Entretien avec Daniel Rubinstein, ambassadeur des états-Unis d’Amérique en Tunisie: «Il est important de poursuivre notre soutien à la Tunisie»

Le 20 janvier 2017, Donald Trump sera officiellement investi président des Etats-Unis. Daniel Rubinstein ne sera peut-être alors plus ambassadeur US en Tunisie. Une chose est sûre cependant : pour les Etats-Unis d’Amérique, le soutien à la Tunisie demeurera de la toute première importance. «L’ami américain sera toujours là», semblait en substance dire l’actuel ambassadeur qui n’a, à cet égard, pas manqué de réaffirmer les constantes de la politique étrangère américaine et les grands axes de la coopération avec la Tunisie : économie, sécurité et gouvernance. Fait significatif et remarquable, c’est d’ailleurs par l’économie que Daniel Rubinstein a, en guise de prélude, choisi de commencer cet entretien relevant d’emblée la «réussite de Tunisia 2020, qui est venu signer le retour de la Tunisie sur la scène économique internationale». «Il est important de poursuivre le soutien à la transition démocratique en Tunisie», affirme-t-il. Entretien
Nombre d’observateurs ont relevé que la participation américaine à la conférence internationale sur l’investissement «Tunisia 2020» a été timide. Qu’en pensez-vous ?
Nous avons à cette occasion eu l’honneur d’accueillir à Tunis une importante et appropriée délégation américaine présidée par le Secrétaire adjoint au Département du Commerce des Etats-Unis, Arun Kumar, qui est aussi Directeur général du Corps commercial extérieur des Etats-Unis. Il est, à ce titre, le responsable de la sélection et de la planification des programmes les mieux adaptés au développement des relations commerciales extérieures des Etats-Unis. La délégation américaine comptait également le premier vice-président d’Exportimport Bank, institution gouvernementale clé dans les relations commerciales américaines. Plus important peut-être encore : la participation du secteur privé américain, de divers secteurs d’activité et de diverses tailles, des plus grandes entreprises telles que General Electric et Microsoft aux petites et moyennes entreprises et qui, toutes, représentent une part importante et dynamique dans la prospection de nouvelles opportunités d’investissement et de nouvelles relations commerciales. D’importants accords ont d’ailleurs été signés, aussi bien au cours de la tenue de la conférence sur l’investissement que les jours suivants. Il en est ainsi et à titre indicatif de l’accord signé entre le gouvernement tunisien et Microsoft, de celui signé entre General Electric et Healthcare. Nous pensons que la participation américaine gouvernementale et du secteur privé, à Tunisia 2020, a été à la fois appropriée et agissante. Dans les conditions actuelles, la polarisation des investissements privés est bien plus importante que la participation des Etats…
Peut-on s’attendre à l’arrivée très prochainement en Tunisie d’ un plus grand nombre d’investisseurs américains ?
Il revient, en fin de compte, aux investisseurs et aux entreprises américaines grandes, moyennes et petites d’en décider. Cependant, l’on peut s’attendre à un regain d’intérêt dans les prochains mois pour le site tunisien d’investissement après l’impact positif suscité par la conférence Tunisia 2020.
Et dans le domaine de la franchise, y a-t-il du nouveau ?
Absolument. Le secteur de la franchise est dynamique et prometteur. La 6e édition du Salon annuel Medfranchise qui se tient actuellement à Tunis connaît une progression significative de la participation des entreprises américaines. Pour les prochains mois, nous prévoyons une plus grande avancée dans ce domaine. Le secteur privé américain s’est, en effet, montré très optimiste quant au développement des activités de franchise en Tunisie. Le développement d’un tel secteur a non seulement le mérite de créer de nouveaux emplois mais aussi celui de tirer vers le haut l’économie tunisienne et le produit tunisien ne serait-ce qu’en termes d’amélioration et de respect des normes et des techniques de production.
Qu’en est-il de la levée des restrictions à l’entrée du produit textile tunisien sur le marché américain ?
Il y a bien sûr l’Accord-cadre sur le commerce et l’investissement (Tifa). La facilitation de l’entrée des produits tunisiens tous secteurs confondus sur le marché américain fait l’objet d’un suivi minutieux de la part de la commission économique mixte tuniso-américaine instituée pour la première fois en mai dernier.
En plus clair et concrètement…
Nous comprenons bien sûr l’importance de ce secteur pour la Tunisie. Nous souhaitons que tous les secteurs tunisiens puissent bénéficier d’un accès plus facile au marché américain, et ce, dans le sillage de l’ouverture économique de la Tunisie.
