Environ 9 Tunisiens sur 10 trouvent l’économie mauvaise ou très mauvaise, selon un sondage IRI

C’est ce mercredi que le gouvernement échafaudé par Elyès Fakhfakh passera sur le gril de l’Assemblée des représentants du peuple pour obtenir le sauf-conduit pour un office qui, s’accorde-t-on à prévoir, ne sera pas de tout repos, voire immensément éprouvant. C’est que les défis qu’il aura à relever sont exceptionnellement sérieux renvoyant à des urgences qu‘il va falloir gérer autrement que sur le mode que l’avaient été celles des précédents gouvernements.

De toute évidence, il s’agira de s’atteler à de graves problèmes économiques qui ont un tout aussi grave pendant social, alors que les Tunisiens, en se rendant aux urnes pour les dernières Législatives et le scrutin présidentiel, donnaient mandat à leurs futurs gouvernants de délivrer, sur le pouce et sans autre forme de procès, des résultats qui soient à la hauteur de la confiance témoignée et des attentes longtemps différées.

La politique va moins mal !

Pendant cette période difficile, les citoyens tunisiens ont été très majoritairement préoccupés par un seul problème : l’économie, souligne l’IRI (International Republican Institute) en exergue d’un sondage où 87 % des personnes interrogées estiment que l’économie tunisienne est “mauvaise” ou “très mauvaise”. Lorsqu’il leur a demandé quelle devrait être la principale priorité du gouvernement, les questions économiques ont constitué quatre des cinq premières réponses. Mais la majorité des sondés estime que le gouvernement ne fait pas assez pour s’occuper de l’économie à l’heure actuelle. Pour la plupart, ils affirment que le gouvernement fait un “mauvais” travail pour encourager l’investissement (53 %) et créer des emplois (72 %), et la majorité pense que le Parlement (75 %), les partis politiques (69 %) et les ministères (62 %) ne font “rien” pour répondre aux besoins des gens ordinaires.

L’incapacité des gouvernements successifs à répondre à ce mécontentement économique a accentué la méfiance des électeurs et a limité la capacité du nouveau gouvernement à entreprendre des réformes audacieuses. Pourtant, malgré la frustration suscitée par l’absence de progrès économiques et d’autres priorités essentielles, les Tunisiens font preuve d’un optimisme prudent à l’égard du processus politique dans son ensemble – ce qui offre au nouveau gouvernement l’occasion de combler le déficit de confiance et de répondre aux besoins des citoyens, fait remarquer l’IRI.

Des réformes « réelles et indispensables »

Pendant la majeure partie de la période post-révolutionnaire en Tunisie, une majorité croissante a déclaré que le pays allait dans la mauvaise direction. Cependant, les élections ont eu tendance à apporter de modestes améliorations sur ce front. Par exemple, le pourcentage de Tunisiens qui ont déclaré que le pays était sur la bonne voie a presque triplé, passant de 8 % dans l’enquête préélectorale de l’IRI à 23 % aujourd’hui, ce qui n’est pas lopin des développements positifs sur cette question autour des élections de 2011 et 2014, et de la promulgation de la nouvelle constitution en 2014. Pour la première fois dans le sondage de l’IRI en Tunisie, une majorité des personnes interrogées (54 %) affirme que le vote leur permet de se prononcer sur la façon dont le gouvernement gère les choses, et 70 % des personnes interrogées dans cette enquête affirment que les gens ordinaires sont “susceptibles” d’influencer les décisions prises en Tunisie , une augmentation de 14 % depuis janvier 2019, la dernière enquête de l’IRI avant les élections.

La foi croissante dans le processus démocratique offre au nouveau gouvernement l’occasion de montrer aux Tunisiens qu’ils sont capables de tenir la promesse de la démocratie. Mais pour ce faire, il doit s’attaquer aux problèmes qui importent le plus à la population, estime l’IRI.

Lorsque le nouveau gouvernement tunisien entrera enfin en fonction, il devra rendre des comptes à une population qui en a assez des demi-mesures et qui veut voir réussir la promesse de sa révolution démocratique. Les dirigeants politiques doivent saisir ce moment pour mettre en place des réformes réelles et indispensables, sous peine de compromettre les progrès réalisés sur la voie de la démocratie en Tunisie, conclut-il.

Traduction & synthèse : AM

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