Conjoncture- Remaniement ministériel Pourquoi et pour quoi faire ??

Hassine BOUAZRA

Depuis que le remaniement ministériel a commencé à pointer du nez, les spéculations sur les noms des partants et des restants, n’ont pas cessé d’alimenter les débats publics. Tout le monde s’intéresse à la chose publique. Chacun à sa manière.

Nous vivons dans un contexte national et international bien particulier. Avant d’avancer des noms, il faudra s’entendre sur la mission du 2ème gouvernement Essid. Ainsi, les profils adéquats seront bien arrêtés et ce n’est qu’à la dernière étape, qu’on placera des noms dans les postes disponibles. Le chef du gouvernement sait très bien ce qu’il peut attendre de chaque membre de sa prochaine équipe rentrante. Il est l’architecte de la stratégie à adopter et connaît bien les objectifs à atteindre et les moyens qu’il doit consacrer pour leur réalisation.

Commençons par la 1ère étape. Le pays vit sous le rythme des contradictions à gérer entre revendications à profusion et moyens limités. Pour briser ce cercle vicieux, il faudra ouvrir de nouveaux horizons, susciter de nouveaux espoirs et rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés. Le gouvernement, en dépit de certains retards, plus ou moins compréhensibles, a fini par satisfaire les revendications des enseignants du primaire. Il faudra réussir à rétablir le dialogue avec les enseignants du Supérieurs et avec le personnel de santé, toutes catégories confondues. En attendant la signature de l’accord entre l’Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT) et la Centrale patronale (UTICA), un répit en termes de grèves est attendu. Une nouvelle étape dans le dialogue social devra s’ouvrir. Et l’actuel ministre des Affaires Sociales est bien placé pour mener à bon port cette affaire de dialogue global. Il n’est pas normal de traîner davantage la mise en exécution, la loi étant promulguée depuis longtemps. Sans une paix sociale durable, au moins sur 3 à 5 ans, l’économie tunisienne ne fera que sombrer dans un marasme qu’elle n’a jamais connu depuis 1957. Le drame est que les partenaires sociaux ne montrent aucune prédisposition au compromis et font traîner en longueur des négociations salariales qui auraient pu s’achever en quelques jours, avec des données précises sur les indicateurs économiques et sociaux du pays.

Stabiliser et rétablir la confiance

La première tâche du prochain gouvernement est certainement, la stabilisation du pays et la victoire dans la guerre contre le terrorisme. Toutefois, tous les connaisseurs savent que la création d’emplois, donc de la relance de l’investissement, par l’amélioration du climat des affaires est celui qui garantira une victoire durable contre le terrorisme et ses sbires. Le prochain gouvernement Essid devra jouer le rôle de locomotive dans ce grand chantier du rétablissement de la Confiance, sans laquelle rien ne se fera. Une confiance en toute conscience de toutes les parties (partis politiques, administration, partenaires sociaux, société civile…). Nous devons apprendre et accepter que les contradictions coexistent en paix. Il n’y a aucune vie pour un pays si ses forces contradictoires n’arrêtent pas de s’exclure et n’apprennent pas à s’enrichir mutuellement.

Un Etat de Droit

Pour intégrer le champ de la confiance, l’Etat avec toutes ses structures, devra commencer par appliquer de façon consciente, réelle et énergique (sans concession) les lois en vigueur. Parler de « tafiil » les lois, est une reconnaissance d’échec et d’incapacité à appliquer les lois existantes. D’ailleurs, le vocable « tafiil », n’a pas d’équivalent dans la langue de Molière. L’administration tunisienne doit fonctionner, à l’heure des Ntics, comme si elle était un grand ordinateur qui n’écoute pas, ne voit pas… Plus question de népotisme !! Par ailleurs, les textes de lois non conformes à la nouvelle Constitution doivent être amendés, le plus vite possible. Un programme détaillé devra être établi pour l’année 2016.

La formation qu’il faut pour le métier qu’il faut

Le deuxième grand chantier qui n’attend plus et devra être entamé l’année 2016 est celui de l’adéquation entre la Formation et l’emploiau sens large du terme du primaire au supérieur en passant par les métiers ( par abus dénommée formation professionnelle)… Tous les diplômes ont un contenu et une finalité professionnelle, sauf peut être la philosophie. Le prochain gouvernement Essid pourrait constituer une équipe technique formée de chercheurs, de spécialistes dans différents domaines en leur offrant un statut administratif permanent tout en en formant une équipe où les membres y sont changeant et à durée déterminée. L’objectif à assigner à ce groupe est d’établir un calendrier précis reliant chaque métier au compte-tenu de la formation nécessaire et au nombre de formateurs nécessaires, tout en établissant un échéancier pour leur formation.

La matrice est la suivante : Métier/Formation/Nombre à former/ Calendrier de formation.

La guerre ne fait que commencer

Le calendrier établi devra être actualisé, annuellement et servira de base pour la création d’emplois, surtout dans les métiers nouveaux et innovateurs. Ainsi, la programmation de la formation nécessaire se fera à l’avance, tout en continuant à programmer la création de nouveaux métiers…et surtout la création de nouvelles entreprises…

D’autres objectifs sont certainement dans le programme du prochain Gouvernement. Le découpage des portefeuilles et le prochain organigramme, nous renseigneront sur la qualité des hommes à placer. Il ne faut surtout pas commencer par la fin comme ne cessent de le faire certains. Le pays, après cinq ans de Révolution, mérite bien un gouvernement de combat et de guerre, contre le terrorisme et ses sources, et la médiocratie ambiante dans nombreux secteurs. Les noms importent peu !

Hassine BOUAZRA

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