Certains exportateurs tunisiens considèrent que le Tifa est en soi un obstacle…
Il y a peut-être une compréhension quelque peu faussée du Tifa. Une part importante de nos programmes de soutien à la compétitivité des entreprises tunisiennes (qualité et conformité des produits aux normes internationales) concerne en l’occurrence le secteur du textile.
A l’instar du programme d’échange «Bourses Thomas Jefferson», quels nouveaux programmes américains seront-ils dédiés aux jeunes étudiants et chercheurs tunisiens et quelles sont les perspectives de jumelage entre universités tunisiennes et américaines ?
Ces programmes se distinguent par leur grande diversité, puisqu’il s’agit à la fois de programmes de bourses d’études et d’échanges culturels. Au cours des derniers mois, nous avons relevé un progrès tangible en termes de renforcement des relations entre les universités américaines et la Tunisie à l’instar du nouveau partenariat avec Columbia University. Du point de vue de l’administration américaine, les jeunes sont considérés comme étant une source d’espoir. Nous veillons à cet égard à faire participer les jeunes à tous les programmes américano-tunisiens, et ce, non seulement dans la nouvelle économie et le leadership des affaires.
L’assistance et l’aide américaines en termes d’équipements militaires, de formation, de logistique et de renseignements dans les domaines de la sécurité et de la défense ont été d’un apport appréciable pour la Tunisie. Quels sont, à cet égard, les renforcements supplémentaires attendus ?
Nous sommes fiers du réel et fort partenariat qui existe entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique dans divers domaines, sécuritaire et militaire, économique et d’enracinement de la démocratie. Nous sommes entièrement prêts et disposés à poursuivre notre soutien. Nous prévoyons l’arrivée, à partir de ce mois et au cours des prochains mois, d’importants équipements militaires et de sécurité tels que des hélicoptères de différents types. Il est également prévu de réaliser au cours des prochains mois un progrès important et tangible dans la mise en place d’un système évolué pour la sécurité aux frontières entre la Tunisie et la Libye.
Peut-on avoir un peu plus de détails ?
Sans entrer bien sûr dans les détails opérationnels, je voudrais vous dire que nous sommes conscients de l’importance qu’il y a à consolider et à renforcer ces frontières tout particulièrement. La matérialisation de ce programme sur le terrain est actuellement en marche et se poursuivra au cours des quelques prochains mois.
Peut-on penser qu’au regard de l’évolution aujourd’hui de la situation en Libye, le soutien militaire américain à la Tunisie ira crescendo ?
Nous sommes conscients de l’importance de la rapidité d’exécution de ces programmes et cherchons chaque fois le moyen d’en accélérer la cadence d’exécution qu’il s’agisse du reste des programmes de sécurité aux frontières ou d’autres programmes.
La promptitude américaine qu’on observe dès qu’il s’agit de coopération militaire avec la Tunisie s’estompe quelque peu dès lors qu’il s’agit de soutien à l’économie tunisienne…
S’agissant de programmes sécuritaire et militaire, il est important d’accélérer la signature des conventions de coopération et l’acheminent des équipements… Pour ce qui est de la coopération économique, les choses sont différentes. Elles sont largement tributaires du niveau et de la cadence avec lesquels les réformes se font et sont entreprises. Des réformes structurelles dans lesquelles les parties étrangères ne peuvent tout naturellement pas s’immiscer ou intervenir. Elles font partie intégrante de la politique générale du pays. Je peux vous dire que, pour nos programmes de soutien à la Tunisie, nous veillons dans la mesure du possible à accélérer l’exécution des programmes d’aides directes aux entreprises privées tunisiennes et à leur compétitivité.
Nous sommes à la veille d’une nouvelle année. Quelles sont vos prévisions pour certains pays de la région, l’Algérie, la Libye…?
En ma qualité d’ambassadeur américain auprès de la République tunisienne, je focalise bien entendu les relations tuniso-américaines. Je laisse les prophéties aux analystes et aux historiens. Nous comprenons bien sûr l’importance des relations entre voisins dans cette région et sommes conscients que la relation entre la Tunisie et l’Algérie est excellente dans plusieurs domaines, y compris le domaine économique et le domaine sécuritaire. Ceci est important et positif, une telle relation est une bonne chose pour les deux pays et pour la sécurité et la stabilité de la région. Pour nous, il n’y a aucun désir de voir une quelconque faille dans les relations excellentes tuniso-algériennes. Pour ce qui est de la Libye, nous comprenons l’importance de l’amélioration de la situation sécuritaire dans ce pays dont les incidences sur la Tunisie et sur la région sont grandes.
