Canada, la victoire électorale de l'outsider Justin Trudeau et de son parti de centre-gauche

C’est une victoire éclatante qui donne au Parti libéral la victoire absolue au parlement canadien. C’est aussi la fin du règne de Stephen Harper, inamovible Premier ministre conservateur au pouvoir depuis 10 ans, remplacé par le jeune Justin Trudeau.

Le parti libéral, de tendance centre-gauche, était pourtant jusqu’alors la troisième force au Parlement canadien. Pourtant à l’issue des élections, il ressort comme la première force politique du pays, avec 180 sièges sur les 338 que compte la Chambre des Communes, soit la majorité absolue. La Parti conservateur totalise 99 sièges, devenant la deuxième formation du pays, devant les 44 sièges du NPD social-démocrate.

Signe de l’intérêt pour cette élection, le taux de participation a dépassé légèrement les 68%, contre 61% il y a quatre ans.

A 43 ans, Justin Trudeau devient donc le Premier ministre d’un pays que son père, Pierre Elliott Trudeau, avait déjà gouverné un peu plus de 30 ans auparavant.

Economie et crise internationale au Moyen-Orient, les deux pôles de la campagne

C’est sur le terrain de l’économie que Justin Trudeau a su d’abord offrir un programme rassembleur. Le pays est touché en effet par une récession qui a couru sur les six premiers mois de l’année, notamment en raison de la chute des prix du pétrole. Le nouveau Premier ministre a donc mené sa campagne sur une politique de relance étatique, à coup de programmes publics d’infrastructures. Sa cible, les classes moyennes avec une baisse des impôts et une taxation des plus riches à la clef.

En contraste, le très libéral économique Stephen Harper, avec son programme d’un Etat à minima, n’a pas su jouer cette carte économique. Le désormais ex-Premier ministre avait tenté de capitaliser des voix sur le volet sécuritaire et sociétal, relançant par exemple le débat sur le port du voile musulman dans le pays.

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Autre sujet qui a focalisé la campagne, la situation internationale et l’alignement du pays sur les positions américaines. Si Stephen Harper avait engagé les troupes canadiennes en Afghanistan, en Libye puis en Syrie, le nouveau chef de gouvernement avait pris l’engagement, lors de la campagne, de ne plus participer, au sein de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, aux frappes aériennes contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie

La politique internationale de Stephen Harper avait subi quelques revers soulignés par son adversaire, qu’on lui ait reproché ses positions sceptiques sur le réchauffement climatique ou son encore son soutien indéfectible à Israël qui a fait, selon certains observateurs, échouer la candidature du pays au conseil de sécurité de l’ONU.

Et maintenant?

Justin Trudeau formera prochainement un Conseil des ministres. Il s’est engagé dans son programme à nommer autant de femmes que d’hommes dans son premier cabinet.

Sur la politique internationale, des grands axes ont été esquissé qui marque une inflexion de la position canadienne sur de nombreux sujets. En ce qui concerne le Moyen-Orient, le Canada devrait plutôt, à l’avenir, aider à former les forces locales pour vaincre l’Organisation Etat Islamique (OEI) sur le terrain. Il a également promis d’augmenter l’aide humanitaire.

Quant à la crise migratoire, le parti libéral s’est engagé à accepter immédiatement 25.000 réfugiés en provenance de Syrie et à dépenser 100 millions de dollars canadiens pour aider à leur accueil. Une attitude qui contraste avec l’administration Harper qui s’était vue accusée d’avoir ordonné aux fonctionnaires de l’immigration d’arrêter le traitement des demandes de réfugiés pendant la campagne électorale.

Par ailleurs, en ce qui concerne le TPP, si cet accord de partenariat transpacifique avait été salué par les conservateurs et contestés par le NPD, le parti libéral a estimé qu’il fallait tenir compte de tout ce que cet accord de libre-échange supposait. Une position qui nuance un peu celle de Justin Trudeau qui s’était au départ déclaré favorable à cet accord qui vise à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et Américaine.

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