Algérie : Unité nationale menacée et fragilité économique *Risques sécuritaires et instabilité prévue .. Par Kamel Ben Younes

Les experts et responsables algériens ne cessent de mettre en valeur depuis des années les risques de déstabilisation du pays, de son unité nationale et de son économie par des acteurs étrangers et locaux .

Les chefs de l’armée et du secteur de la sécurité confirment que le pays et sa population sont de plus en plus menacés.

Ou vas la grande Algérie ?

Les conflits d’intérêts entre les grandes multinationales ainsi que la compétition entre l’OTAN, la Chine et la Russie en Afrique et en Méditerranée compliquent la situation dans les pays arabes en général, en Afrique du Nord en particulier.

Déstabilisation

Certains « grands acteurs » de la politique internationale et méditerranéenne auraient multiplié récemment leurs démarches visant l’unité nationale de l’Algérie et du Maroc ainsi que les « processus politiques » en Libye et en Tunisie.

Depuis une trentaine d’années les tentatives de diviser l’Algérie et le Maroc se multiplient, notamment sous des slogans de « droit de l’homme » et des diversités linguistiques et culturelles entre berbères, arabes et minorités d’origine subsahariennes.

Toutefois la fragilité de l’économie algérienne risque de compliquer l’évolution de la situation sécuritaire et politico sociale.

Cette fragilité tient d’abord à sa dépendance exclusive aux hydrocarbures.

Le gaz et le pétrole représentent 96% des exportations du pays, près de la moitié de son PIB et 60% des recettes budgétaires de l’ État, selon la Banque mondiale.

Ces ressources deviennent un facteur qui déstabilise la sécurité du pays et régime ainsi que la paix socio économique.

Une croissance conjoncturelle

L’ère Bouteflika a coïncidé avec une augmentation continue des prix du pétrole qui a soutenu l’économie. La redistribution des ressources tirées de cette rente pétrolière a permis à l’État algérien de limiter l’ampleur des contestations du printemps arabe de 2010-2011 en achetant la paix sociale à coût de subventions.

Mais la période du baril de pétrole à 120 dollars est révolue depuis le début du contre-choc pétrolier en 2014.

Les recettes pétrolières annuelles ont été ainsi divisées par deux, passant de 60 à 30 milliards de dollars ces dernières années.

Les prix du baril pourraient remonter mais l’Algérie ne serait pas pour autant au bout de ses peines.

En effet, la part réservée aux exportations des hydrocarbures recule car la consommation nationale de gaz et de pétrole flambe.

« Le régime algérien, qui dépend de la rente pétrolière a choisi la fuite en avant. Il faut trouver de nouveaux gisements coûte que coûte. La loi récente sur les hydrocarbures autorise désormais les entreprises étrangères à prospecter », indique le professeur d’économie à l’université Paris Dauphine, El Mouhoub Mouhoud.
Cette fuite en avant se traduit également par la volonté d’exploiter du gaz de schiste dans le sud du pays en dépit de l’opposition des populations locales.

Une industrie en crise

La situation économique du pays est donc d’autant plus difficile qu’aucun autre secteur économique n’est capable pour l’instant de prendre le relais de la rente pétrolière.

Pire, la production industrielle du pays a été divisée par deux depuis 1989 et la production agricole, également ne permet pas l’autosuffisance alimentaire pour l’instant.
Le pays fait appel à l’importation massive des biens d’équipement et des produits alimentaires depuis des décennies.

Et cette politique d’importation est favorisée par les caciques du régime, ruinant de fait tout effort pour faire émerger une production locale.

Chômage de masse et crise sociale

Cette économie au lieu d’être inclusive reste donc « exclusive » selon l’économiste El Mouhoub Mouhoud. Les conséquences sociales sont désastreuses. « Le taux d’activité en Algérie est catastrophique. Aujourd’hui seulement 4O% de la population en âge de travailler occupe un emploi.

Le taux d’activité des femmes reste très bas.

Un peu plus de la moitié des jeunes, à la sortie des études supérieures, ne trouvent pas d’emploi

Pour tenter de conjuguer la crise économique et la crise sociale et en pleine période de contestation politique, le gouvernement a augmenté les dépenses publiques.

La facture est lourde, plus de 70 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale. Et pour tenter d’équilibrer son budget, l’État a fait tourner la planche à billets. L’équivalent de 50 milliards de dollars ont été imprimés.
L’inflation fait son retour. L’augmentation des prix continue sa progression .Les prix des produits de première nécessité ont bondi, fragilisant la situation des plus pauvres et la stabilité sociale.

Une jeunesse sans alternatives

Le pays possède pourtant de nombreux atouts.

« Plus de 42% d’une classe d’âge a suivi des études supérieures. Ce chiffre est comparable à celui de la France. Et ce taux est en progression, puisqu’en 2011, seulement 30% des jeunes Algériens suivaient des études supérieures, même si la qualité de l’enseignement supérieure a décliné », remarque l’économiste algérien El Mouhoub Mouhoud.
C’est cette jeunesse diplômée qui aujourd’hui manifeste contre le régime.

« L’ État algérien était encore un Etat riche en 2014 avec près de 200 milliards de dollars dans ses caisses, mis de coté, ce que l’on appelle les réserves de change. Mais ce pactole a fondu à moins de 60 milliards de dollars aujourd’hui et il est fort probable que d’ici trois à quatre ans, les caisses soient vidées », explique l’économiste Camille Sari.

La croissance économique du pays a été divisée en deux en moins de 5 ans

Les risques sécuritaires se multiplient

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