La diplomatie du candidat Trump était marquée par l’isolationnisme, après le 9 novembre, l’on a perçu une certaine volonté de l’Union européenne à réinvestir la région. Son engagement dans «Tunisia 2020» a d’ailleurs été remarquable. Qu’en pensez-vous ?
Nous comprenons l’importance que revêt pour l’Union européenne la région de l’Afrique du Nord et la Tunisie. Rien de nouveau à ce propos. Il n’y a aucun rapport entre le paysage politique américain et l’intérêt naturel que manifestent nos amis en Europe pour la Tunisie . Nous veillons bien sûr à coordonner dans la mesure du possible avec nos amis en Tunisie et nos amis en Europe au sujet des voies et des programmes les mieux appropriés en prenant en considération le fait que la fixation et la définition des priorités reviennent aux autorités tunisiennes.
Désirez-vous rester en Tunisie après le 20 janvier ?
Certainement. Mais la mission de tous les ambassadeurs dépend du président et n’est nullement une affaire de désir personnel.
En votre qualité d’ambassadeur en Tunisie, quelles sont les recommandations que vous pourriez formuler à la nouvelle administration américaine au sujet des priorités pour la Tunisie ?
Il y a, aux Etats-Unis, une unanimité au sein des décideurs dans le domaine de la politique étrangère quant à l’importance de la Tunisie et de la réussite de sa transition démocratique et quant à l’importance de la solidité des relations tuniso-américaines qui sont grandement bénéfiques aux deux pays et , d’une manière plus large, à toute la région. Il y a aussi unanimité sur l’importance de poursuivre l’appui à la transition en Tunisie. Ce sont les autorités tunisiennes qui définissent leurs priorités que ce soit dans le domaine économique ou dans le domaine sensible de la sécurité. Je saisis cette occasion pour réaffirmer qu’il n’existe aucune base américaine en Tunisie. Seulement, il arrive parfois que des individus de l’armée américaine se trouvent sur des bases militaires tunisiennes dans le cadre des programmes de coopération tuniso-américains. De même qu’il arrive parfois que des individus de l’armée tunisienne se trouvent sur des bases militaires américaines aux Etats-Unis. Ce qui est tout à fait naturel dans les relations de coopération militaire internationale.
Propos recueillis
Daniel Rubinstein, ambassadeur des états-Unis d’Amérique en Tunisie
«Il est important de poursuivre notre soutien à la Tunisie»
Le 20 janvier 2017, Donald Trump sera officiellement investi président des Etats-Unis. Daniel Rubinstein ne sera peut-être alors plus ambassadeur US en Tunisie. Une chose est sûre cependant : pour les Etats-Unis d’Amérique, le soutien à la Tunisie demeurera de la toute première importance. «L’ami américain sera toujours là», semblait en substance dire l’actuel ambassadeur qui n’a, à cet égard, pas manqué de réaffirmer les constantes de la politique étrangère américaine et les grands axes de la coopération avec la Tunisie : économie, sécurité et gouvernance. Fait significatif et remarquable, c’est d’ailleurs par l’économie que Daniel Rubinstein a, en guise de prélude, choisi de commencer cet entretien relevant d’emblée la «réussite de Tunisia 2020, qui est venu signer le retour de la Tunisie sur la scène économique internationale». «Il est important de poursuivre le soutien à la transition démocratique en Tunisie», affirme-t-il. Entretien
Nombre d’observateurs ont relevé que la participation américaine à la conférence internationale sur l’investissement «Tunisia 2020» a été timide. Qu’en pensez-vous ?
Nous avons à cette occasion eu l’honneur d’accueillir à Tunis une importante et appropriée délégation américaine présidée par le Secrétaire adjoint au Département du Commerce des Etats-Unis, Arun Kumar, qui est aussi Directeur général du Corps commercial extérieur des Etats-Unis. Il est, à ce titre, le responsable de la sélection et de la planification des programmes les mieux adaptés au développement des relations commerciales extérieures des Etats-Unis. La délégation américaine comptait également le premier vice-président d’Exportimport Bank, institution gouvernementale clé dans les relations commerciales américaines. Plus important peut-être encore : la participation du secteur privé américain, de divers secteurs d’activité et de diverses tailles, des plus grandes entreprises telles que General Electric et Microsoft aux petites et moyennes entreprises et qui, toutes, représentent une part importante et dynamique dans la prospection de nouvelles opportunités d’investissement et de nouvelles relations commerciales. D’importants accords ont d’ailleurs été signés, aussi bien au cours de la tenue de la conférence sur l’investissement que les jours suivants. Il en est ainsi et à titre indicatif de l’accord signé entre le gouvernement tunisien et Microsoft, de celui signé entre General Electric et Healthcare. Nous pensons que la participation américaine gouvernementale et du secteur privé, à Tunisia 2020, a été à la fois appropriée et agissante. Dans les conditions actuelles, la polarisation des investissements privés est bien plus importante que la participation des Etats…
Peut-on s’attendre à l’arrivée très prochainement en Tunisie d’ un plus grand nombre d’investisseurs américains ?
