Enseignement des langues en Tunisie : défauts et solutions … Par Samar Miled‏

Pourquoi nos étudiants arrivent à l’université, incapables de parler une langue, n’importe laquelle, sans imperfections ?

Ils n’arrivent pas à aligner deux mots en français, en anglais ou en arabe, ils n’arrivent pas à  parler une langue correctement, parce qu’ils ne l’ont jamais « digérée ». Comme notre estomac digère mal les aliments qu’il n’apprécie pas ; notre cerveau n’accepte pas de se nourrir d’une information qu’il reçoit à contrecœur (dans ce cas, peut-être, devrait-on l’appeler : information reçue « à contre-cerveau »).

Ce n’est pas uniquement la faute aux élèves, qu’on juge paresseux et sans ambition. Notre système éducatif est rébarbatif pour beaucoup de lycéens intelligents mais ennuyés. Ils n’affichent aucun intérêt pour une langue qu’on leur transmet sans passion et sans originalité.

Nos anciens professeurs,  la bonne « vieille école », étaient et demeurent admirables: leur passion pour leur travail, la méthodologie qu’ils adoptent, leur savoir-faire sont les piliers d’une éducation saine et solide ; mais la vérité est qu’aujourd’hui cela ne suffit plus. Nos enfants, à 4 ans ne jouent plus à la marelle, ne grimpent plus aux arbres, n’aiment pas cache-cache ; ils préfèrent les tablettes, ils se disputent un téléphone quand ils en trouvent-un à la portée et ils adorent prendre des photos. Beaucoup de nos élèves à l’école primaire ont un compte Facebook. Les moyens de divertissements ont changé, les outils ont évolué. Par conséquent, le cahier et le crayon, seuls, ne sont plus à la mode. L’apprentissage de l’alphabet en chœur n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant pour un élève qui attend impatiemment de rentrer chez lui pour télécharger la dernière version d’un jeu vidéo ou le dernier épisode de son manga préféré. Il faudrait donc adapter le système éducatif et les méthodes d’enseignement aux cerveaux modernes. Par ailleurs, si dans plusieurs régions, les enfants n’ont pas encore accès aux technologies modernes, il serait temps de les leur introduire pour leur permettre d’avancer au même rythme que leurs camarades des grandes villes ; parce qu’il est aberrant de voir des enfants du même âge, grandir dans des milieux différents, dans une inégalité absolue.

Développons : comme les vieilles méthodes ne sont plus conseillées, il faudrait former les professeurs concernés pour qu’ils soient à même d’enseigner les langues en films (historiques, documentaires etc.…), en pièces de théâtre, en chansons… (J’insiste : il faut équiper les institutions scolaires de projecteurs et de lecteurs-CD) afin de rendre les cours de langues plus attrayants, et de transformer la salle de classe en un espace d’échange et d’ouverture sur le monde.

En outre, il ne faut pas oublier qu’une langue qu’on apprend, c’est une culture qu’on découvre dans la bonne humeur, mais que c’est aussi un accent étranger que le professeur doit maîtriser à la perfection avant de pratiquer sa profession. Le français « tunisifié » et l’anglais  arabisé, que certains professeurs apprennent à leurs élèves, contribuent à la baisse alarmante du niveau scolaire des apprenants.

Si l’état ne peut pas multiplier les voyages linguistiques et les échanges scolaires internationaux pour les élèves, faute de moyens, le ministère de l’éducation devrait au moins en faire bénéficier les professeurs fraîchement recrutés. Les séjours linguistiques et les formations continues, permettraient aux professeurs d’améliorer leurs compétences phonétiques et linguistiques, afin de transmettre leurs acquis à leurs élèves, sans risquer de compromettre toute une génération en lui apprenant le fond en bonne et due forme, et en négligeant l’importance de l’aspect extérieur d’une langue.

En somme, pour sauver les futures générations, la Tunisie doit investir dans l’Enseignement et dans la Recherche : le cadre enseignant et les élèves sont appelés à faire des efforts, les programmes scolaires ont besoin d’être changés, les conditions de travail doivent être améliorées et les professeurs ont plus que jamais le droit d’exiger d’être mieux formés et un peu plus respectés.

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