Sommet arabe d’alger -sécurité collective : Plaidoyer pour la révision du concept

Le concept de la sécurité dans le monde arabe s’est toujours développé selon un processus spécifique qui illustre la contradiction qui existe dans les relations interarabes et le rapport de chaque pays avec son espace géopolitique.

Nous ne pouvons pas, toutefois, ignorer que les Etats arabes qui font partie d’une même entité ont tout à gagner en favorisant la notion de la sécurité collective dans le domaine, notamment dans la lutte contre le terrorisme et toutes les formes du crime organisé. L’ancien officier de l’ANP et spécialiste des affaires sécuritaires, Benomar Bendjana, estime, à ce propos, que «le Sommet arabe est une occasion inédite pour les dirigeants arabes de converger leurs analyses sur les changements qui s’opèrent au niveau international afin de sortir avec des décisions communes». D’autant plus, dit-il, que «le monde arabe demeure très affecté par les controverses sécuritaires qu’il serait plus intéressant de rapprocher les points de vue et d’instaurer une concertation continue sur cette question». Selon l’expert, «certains Etats ont manifesté leur intention de changer d’attitude et de penser concrètement aux intérêts du monde arabe, loin des positions de certaines puissances occidentales». La sécurité de l’espace arabe est, ajoute-t-il, «un sujet qui peut avoir de très lourdes conséquences sur l’avenir de la région». Il affirme, toutefois, que «cette dernière en tant que cadre géopolitique, formé par des entités, ne peut pas constituer pour l’heure une force de défense commune». Dans le détail, il explique que «le monde assiste actuellement à un affrontement entre deux grandes puissances, à savoir le groupe du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) avec l’Organisation de coopération de Shanghai d’un côté, et l’Otan, de l’autre côté. Ce sont les deux blocs qui commencent à se manifester et qui devront probablement briser l’unipolarité des trente dernières années et imposer un certain équilibre». «Les pays arabes et les Etats non alignés n’auront, ainsi, plus le choix que de basculer vers l’un ou l’autre bloc», assure l’ex-officier qui rappelle que «selon la charte de la Ligue arabe, les pays membres peuvent constituer une force miliaire pour faire face aux menaces extérieures». Cette disposition n’a, selon lui,  «jamais été prise en considération en raison des divergences entre les pays membres». Le Dr Arslan Chikhaoui, expert en géopolitique et membre du Conseil consultatif d’experts du World Economic Forum, estime, pour sa part, qu’«aujourd’hui, le préalable est d’arriver à une concorde arabe qui est l’objectif essentiel de ce sommet». Il s’agit, souligne l’expert, de «la condition sine qua non pour pouvoir évoluer dans un contexte de sérénité et permettre au monde arabe d’affronter les défis du nouvel ordre mondial qui s’achemine vers une multipolarité et une redéfinition des alliances, ainsi que des rôles de chaque pays dans son espace immédiat». Le traitement de la politique sécuritaire commune est à même de «conduire vers une stabilité qui pourra permettre aux pays arabes d’avancer», ajoute-t-il. Selon le Dr Arslan Chikhaoui, il est néanmoins trop tôt de parler de politique de défense commune compte tenu de la situation actuelle du monde arabe qui a besoin d’abord de se retrouver dans un climat de fraternité avant de procéder à une réforme structurelle de la Ligue arabe pour qu’elle puisse s’adapter au nouveau contexte géopolitique. «Les interventions lors de ce Sommet seront sans doute très franches lorsqu’il s’agit de débattre des questions qui minent le monde arabe de manière directe ou indirecte, dont les conflits de faible, moyenne ou forte intensité», fait-il remarquer. Pour lui, il ya des défis majeurs à affronter en perspective à court et à très court terme, liés à la redéfinition du contexte géopolitique mondial. «C’est pourquoi les dirigeants arabes n’ont plus aujourd’hui le choix que de s’aligner sur une seule position», note-t-il. Parmi ces défis, il cite «la démilitarisation de certaines zones de conflit dans le monde arabe, la prise de mesures concrètes pour la non-prolifération de tous types d’armes de destruction massive qu’elle soit nucléaire, biologique, chimique ou radiologique».

Assia Boucetta   

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