Il revient, en fin de compte, aux investisseurs et aux entreprises américaines grandes, moyennes et petites d’en décider. Cependant, l’on peut s’attendre à un regain d’intérêt dans les prochains mois pour le site tunisien d’investissement après l’impact positif suscité par la conférence Tunisia 2020.
Et dans le domaine de la franchise, y a-t-il du nouveau ?
Absolument. Le secteur de la franchise est dynamique et prometteur. La 6e édition du Salon annuel Medfranchise qui se tient actuellement à Tunis connaît une progression significative de la participation des entreprises américaines. Pour les prochains mois, nous prévoyons une plus grande avancée dans ce domaine. Le secteur privé américain s’est, en effet, montré très optimiste quant au développement des activités de franchise en Tunisie. Le développement d’un tel secteur a non seulement le mérite de créer de nouveaux emplois mais aussi celui de tirer vers le haut l’économie tunisienne et le produit tunisien ne serait-ce qu’en termes d’amélioration et de respect des normes et des techniques de production.
Qu’en est-il de la levée des restrictions à l’entrée du produit textile tunisien sur le marché américain ?
Il y a bien sûr l’Accord-cadre sur le commerce et l’investissement (Tifa). La facilitation de l’entrée des produits tunisiens tous secteurs confondus sur le marché américain fait l’objet d’un suivi minutieux de la part de la commission économique mixte tuniso-américaine instituée pour la première fois en mai dernier.
En plus clair et concrètement…
Nous comprenons bien sûr l’importance de ce secteur pour la Tunisie. Nous souhaitons que tous les secteurs tunisiens puissent bénéficier d’un accès plus facile au marché américain, et ce, dans le sillage de l’ouverture économique de la Tunisie.
Certains exportateurs tunisiens considèrent que le Tifa est en soi un obstacle…
Il y a peut-être une compréhension quelque peu faussée du Tifa. Une part importante de nos programmes de soutien à la compétitivité des entreprises tunisiennes (qualité et conformité des produits aux normes internationales) concerne en l’occurrence le secteur du textile.
A l’instar du programme d’échange «Bourses Thomas Jefferson», quels nouveaux programmes américains seront-ils dédiés aux jeunes étudiants et chercheurs tunisiens et quelles sont les perspectives de jumelage entre universités tunisiennes et américaines ?
Ces programmes se distinguent par leur grande diversité, puisqu’il s’agit à la fois de programmes de bourses d’études et d’échanges culturels. Au cours des derniers mois, nous avons relevé un progrès tangible en termes de renforcement des relations entre les universités américaines et la Tunisie à l’instar du nouveau partenariat avec Columbia University. Du point de vue de l’administration américaine, les jeunes sont considérés comme étant une source d’espoir. Nous veillons à cet égard à faire participer les jeunes à tous les programmes américano-tunisiens, et ce, non seulement dans la nouvelle économie et le leadership des affaires.
L’assistance et l’aide américaines en termes d’équipements militaires, de formation, de logistique et de renseignements dans les domaines de la sécurité et de la défense ont été d’un apport appréciable pour la Tunisie. Quels sont, à cet égard, les renforcements supplémentaires attendus ?
Nous sommes fiers du réel et fort partenariat qui existe entre la Tunisie et les Etats-Unis d’Amérique dans divers domaines, sécuritaire et militaire, économique et d’enracinement de la démocratie. Nous sommes entièrement prêts et disposés à poursuivre notre soutien. Nous prévoyons l’arrivée, à partir de ce mois et au cours des prochains mois, d’importants équipements militaires et de sécurité tels que des hélicoptères de différents types. Il est également prévu de réaliser au cours des prochains mois un progrès important et tangible dans la mise en place d’un système évolué pour la sécurité aux frontières entre la Tunisie et la Libye.
Peut-on avoir un peu plus de détails ?
Sans entrer bien sûr dans les détails opérationnels, je voudrais vous dire que nous sommes conscients de l’importance qu’il y a à consolider et à renforcer ces frontières tout particulièrement. La matérialisation de ce programme sur le terrain est actuellement en marche et se poursuivra au cours des quelques prochains mois.
