche du parti concernant les concertations autour de la formation du gouvernement.

Et enfin, Nabil Karoui qui, sans grande surprise, a exprimé sa disposition à faire partie des concertations et a appelé à accélérer la formation d’un gouvernement ayant un fort appui politique afin de faire face aux défis de la prochaine étape.

D’ailleurs, l’ancien candidat à l’élection présidentielle n’est pas le seul à avoir appelé à la nécessité d’accélérer la formation d’un nouveau gouvernement. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a, à titre d’exemple, appelé les partis politiques à former au plus vite un nouveau gouvernement, compte tenu de la situation délicate du pays et de la nécessité de surmonter les nombreux échecs connus au cours de ces dernières années.

Toutefois, certains partis politiques ont au début placé la barre assez haute pour faire leur entré au prochain gouvernement et ont finalement préféré se retirer complétement. Exemple: Samia Abbou, députée et dirigeante d’Attayar, a révélé que si son parti fait son entré dans le prochain gouvernement après qu’Ennahdha ait accepté ses conditions, cette décision serait considérée comme une énorme déception pour ses électeurs.

Elle a également expliqué que les conditions posées par son secrétaire général, Mohamed Abbou, « ne changeront pas car elles sont la garantie qu’on reste cohérents avec notre vision, notre programme et nos valeurs».

Petit retour en arrière : Après les élections législatives, Mohamed Abbou avait indiqué au plateau d’Al Hiwar Ettounsi que son parti ne participera au gouvernement que si les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Réforme administrative seront des prérogatives d’Attayar. Des conditions qui seront donc assez dures pour être acceptées par Ennahdha qui rappelons-le veut absolument avoir entre les mains les principaux départements à savoir : l’Intérieur et la Justice. Et les négociations seront donc un casse-tête pour Ennahdha afin de faire convaincre Attayar de baisser un tout petit peu cette barre. Quoi que le dirigeant d’Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, semble être assez optimiste lorsqu’il avait déclaré, il y a quelques jours, que son parti a gagné au fil de ses dernières années de l’expérience en matière de négociation dans la formation d’un gouvernement.

« Certaines rumeurs disent qu’Ennahdha ne sera pas capable de former le prochain gouvernement. C’est totalement faux! », avait-il lancé sur un ton fier tout en assurant qu’aucours des négociations, certains partis expriment clairement leurs positions tandis que d’autres optent pour une stratégie bien déterminée.

Quoi qu’il en soit, la formation du prochain gouvernement fait suffisamment jaser et la majorité des Tunisiens attendent avec impatience qui sera à la tête de chaque département. Certains ont même estimé que les séries de rencontre du président de la République sur la formation du gouvernement sont assez ambiguës. Le chef de l’Etat essaierait même, selon eux, de « mettre en place un gouvernement du président ».

Réagissant à ses suppositions, Ridha Chiheb Mekki, connu sous le nom de « Ridha Lénine », a expliqué que les discussions autour du « gouvernement du président » étaient anticipées et que la formation du gouvernement doit à ce stade s’effectuer en recourant uniquement à la Constitution. Ridha ChihebMekki, connu pour avoir été le cerveau de la campagne présidentielle de KaïsSaïed, a également indiqué que les textes de loi déterminent les modalités de la formation du gouvernement ainsi que les éventuels scénarios qui pourraient se présenter.

« Le parti vainqueur aux élections législatives est chargé de choisir un de ses membres pour être chef du gouvernement et de former un gouvernement après avoir effectué des négociations avec plusieurs partis politiques. S’il a été incapable d’accomplir cette tâche, nous appliquerons les dispositions de la constitution», a-t-il aussi déclaré au micro de Mosaïque FM.

Ridha Lenine fait ici allusion à l’article 89 de la constitution qui stipule : « Si le gouvernement n’est pas formé au terme du délai fixé ou si la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple n’est pas obtenue, le président de la République engage, dans un délai de dix jours, des consultations avec les partis, les coalitions et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité la mieux à même d’y parvenir de former un gouvernement, dans un délai maximum d’un mois. Si dans les quatre mois suivant la première désignation, les membres de l’Assemblée des représentants du peuple n’ont pas accordé la confiance au gouvernement, le président de la République peut dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple et convoquer de nouvelles élections législatives dans un délai de quarante-cinq jours au plus tôt et de quatre-vingt-dix jours au plus tard ».

Malheureusement, il faut dire que la majorité des partis politiques ne s’entendent pas et la formation de ce gouvernement sera à priori un vrai cauchemar non seulement pour les dirigeants mais aussi pour les Tunisiens qui attendent avec impatience de connaître les noms des ministres. La situation économique et sociale de la Tunisie est de plus en plus difficile et les Tunisiens ne savent plus comment s’en sortir. Le président de la République aura donc du pain sur la planche pour arriver à faire entendre raison aux partis politiques et que les tensions puissent enfin baisser d’un bon niveau.

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