Un Appel depuis la Palestine aux Peuples et États du Monde

Depuis de nombreuses années, Israël demeure une puissance occupante, occupant le territoire d’un autre État et contrôlant son peuple. C’est un État colonial qui cautionne le colonialisme des colons, y compris en confisquant des terres, en y transférant sa population dans les territoires qu’il occupe et en y adoptant un système de vie séparée. C’est un État qui commet de graves violations du droit international, notamment du droit international humanitaire et des droits de l’homme. C’est un État qui nie au peuple palestinien son droit à l’autodétermination et à l’indépendance nationale et qui nie les droits des réfugiés palestiniens, y compris leur droit au retour, à la propriété et à la compensation. C’est un État qui a ignoré la volonté internationale et a rejeté toutes les résolutions et conventions pertinentes des Nations Unies.

Récemment, la situation s’est considérablement aggravée. Nous avons assisté à un glissement israélien croissant vers l’extrémisme, le fondamentalisme et même le fascisme. Nous avons également assisté à un renversement complet des accords conclus et à des tentatives de faire passer le colonialisme à un niveau supérieur. Les responsables israéliens ont exprimé publiquement des positions qui rejettent l’existence et les droits nationaux du peuple Palestinien et confirment le désir de s’emparer de l’ensemble du territoire palestinien.

De même, la « Vision pour la paix, la prospérité et un avenir meilleur pour Israël et le peuple palestinien » récemment présentée par Trump n’est en fait pas un plan de paix, mais plutôt une adoption des idéologies scandaleuses qui font avancer le Grand Israël, nient l’existence nationale palestinienne et tentent de trouver des solutions possibles pour les « habitants palestiniens » dans une entité déconnectée qu’ils peuvent appeler un État, s’ils remplissent de nombreuses conditions supplémentaires et impossibles. Le plan ouvre la voie à l’annexion par Israël de vastes étendues de la Cisjordanie, y compris les zones de colonies illégales, la vallée du Jourdain et le nord de la Mer Morte, ainsi que les zones situées à l’ouest du Mur, dont la Cour Internationale de Justice a affirmé l’illégalité et la nécessité de le démanteler et de réparer les dommages causés par sa construction en 2004.

Le Premier ministre israélien a maintenant et à maintes reprises déclaré son intention d’annexer ces zones, une position qui a été expressément énoncée dans l’accord de partenariat de l’actuel gouvernement israélien – qui en fait une partie de la politique officielle du gouvernement – ainsi que l’annexion de Jérusalem-Est occupée, que la communauté internationale a rejetée et considérée à l’unanimité comme nulle et non avenue. De telles politiques et procédures israéliennes constituent une grave violation des principes et des dispositions pertinentes du droit international – voire annulent le droit international et

le comportement des États, sur lesquels se fonde le système international dans son ensemble – éteignent la possibilité d’un règlement négocié entre les deux parties, et provoquent donc inévitablement une longue confrontation aux résultats catastrophiques. Il est du devoir de la communauté internationale, avec ses États, ses peuples et ses organisations de la société civile, de faire face à cette situation, de l’empêcher et, si elle se produit, de prendre des mesures punitives et dissuasives. La réticence à affronter sérieusement tout cela serait une abrogation honteuse et aurait des répercussions dans la région ainsi que dans le système international. L’inaction serait une trahison des valeurs et des principes, un recul par rapport au règlement négocié et l’établissement d’une paix dans la région fondée sur la partition en deux États. En relation avec les dits précédents, nous, dirigeants palestiniens de tous horizons, y compris les universitaires, les anciens fonctionnaires et la société civile, appelons la communauté internationale à prendre les positions et les mesures nécessaires pour faire face à cette injustice et y mettre fin, afin de préserver l’objectif d’établir la paix et un avenir sûr et viable pour les peuples de la région, y compris les peuples palestinien et israélien, chacun dans son État indépendant. Nous demandons expressément que des mesures immédiates soient prises pour affirmer :

1. Par divers moyens, la position contre toute annexion par Israël du territoire palestinien occupé comme une grave violation des principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

2. La nécessité pour tous les États du monde de se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations unies, notamment la résolution 2334 (2016), en particulier de ne reconnaître aucune modification des frontières de 1967. En outre, que tous les États ayant des relations ou des accords de coopération avec Israël s’engagent à respecter le principe de distinction entre Israël et le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et à rejeter toute tentative d’Israël de dénigrer ce principe.

3. La nécessité pour tous les États de prendre des mesures spécifiques contre les colonies, les colons et les produits des colonies, notamment en empêchant ces produits d’entrer sur leurs marchés, en application des obligations contractuelles légales des États (tiers) conformément à la quatrième Convention de Genève de 1949.

4. La nécessité pour les entités politiques et les organisations de la société civile de faire face à la tentative de quelques gouvernements de criminaliser les mesures ci-dessus, car une telle criminalisation constituerait une violation du droit international, ou de criminaliser le soutien au boycott d’Israël sur la base de considérations politiques et morales, car une telle criminalisation constituerait une violation des valeurs démocratiques et des droits

fondamentaux des citoyens des États concernés.

5. La nécessité pour tous les États qui ont des relations ou des accords de coopération avec Israël de prendre des mesures punitives sur la base de ces accords, au cas où Israël prendrait une mesure quelconque pour mettre en oeuvre l’annexion.

6. La nécessité pour les Etats qui n’ont pas encore reconnu, d’étendre la reconnaissance de l’Etat de Palestine, sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, dans le respect du principe de la partition en deux Etats, en reconnaissant l’existence de deux Etats et en soutenant une solution à deux Etats négociée politiquement, une étape qui garantira la mesure précédente.

7. Soutenir les mesures prises par l’État de Palestine et d’autres pays devant la Cour Pénale Internationale et les tribunaux nationaux du monde entier qui permettent de telles contestations judiciaires, contre les responsables israéliens de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, y compris l’annexion. 8. Soutenir les efforts palestiniens, arabes et internationaux au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, de l’Assemblée Générale et d’autres institutions internationales contre toute démarche israélienne vers l’annexion, au cas où une telle démarche serait entreprise. En outre, condamner et déclarer cette démarche illégale, nulle et non avenue, appeler tous les États du monde à renoncer et à refuser la reconnaissance, et à considérer Israël comme un État hors-la-loi.

9. Réaffirmer l’opposition à la soi-disante « Trump Vision » et rejeter toutes les positions des extrémistes de droite et des colons en Israël et des extrémistes religieux aux États-Unis qui visent tous à réaliser le Grand Israël, à nier les droits nationaux et même l’existence nationale du peuple palestinien.

10. Soutenir le peuple palestinien, l’Organisation de libération de la Palestine et l’Autorité Palestinienne dans leur lutte continue pour faire face à l’annexion contre la vision de Trump et atteindre leurs objectifs nationaux, la liberté et l’indépendance.

Nous, les soussignés, bien conscients des grandes responsabilités qui nous incombent à nous et au peuple palestinien pour renforcer nos capacités, en premier lieu l’unité du peuple palestinien et de ses institutions face à ce qui a été dit précédemment, adressons par la présente cet appel à toutes les composantes de la communauté internationale pour qu’elles assument leurs responsabilités et prennent les positions et les mesures nécessaires en ce moment historique.

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