Abdelaziz Bouteflika, candidat malgré tout

Absent lors du dépôt de son dossier de candidature, Abdelaziz Bouteflika a promis, s’il est élu en avril, de convoquer une présidentielle anticipée pour assurer sa succession.

il l’a fait. Ou plutôt on l’a fait pour lui. Le dossier de ­candidature d’Abdelaziz Bouteflika, toujours hospitalisé à Genève, a été déposé dimanche 3 mars auprès du Conseil constitutionnel par son nouveau directeur de campagne, Abdelghani Zaâlane. Celui-ci avait été nommé la veille en remplacement de l’ancien premier ministre Abdelmalek Sellal, débarqué après les manifestations monstres du 1er mars contre un cinquième mandat du chef de l’Etat sortant.

Une candidature à des élections « doit être déposée par le candidat lui-même », la « loi est claire »

Les candidats avaient jusqu’à minuit ce 3 mars pour se présenter. L’annonce du dépôt aux alentours de 20 heures a clos une journée de tensions et d’incertitudes. Dès la fin de la matinée, des centaines d’étudiants ont manifesté dans la capitale pour s’opposer à sa candidature, tandis que plusieurs heures plus tard, le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelwahab Derbal, rappelait que le dossier de candidature à des élections, notamment présidentielle, « doit être déposé par le candidat lui-même ». La « loi est claire », a-t-il rappelé, ajoutant à la confusion quant à l’issue de la journée.

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Demande de sursis pour le régime
Outre ce dépôt, le chef de l’Etat s’est adressé aux Algériens par le biais d’une lettre – comme de coutume depuis son AVC de 2013 –, lue par son directeur de campagne. Le candidat Bouteflika y explique avoir compris le message des manifestants et demande à entamer un cinquième mandat en s’engageant, s’il est élu, à organiser une « conférence nationale inclusive », qui fixera la date d’une élection présidentielle anticipée.

« Je m’engage à ne pas être candidat à cette élection qui assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence », explique la missive.

La feuille de route proposée est apparue comme une demande de sortie honorable pour sa personne et un sursis pour le régime. Le décalage avec les attentes exprimées par les manifestants – en particulier le refus total d’un autre mandat pour un homme gravement malade – s’est immédiatement exprimé sur les réseaux sociaux par un déferlement de commentaires rageurs appelant à boycotter l’élection et même à entrer en « désobéissance civile ».

Des étudiants manifestent contre la cinquième candiature d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle, à l’université d’Alger, dimanche 3 mars 2019.
Des étudiants manifestent contre la cinquième candiature d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle, à l’université d’Alger, dimanche 3 mars 2019. ZOHRA BENSEMRA / REUTERS
Dans la soirée, des jeunes se sont rassemblés dans de nombreuses villes du pays, notamment à Alger. La crainte d’assister à des débordements violents et à des manipulations permettant au pouvoir de reprendre les choses en main reste vive.

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