Dr. Arslan Chikhaoui, expert en géopolitique « L’extermination humaine est l’arme sournoise des dirigeants israéliens »

Dr Chikhaoui, également membre du groupe de travail ‘Track 2′ du système des Nations Unies (UNSCR-1540) décrypte, dans cette interview, les enjeux de l’agression intensive des forces de l’occupant sioniste contre la Bande de Gaza. Il explique que les visées réelles, sont le dépeuplement de l’enclave palestinienne. Il estimé qu’un cessez-le-feu n’est pas envisageable à courte échéance.

 

  Les forces de l’armée israélienne continuent d’intensifier les frappes aériennes contre la Bande de Gaza sans vraiment parvenir à faire une réelle incursion terrestre. Peut-on parler d’échec après plus d’un mois d’agression contre l’enclave palestinienne ?

Sur le plan de l’analyse, nous pouvons dire que les forces militaires israéliennes sont confrontées à une forte résistance de la part des palestiniens. Aussi bien l’Etat-major Militaire que l’Etat-major A humaine et d’inclusion territoriale.

C’est une guerre hybride, asymétrique et globalement non conventionnelle. C’est pour cela que le narratif utilisé par les dirigeants de l’entité sioniste est : « une guerre longue menée contre le terrorisme ».

L’épouvantail de la menace terroriste a été brandi dès le début, en faisant un parallèle avec l’attaque des Twin-Towers de New York, le 11 septembre 2001, pour justifier, aux yeux de l’opinion israélienne et internationale, cette stratégie combinée de combat.

La tactique par strate est utilisée dans cette guerre différente de toutes les précédentes et qui combine les champs physiques, cybernétiques, médiatiques et psychologiques.

Les horreurs commises, ces dernières semaines, à Ghaza notamment la mort de milliers d’enfants, sous les bombardements ont mobilisé l’opinion internationale contre Israël et ses alliés, malgré la propagande des médias occidentaux. Comment décryptez-vous la situation ?

Pour une grande partie, les occidentaux alliés d’Israël sont dans une logique de gestion des opinions publiques de crainte des effets électoraux.

Comme la politique est le driver, les élites dirigeantes sont dans ce que les spécialistes dénomment « la logique du tango argentin », qui signifie un pas à gauche, un pas à droite.  En réalité les échéances électorales sont leurs préoccupations majeures.

Toutefois il demeure que la cause palestinienne ré-émerge sur la scène internationale alors qu’elle a été quelque peu délaissée ces dernières années. Il reste que les opinions nationales du Sud Global n’ont pas cessé d’en être mobilisées.

Pensez-vous que le cessez-le-feu est imminent ?

Il va s’en dire qu’un cessez-le-feu est une action qui relève de compromis entre les parties au conflit. Au plan de l’analyse et au regard des déclarations des dirigeants politiques et militaires israéliens, il me semble qu’un cessez-le-feu n’est pas imminent.

Dans ce conflit de forte intensité, l’exclusion et l’extermination humaine est l’arme sournoise, utilisée par les dirigeants israéliens. Elle consiste à s’appuyer sur la doctrine du malthusianisme qui est une doctrine politique prônant la restriction démographique.

Cette doctrine est hostile à l’accroissement de la population d’un territoire ou d’un État et préconise la restriction sous quelque forme que ce soit devant la vie et le développement. Par conséquent, la population devient une cible de crises d’intensité variable.

La guerre menée par l’entité sioniste, au-delà de l’élimination des populations, consiste également à les déplacer et à les exclure. Cette exclusion passe par la pauvreté, la famine et le Handicap de guerre.

Comment entrevoyez-vous l’issue de la situation actuelle dans les territoires palestiniens occupés ? Un remake du processus de paix engagé en 1993 est-il envisageable ?

Les dirigeants militaires et politiques de l’entité sioniste sont dans une logique de guerre et de sécurité et non dans une logique de Paix. Sur le plan de l’analyse, la réconciliation intra-palestinienne inclusive dérange. Elle a brouillé les calculs.   Par conséquent, la stratégie de l’exclusion et du containment politique est l’objectif visé et donc dévitalise tout projet de processus de paix et de résolution de conflits.

L’ONU a échoué, encore une fois à Gaza, dans ses missions fondamentales, soit préservation de la paix, protection des populations civiles dans les conflits armés et fournitures des aides humanitaires. Quelle crédibilité reste-t-il à l’organisation, 78 ans après sa création sur un échec de la Société des Nations à empêcher la deuxième guerre mondiale ?

Je résume cette situation par une inadaptation de l’ONU à la mue géopolitique à laquelle nous assistons à l’échelle planétaire. Par conséquent, une réforme structurelle et institutionnelle est nécessaire ce qui est d’ailleurs souhaitée et demandé par beaucoup de pays notamment du Sud Global.

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