Ecoles publiques Vs Ecoles privées : la querelle des anciens et des modernes ! … Par Nesrine Boukadi Jallouli

Le débat reflue à la surface à la veille de chaque rentrée scolaire et les opinions, toujours partagées entre pour et contre, conduisent à l’impasse chez bon nombre de parents. Les statuts envahissent les réseaux sociaux, les parents demandent de l’aide pour assouvir leur étrange inquiétude. Le choix obsessionnel de la bonne école devient tributaire de ce qui est devenu à la mode beaucoup plus que de ce qui est convenant.

 Revenons à ce qui a enflammé de partout ce débat. Nous n’allons pas revenir sur les mérites incontestables et incontournables de l’école de Bourguiba. Nous n’allons pas revenir sur les qualités de l’école publique et sur sa gratuité. Mais, nous allons revenir sur la Révolution des Jasmins. L’élément déclencheur de cette querelle, car, depuis, tout a changé, notamment l’éducation. En effet, au lendemain de la révolution, les émeutes, les sit-in, les grèves, etc., ont laissé derrière eux une éducation qui trébuche. Les écoles ont souffert de cette hémorragie qui a touché de partout tout le pays. Fermeture des écoles, grèves des enseignants, affolement et crainte des parents qui ont gardé chez eux leurs enfants, le tout a engendré une école souffreteuse.

Le remède rapide, magique et miraculeux était de recourir à l’école privée, qui devient de plus en plus à la mode depuis peu. Cette école était l’apanage d’une minorité de gens fortunés. Les frais, fort exorbitants, ne pouvaient sortir de la bourse d’un employé de l’état quel qu’il soit. Mais, désormais, tout a changé. L’école privée vient à la rescousse des parents désespérés. De force ou de gré, ils arrivent à payer les frais de manière mensuelle, trimestrielle, semestrielle et même annuelle. Mais pourquoi ?

D’abord, le privé devient une obsession. Ecole privée devient synonyme de performance, de qualité, (la bonne qualité), et de mode. N’oublions surtout pas que nous vivons dans une société qui se plaît en s’exhibant publiquement. Dire que nos enfants fréquentent une école privée nous inscrit, d’ores et déjà, dans une catégorie sociale favorisée. Ensuite, l’école privée paraît plus performante par ses services particuliers et indénombrables (clubs prestigieux, cantines avec une alimentation biologique et équilibrée, gardes avant et après les cours, voyages scolaires éducatifs VSE, etc.), par ses programmes denses (en privilégiant la formation trilingue), et par son confort matériel (bâtiment, salles aérées, climatisées et chauffées, salles de sport bien équipées, salles de repos, etc.) Le tout laisse croire que les parents, au moyen de l’argent, peuvent garantir une excellente formation. Par la suite, ils peuvent offrir à leurs enfants une meilleure chance et finir par leur acquérir une bonne éducation. Le tout est couronné au terme par de bons résultats. Il y a de ça, avouons-le !

En contrepartie, l’écart se creuse en une énorme brèche entre l’école publique et l’école privée. Le public acquiert un nouveau statut, celui du populaire. Le populaire qui convient aux goûts, et aussi et surtout, aux moyens du peuple. Seuls les gens socialement défavorisés peuvent inscrire, de gré et de force, leurs enfants. Les autres, plus aisés, le font par principe et/ou par choix.

L’école publique est l’école qui ouvre ses portes grandes ouvertes à tous ceux qui la désirent, sans test (le plus souvent formel dans les écoles privées). Elle accueille les bons éléments, les socialement favorisés et, aussi et surtout, défavorisés, les élèves en difficulté d’apprentissage et ceux aussi en difficulté d’adaptation. Les enseignants, et là nous touchons au point culminant, sont diplômés sortant des grandes écoles. Ainsi, ils se sont présentés devant des jurys de haute qualité scientifique et ils ont suivi des formations pédagogiques de grand mérite. Et donc là, pédagogiquement et scientifiquement, nous ne saurions douter de leurs compétences. Toutefois, le savoir et le savoir-faire seuls ne sauraient épargner à l’école cette concurrence, à première vue, disproportionnée avec l’école privée. La réalité est bien dure et rude. Les petits moyens du public ont proposé des écoles à première vue rudimentaires avec des tables incommodes, des tableaux sombres et gênants, des salles sobres et démunis, des cours impraticables et inaccessibles, etc. Ce qui ne convient pas aux espérances chimériques des parents.

Qui l’emporte dans cette querelle qui semble n’avoir ni queue ni tête, ni début ni fin ? Aucune ne l’emporte. Car ce qui semble convenir aux uns ne l’est pas forcément pour les autres. Ainsi, les parents se disputent les besoins de leurs enfants. Ils courent derrière les apparences parfois fallacieuses et, au terme, semblent indécis. Ils pourraient même regretter leur choix au lendemain du premier jour de la rentrée. Souvent susceptibles, ils changent d’opinion à la première mésaventure. Ainsi, il semble que le choix d’une école est tributaire d’une situation et de certaines circonstances. Alors, que les parents optent pour une école ou pour une autre, l’essentiel est qu’ils adviennent à répondre à leurs besoins. Plus encore, l’essentiel est qu’ils adviennent à répondre aux besoins de leurs enfants, la clef de voûte autour de laquelle gravite toute cette querelle. Modernes, certes, les mentalités changent et évoluent en fonction de ce qu’impose la réalité, mais sommes-nous capables de répondre aux besoins de nos enfants ? Sommes-nous capables de laisser nos enfants choisir leur école, celle qu’ils fréquenteront durant toute une année, ou encore durant des années ? Sommes-nous capables d’écouter la petite voix de ceux pour qui nous nous battons jour et nuit ? Sommes-nous capables de les laisser décider à notre place ? Certes que non ! Nous prenons le devant de tout et nous attendons en retour qu’ils exaucent tous nos rêves et qu’ils réussissent un parcours avec des conditions que nous-mêmes avons imposées !

Bonne rentrée à tous !

 

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