Peut-on penser qu’au regard de l’évolution aujourd’hui de la situation en Libye, le soutien militaire américain à la Tunisie ira crescendo ?
Nous sommes conscients de l’importance de la rapidité d’exécution de ces programmes et cherchons chaque fois le moyen d’en accélérer la cadence d’exécution qu’il s’agisse du reste des programmes de sécurité aux frontières ou d’autres programmes.
La promptitude américaine qu’on observe dès qu’il s’agit de coopération militaire avec la Tunisie s’estompe quelque peu dès lors qu’il s’agit de soutien à l’économie tunisienne…
S’agissant de programmes sécuritaire et militaire, il est important d’accélérer la signature des conventions de coopération et l’acheminent des équipements… Pour ce qui est de la coopération économique, les choses sont différentes. Elles sont largement tributaires du niveau et de la cadence avec lesquels les réformes se font et sont entreprises. Des réformes structurelles dans lesquelles les parties étrangères ne peuvent tout naturellement pas s’immiscer ou intervenir. Elles font partie intégrante de la politique générale du pays. Je peux vous dire que, pour nos programmes de soutien à la Tunisie, nous veillons dans la mesure du possible à accélérer l’exécution des programmes d’aides directes aux entreprises privées tunisiennes et à leur compétitivité.
Nous sommes à la veille d’une nouvelle année. Quelles sont vos prévisions pour certains pays de la région, l’Algérie, la Libye…?
En ma qualité d’ambassadeur américain auprès de la République tunisienne, je focalise bien entendu les relations tuniso-américaines. Je laisse les prophéties aux analystes et aux historiens. Nous comprenons bien sûr l’importance des relations entre voisins dans cette région et sommes conscients que la relation entre la Tunisie et l’Algérie est excellente dans plusieurs domaines, y compris le domaine économique et le domaine sécuritaire. Ceci est important et positif, une telle relation est une bonne chose pour les deux pays et pour la sécurité et la stabilité de la région. Pour nous, il n’y a aucun désir de voir une quelconque faille dans les relations excellentes tuniso-algériennes. Pour ce qui est de la Libye, nous comprenons l’importance de l’amélioration de la situation sécuritaire dans ce pays dont les incidences sur la Tunisie et sur la région sont grandes.
La diplomatie du candidat Trump était marquée par l’isolationnisme, après le 9 novembre, l’on a perçu une certaine volonté de l’Union européenne à réinvestir la région. Son engagement dans «Tunisia 2020» a d’ailleurs été remarquable. Qu’en pensez-vous ?
Nous comprenons l’importance que revêt pour l’Union européenne la région de l’Afrique du Nord et la Tunisie. Rien de nouveau à ce propos. Il n’y a aucun rapport entre le paysage politique américain et l’intérêt naturel que manifestent nos amis en Europe pour la Tunisie . Nous veillons bien sûr à coordonner dans la mesure du possible avec nos amis en Tunisie et nos amis en Europe au sujet des voies et des programmes les mieux appropriés en prenant en considération le fait que la fixation et la définition des priorités reviennent aux autorités tunisiennes.
Désirez-vous rester en Tunisie après le 20 janvier ?
Certainement. Mais la mission de tous les ambassadeurs dépend du président et n’est nullement une affaire de désir personnel.
En votre qualité d’ambassadeur en Tunisie, quelles sont les recommandations que vous pourriez formuler à la nouvelle administration américaine au sujet des priorités pour la Tunisie ?
Il y a, aux Etats-Unis, une unanimité au sein des décideurs dans le domaine de la politique étrangère quant à l’importance de la Tunisie et de la réussite de sa transition démocratique et quant à l’importance de la solidité des relations tuniso-américaines qui sont grandement bénéfiques aux deux pays et , d’une manière plus large, à toute la région. Il y a aussi unanimité sur l’importance de poursuivre l’appui à la transition en Tunisie. Ce sont les autorités tunisiennes qui définissent leurs priorités que ce soit dans le domaine économique ou dans le domaine sensible de la sécurité. Je saisis cette occasion pour réaffirmer qu’il n’existe aucune base américaine en Tunisie. Seulement, il arrive parfois que des individus de l’armée américaine se trouvent sur des bases militaires tunisiennes dans le cadre des programmes de coopération tuniso-américains. De même qu’il arrive parfois que des individus de l’armée tunisienne se trouvent sur des bases militaires américaines aux Etats-Unis. Ce qui est tout à fait naturel dans les relations de coopération militaire internationale.

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